2666, la fabuleuse épopée théâtrale et littéraire de Julien Gosselin
2666 du Chilien Roberto Bolaño, c’est un roman monde de 1200 pages. Julien Gosselin l’adapte en suivant l’architecture labyrinthique du livre. Au commencement, quatre universitaires européens cherchent Archimboldi, mystérieux écrivain allemand.
La violence contre les femmes de Ciudad Juarez
Cette quête romanesque les mène au Mexique, à Santa Teresa où des centaines de jeunes femmes et d’adolescentes sont enlevées, violées, assassinées. Bolaño n’invente rien sauf le nom de la ville. Cette tragédie satanique, jamais élucidée, s’est vraiment passée dans les années 90 dans la ville de Ciudad Juarez où règnent les narcotrafiquants et les politiciens véreux.
Mais l’auteur bifurque sans cesse, ajoute des personnages, change de lieu, d’époque. Le pari fou de Julien Gosselin c’était d’en faire du théâtre : « Il digresse sans arrêt pour pouvoir dire finalement que seule la littérature ou là dans ce livre, la question de la violence compte, et pas tant la machine fictionnelle ou l’attention liée au suspense. Bolaño il est tout le temps en train de me faire faire un pas de côté et c’est passionnant pour moi. C’est cela que je cherche avec ce genre de livre. "
12 heures à travers plusieurs époques
Les treize comédiens sont une foule de personnages. Ils jouent aussi en anglais, allemand, espagnol. Ils passent d’un théâtre intime à de grandes tirades. La performance est totale et Hubert Colas signe une scénographie flamboyante mais jamais vaine. On voyage sans cesse, d’une boite de nuit mexicaine à une chambre d’hôtel à Paris, des champs de batailles de la deuxième guerre mondiale à un taxi londonien.
Les douze heures sont passées et on repense ému, sonné, à l’été 2013 quand Avignon a révèlé Julien Gosselin et sa bande avec la brillante adaptation des Particules élémentaires de Michel Houellebecq.
Avec 2666 , Julien Gosselin fait plus que confirmer, son travail fait avancer le théâtre. Julien Gosselin n’a pas encore 30 ans et toute sa tête : « Fallait pas s’éparpiller je suis resté assez concentré là-dessus. Après, ce qui est formidable c’est que cela a pu nous permettre d’avoir les productions nécessaires pour pouvoir monter un projet de cette ampleur-là. Le plus important c’est l’art qu’on fait pas le bruit qu’on génère ».
2666 mis en scène par Julien Gosselin au festival d'Avignon jusqu'au 16 juillet
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