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Notre-Dame : "la charpente pourrait être construite à l'identique", en bois et en moins de huit mois, assure Charpentiers sans frontières

L'association Charpentiers sans frontières a fait la démonstration qu'il était possible de reconstruire rapidement à l'identique la charpente en bois de Notre-Dame de Paris avec les techniques d'origine, écologiques et solides. 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
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Des membres de Charpentiers sans frontières au travail sur la réplique d'une des structures de la nef de Notre-Dame, réalisée avec les techniques d'origine, à Ermenouville (Normandie, France), le 7 juillet 2020. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

A cheval sur leurs poutres sculptées avec de petites haches, des charpentiers aux anges assurent avoir démontré en Normandie que la "forêt" de Notre-Dame de Paris pouvait être reconstruite à l'identique à l'ancienne dans un délai raisonnable.

"En moins d'une semaine, avec 25 charpentiers nous avons réalisé entièrement l'une des 25 fermes (structures triangulaires de 10 mètres de haut pour 14 de large) de la nef de Notre-Dame telle qu'elle était avant l'incendie. Ça dissipe la désinformation !", s'enthousiasme François Calame, ethnologue au ministère de la Culture et fondateur de Charpentiers sans frontières.

Un test grandeur nature réalisé à Ermenouville

L'association est à l'origine de ce chantier installé dans le bois d'un château à Ermenouville (Seine-maritime) et financé par l'interprofession France Bois Forêt (20 000 euros). Derrière lui, les artisans, tous bénévoles, parachèvent l'équarrissage de poutres à coup de doloires (petite hache) alors que monte une odeur de copeaux.

Des membres de la commission nationale du patrimoine et de l'architecture (CNPA), qui se réunit jeudi 9 juillet pour discuter de la future charpente - sera-t-elle en béton, en métal ou en bois ?- , et dont les avis sont consultatifs, ont fait le déplacement à Ermenouville.

Il faudrait moins de bois que prévu

Pour fabriquer la ferme de trois tonnes avec les techniques d'origine, les charpentiers ont utilisé moins de bois que prévu : huit arbres de 30 à 40 cm de diamètre soit de 80 à 120 ans d'âge, affirme Frédéric Epaud, chercheur au CNRS. Pour l'ensemble de la charpente, il faudrait un millier de chênes, "une goutte d'eau dans l'océan" du gros million que compte la France, souligne-t-il.

C'est une démonstration que les méthodes traditionnelles de travail du bois consomment très peu de bois et que ça va très vite

Frédéric Epaud, chercheur au CNRS

à l'AFP

Alors que l'Élysée vise une restauration de Notre-Dame d'ici à avril 2024, la charpente pourrait être reconstruite "strictement à l'identique", "en cinq à huit mois", affirme l'universitaire chargé du suivi scientifique de ce chantier. Au passage, "cela redonne du sens au métier de charpentier", ajoute-t-il.

Une vidéo publiée par Charpentiers sans frontières, explique le projet

Une option rapide, économique et écologique

Pour quel coût au final ? "Les questions d'argent ne sont pas un problème" dans ce dossier, répond François Calame. "C'est très économique", et écologique, renchérit Frédéric Epaud. Si les promesses sont tenues, le bois serait donné. Et les grumes pourraient directement arriver au pied de Notre-Dame par la Seine et être travaillées au pied du monument, au lieu de transiter par une scierie, suggère-t-il.

Surtout, "on fait de meilleurs ouvrages. On a vu que ces charpentes peuvent durer huit siècles", poursuit le chercheur, soulignant que le bois est travaillé vert sans temps de séchage. "Le résultat que vous obtenez quand vous pouvez suivre la fibre naturelle de l'arbre est tellement meilleur. Vous obtenez une structure plus résistante", explique Mike Dennis, un des charpentiers du chantier, un Britannique de 39 ans.

Les charpentiers soulignent "le plaisir" à travailler le bois ainsi

A la main, on choisit son arbre en forêt en fonction des besoins plutôt que de téléphoner à la scierie, "on peut travailler des courbes, des poutres de 20 mètres de long, et c'est beaucoup plus sympa au toucher", renchérit Léonard Rousseau, responsable de l'équarrissage. "On repère des défauts qui permettent d'éliminer une pièce" ou de modifier son usage, ajoute à ses côtés Pierre Cabreolier, 36 ans.

Tous soulignent avant tout leur "plaisir". "Il y a un contact avec la matière. On est en silence. C'est méditatif", explique Léonard Rousseau. "Sur les sites modernes vous avez tant de bruit, la poussière, ça peut être très mauvais pour la santé. Ici c'est calme et agréable. Ça met vraiment en joie", ajoute son collègue britannique.

Resterait à trouver une entreprise prête à former ses salariés à ces techniques quasi disparues. Charpentiers sans frontière promet de transmettre ses compétences en "quelques semaines".

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