Au Château d'Oiron, dans le Poitou, l'exposition "Eden Utopie" de l'artiste Gloria Friedmann, porte-voix d'une nature menacée
L'artiste contemporaine allemande présente son sombre éden jusqu'au 2 octobre, au Château d'Oiron. Ses œuvres engagées confrontent l'Homme à son action destructrice avec la nature.
Si l’exposition est baptisée Eden Utopie, c’est pourtant une bien triste réalité dépeinte par l’artiste Gloria Friedmann. Au Château d'Oiron, à travers les vastes salles de la bâtisse, ses sculptures semblent hurler au visiteur de prendre garde à la catastrophe environnementale vers laquelle il se dirige. À l’image de l’œuvre massive Envoyé spécial, où un cerf empaillé à l’œil terne brame sur un monticule de journaux en papier. ”Cet animal, on l’entendra plus, c’est trop tard, car les quotidiens à ses pieds sont peut-être issus de son habitat”, explique Céline Prampart, adjointe d'accueil au Château d'Oiron.
Au fil de sa déambulation, le visiteur observe le résultat de son comportement, une nature blessée qui appelle à l’aide. Derrière les couleurs en apparence chatoyantes des perroquets de la fontaine des Oiseaux de paradis, des corps squelettiques maintiennent avec fragilité les têtes des volatiles. “C’est un cri d’alarme, Gloria Friedmann travaille sur ce sujet depuis les années 80 avec une efficacité assez exceptionnelle dans sa mise en rapport des éléments. Évidemment, aujourd’hui on est dans un discours qui a une résonance politique, ajoute Céline Prampart.
Avenir incertain
Dans la chambre du roi se dévoile une Arche de Noé pour la moins amère. Un groupe d’animaux se masse sous un immense missile métallique pointé vers les cieux. L’observateur ne peut que douter qu’une issue viable soit possible pour la survie de cette faune. Un sentiment exacerbé face aux peintures dessinées à la terre, suspendues sur les murs centenaires. Les esquisses montrent des espèces transformées en ombres lugubres privées de regard. Des fantômes venus rappeler à l’Homme ses actes qui les ont menés à leur perte.
"Eden Utopie" de Gloria Friedmann, jusqu’au 2 octobre 2022 au château de Oiron, Nouvelle-Aquitaine, plein tarif 8 euros.
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