Aix-les-Bains rend hommage à Jean-Louis Chanéac, "architecte insurrectionnel"
Reportage : D. Borrelly / F. Ceroni / P. Maillard
Architecture insurrectionnelle
En 1968, il publie un "Manifeste de l'architecture insurrectionnelle" dans lequel il prône l'installation de cellules parasites se greffant sur des bâtiments existants. Il met en oeuvre cette idée en accrochant une "bulle pirate" à la fenêtre d'un immeuble de Genève. Un an plus tard, ses recherches sont couronnées par le Grand Prix international d'urbanisme et d'architecture.En 1971, il participe au concours pour la création du Centre Beaubourg (devenu Centre Pompidou) avec un projet aux formes ambitieuses, tout en rondeurs. Finalement, c'est le duo Renzo Piano-Richard Rogers qui l'emportera.
Au début des années 70, son architecture novatrice se heurte aux problèmes de réglementation.
Mes recherches prospectives ont commencé au début des années 1960, époque à laquelle tout semblait possible. On pouvait imaginer à partir de fantastiques possibilités techniques (bien réelles) et de rapports sociaux nouveaux (utopiques) une société industrielle idéalisée. Au début des années 1970, ces possibilités étaient toujours bien réelles, mais la croissance économique sur laquelle nous avions tablé pour créer une plus-value a engendré la prolifération d’espaces simplistes traités comme une marchandise à découper en lots.
Jean-Louis Chanéac, 1976Une ville flottante sur le lac du Bourget
Dans les années 70 et 80, il multiplie les constructions dans les Alpes, notamment à Aix-les-Bains, où il s'inspire des formes des montagnes. Parmi ses réalisations : le forum de Saint-Jean-de-Maurienne (1982), le plan d'aménagement de Chambéry-Technolac (1985), le plan du site olympique d'Albertville (1988) et l'aménagement du centre de Val d'Isère (1989-90). Il imagine aussi "Aixilia", une ville flottante sur le lac du Bourget mais ce projet ne verra jamais le jour.
Le plus beau témoignage de son oeuvre reste sans doute sa maison familiale à Aix-les-Bains, une maison-bulle en forme de haricot géant où réside toujours la veuve de l'architecte, Nelly Chanéac. Tout en courbes et en arrondis, cet ovni architectural vient d'être classé cette année monument historique, 40 ans après sa construction.
L'exposition organisée aux thermes historiques d'Aix-les-Bains présente 40 de ses réalisations aixoises, inspirées par la relation priviligiée qu'il entretenait avec la nature environnante et le lac du Bourget.
Décédé en 1993 dans un accident de voiture, Jean-Louis Chanéac est considéré comme l'un des architectes les plus talentueux du 20e siècle.
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