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La Pyramide du Louvre fête ses 30 ans : histoire d'une polémique en 7 actes
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Inaugurée en 1989, la Pyramide du Louvre a vu le jour dans la douleur, dans une bataille acharnée et des hurlements à "la profanation culturelle". Mais 30 ans après, l'oeuvre de Ieoh Ming Pei est unanimement célébrée comme une réussite.
Acte I
Les débuts prometteurs
Le ministère des Finances occupe une aile du musée, côté Rivoli. "Bonne idée mais difficile à réaliser comme les bonnes idées", griffonne Mitterrand sur la lettre. "Cause toujours, ça ne se fera pas. Le puissant ministère ne se laisseera pas découronner, pense-t-on alors", commente Jack Lang.
"La cour Napoléon était un épouvantable parking. Le musée était handicapé par l'absence d'entrée centrale. L'idée initiale était de faire entrer les visiteurs au milieu, et de couvrir cette entrée", explique-t-il dans un entretien avec l'AFP. "Avec François Mitterrand nous avons l'idée de faire appel à Pei. Le président avait admiré ses oeuvres aux Etats-Unis".
Michel Laclotte, directeur historique du Louvre de 1987 à 1995, "revoit la scène" de la découverte en petit comité du projet de Pei. "Une grande maquette posée sur la table. Dessus on a posé la pyramide, tout le monde était séduit".
Acte II
Les hurlements
Tonton veut être le premier pharaon de notre histoire"
Le Canard Enchaîné.Michel Guy, ancien secrétaire à la Culture prend l'initiative d'une pétition. Trois historiens, Antoine Schnapper, Sébastien Loste, Bruno Foucart publient un livre-réquisitoire: "Paris mystifié. La grande illusion du Grand Louvre". La critique ne porte pas tant sur l'agrandissement que sur l'esthétique d'une architecture contemporaine dans un décor Napoléon III.ACTE IIILa pétition
La polémique, portée par de grandes plumes, à travers les médias --France soir, le Figaro, le Monde, etc.. va faire rage plusieurs années. Eternel conflit des anciens et des modernes, comme pour les colonnes de Buren, l'Arche de la défense ou le Centre Pompidou... Elle sera nationale. Jacques Laclotte, directeur hictorique du Louvre de 1987 à 1995, se souvient ainsi auprès de l'AFP de "la gueulante" d'un chauffeur de taxi à Nice qui l'apostrophe : "mais qu'est-ce qu'on est en train de faire au Louvre!"
"Une réunion a lieu à l'Elysée en 1984 : Mitterrand était très prudent, mais d'accord pour qu'on continue", raconte l'architecte Michel Macary, un des principaux protagonistes du projet. "Dans mon atelier, en secret, j'ai montré la maquette. Une cinquantaine de personnalités ont défilé dont Catherine Deneuve, Pierre Bergé, Gérard Depardieu, Pierre Soulages, Ariane Mnouchkine, Patrice Chéreau, Serge Gainsbourg, Nathalie Sarraute...".Acte IVLa bataille de Mitterrand
Au long d'énormes travaux doublés de fouilles architecturales, "Mitterrand s'est vraiment impliqué, est allé plusieurs fois visiter le chantier", rappelle Jack Lang. Emile Biasini, président de l'établissement public du Louvre de 1982 à 1988, avait "réuni les conservateurs du Louvre, concluant une sorte de Yalta : on va préserver vos départements mais vous nous soutenez", selon l'ancien ministre socialiste.
Jacques Chirac, maire de Paris, en pleine compétition avec Mitterrand, avait été furieux d'avoir été averti par une fuite dans les médias. Un membre de la commission des monuments historiques aurait transmis une image confidentielle de la maquette. "Chirac a piqué une colère mais n'a jamais critiqué le projet. Ca ne me choque pas, disait-il. C'est lui-même, plus tard, qui le commentera aux journalistes", selon Michel Macary.Acte VLa colère de Chirac, puis son ralliement
"Chirac dira oui à une condition : que l'on visualise dans l'espace ce que sera la pyramide. On a tendu trois câbles. Les Parisiens, par dizaines de millliers, sont venus" en mai 1985. "Ils s'imaginaient qu'on allait installer la pyramide de Kéops", s'amuse Jack Lang.Acte VILes 3 cables pour convaincre
Le Figaro-Magazine "n'a baissé la garde qu'à la fin", Robert Hersant demandant de pouvoir fêter l'anniversaire du journal dans la Pyramide. "Mitterrand me dit de dire oui. Ils allaient à Canossa", raconte-t-il.
Pour son actuel président-directeur Jean-Luc Martinez, "le Louvre est le seul musée au monde dont l'entrée est une oeuvre d'art", et la pyramide est devenue le symbole d'un musée résolument tourné vers l'avenir. "Demain est un autre Louvre", lit-on sur les affiches dans le métro.Acte VIILe succès
Le Grand Louvre, alliant moderne et ancien, aura contribué "à un mouvement international en faveur des grands projets, et 150 musées ont fait l'objet de rénovations", analyse l'ancien ministre de François Mitterrand.
Reportage : M. Tafnil / P. Sorgues / T. Guiet / J. Raharison
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