Trois kilomètres de corde, 25 000 mètres de tissu... L’incroyable chantier de l’empaquetage de l’Arc de Triomphe, œuvre posthume de Christo
À Paris dans un peu plus d’un mois, l’Arc de Triomphe aura changé d’apparence. Il sera empaqueté selon le projet imaginé par l’artiste bulgare Christo, décédé en 2020.
Depuis les Champs-Élysées, touristes et Parisiens observent avec curiosité le ballet des grues. Le chantier, qui a débuté en juin en est à mi-parcours. "Des grandes cages protègent le triomphe de Napoléon, le départ des volontaires, explique Bruno Cordeau, administrateur de l'Arc de Triomphe en désignant le monument parisien. La toile, quand elle sera déployée, ne viendra pas frotter dessus tout en reprenant à peu près les formes qu'il représente."
En cette mi-août, les curieux assistent là aux préparatifs de l’œuvre posthume de Christo. L’artiste plasticien bulgare et son épouse Jeanne-Claude avaient pour rêve de recouvrir l'Arc de Triomphe d’un immense tissu de polypropylène argent bleuté maintenu par une corde rouge, et l'emballer comme ils l’avaient fait en 1985 pour le Pont Neuf, à Paris, ou en 1995 pour le Reichstag, à Berlin.
C’est leur équipe qui poursuit ce rêve. Les structures métalliques protègent déjà les parties les plus fragiles de l'Arc de Triomphe pour permettre l'installation du tissu qui va recouvrir la totalité du monument, y compris la terrasse depuis laquelle il sera déroulé pour l’empaquetage.
Cinq terrains de foot de tissu
Une opération qui va nécessiter beaucoup de tissu, comme le confirme Laure Martin, qui préside le projet. "Il faut 25 000 mètres carrés de tissu et à peu près trois kilomètres de corde rouge pour ceinturer l'Arc. 25 000 mètres carrés de tissu, cela représente cinq terrains de foot."
"Trois kilomètres de corde, c'est l’équivalent du chemin entre l'Arc de Triomphe et la pyramide du Louvre."
Laure Martin, coordinatrice du projetfranceinfo
Tissus et cordes seront installés à partir du 13 septembre. Pour ce faire, un nombre impressionnant d'intervenants est mobilisé. Au total, ils seront 1 000 à avoir travaillé pour cet empaquetage. À la mi-août, sur le chantier, 150 personnes sont présentes. Parmi elles, Nathan Amice, ingénieur des Charpentiers de Paris. "On s'occupe de la mise en place des structures métalliques qui protègent l'Arc. On a quatre équipes de poseurs, des Charpentiers de Paris et quelques autres équipes de sous-traitants. On peut monter à une quarantaine d'ouvriers qui se relaient en permanence sur le chantier."
"Tenir une promesse"
Un chantier qui fonctionne 24 heures sur 24 et qui est dirigé par Vladimir Yavachev, le neveu de Christo. "Pour moi, c'est tenir une promesse. Même affaibli, Christo était très clair. Il voulait que ce projet soit achevé. Il me l'a fait promettre plusieurs fois. Nous savons exactement ce qu'il y a à faire. Nous n'intervenons pas sur l'artistique. La vision est déjà là, nous avons juste à la finaliser."
Le rêve de Christo est en train de prendre vie, soixante ans après la réalisation de ses premiers dessins sur l’Arc de Triomphe. L’empaquetage du monument sera enfin visible par tous du 18 septembre au 3 octobre.
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