« Antiviral » à Un Certain regard : Cronenberg Jr. Contaminé
Synopsis : Après avoir été infecté par un virus qui a tué la superstar Hannah Geist, Syd March se doit d'élucider le mystère entourant cette mort pour sauver sa propre vie.
Dans la famille Cronenberg, je choisi le fils
Surprise de voir le père et le fils réunis dans la sélection officielle cannoise, le premier en course pour la Palme d’or avec « Cosmopolis », le second à Un Certain regard avec un titre qui fait directement référence à son géniteur : « Antiviral ».
Son film n’est pas une resucée des thèmes que David Cronenberg creuse depuis le début des années 70. C’est un véritable hommage à cet œuvre d’une rare cohérence, et plus particulièrement à sa première période qui comprend, dans l’ordre : « Frisson », « Rage », « Chromosome 3 », « Scanner » et « Vidéodrome ». Aussi, y-a-t-il quelque chose de touchant dans ces premiers pas à la réalisation d’un premier long métrage – la coure des grands – après deux courts remarqués à droite à gauche.
La filmographie première de David Cronenberg (passés ses essais expérimentaux – « Stereo », « Crime of the Future »…) relève clairement de façon revendicative de l’horreur, dans un style totalement novateur. « Antiviral » de Brandon Cronenberg se réfère ainsi principalement au premier film de son père qui connût une carrière internationale florissante, « Frisson » (« The Parasite murder »). Tout Cronenberg était déjà dit dans ce film, que son auteur ne fit que décliner, transformer, muter avec génie.
L'identification aux idoles
Les choix esthétiques du fils renvoient explicitement à « Frisson », dans la blancheur hygiénique constante qui renvoie au building aseptisé du film de 1971, où un savant fou inocule un parasite à un habitant qui va contaminer tout l’immeuble, voire le monde, avec force scènes gores. Certains plans sont directement calqués d’un film à l’autre.
Brandon Cronenberg se distingue par la thématique du vedettariat et l’identification des fans à leur idole, allant jusqu’à s’inoculer leur maladie. Drôle, inventif et très en phase avec notre époque hyper-médiatisée, son traitement est plein de second degré. Mais le film ne tire pas assez sur cette corde, atteignant parfois l’emphase. Moins d’ambition, sinon de prétention, n’aurait pas fait de mal à « Antiviral ». Comme sa longueur excessive (1h50) qu’il était aisé de raboter d’au moins 20 minutes (combien de gros plan sur l’aiguille de la piqûre ?). Les fans du père rigoleront bien aux private jokes du film, les autres sans doute un peu moins.
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