: Reportage Coupe du monde 2022 : danses traditionnelles, discours rassembleurs, tribunes désertées... On a vécu la cérémonie et le match d'ouverture du Mondial
Dans les couloirs du stade Al-Bayt, à trente minutes du coup d’envoi entre le Qatar et l’Équateur, Abdulrahman est ravi. Le Qatarien de 23 ans n’est pas un fan de football, n’a pas prévu d’assister à d’autres matchs de la compétition, mais souhaitait être présent pour la première rencontre et pour la cérémonie d’ouverture de la 22e Coupe du monde, dimanche 20 novembre. Le show d’une trentaine de minutes l’a conquis : "Ça a permis de montrer notre culture au monde entier."
Pour lancer sa Coupe du monde, qui se veut aussi celle du monde arabo-musulman, le Qatar s’est donné les moyens de ses ambitions. Rendez-vous était donné au milieu du désert à Al Khor, à 50 kilomètres au nord de Doha. Un stade en forme de tente bédouine, utilisée par les populations nomades de la région. Al-Bayt ("le foyer") aura donc accueilli le premier match du Mondial et tenté de véhiculer, comme le souhaitaient la Fédération internationale de football (Fifa) et le pouvoir qatarien, les valeurs d’ouverture et d’hospitalité de l’émirat.
C’est le message central qu’a porté la cérémonie d’ouverture, après que le Français Marcel Desailly a déposé le trophée de la Coupe du monde au bord de la pelouse. Les premières minutes de la cérémonie ont vu des jeux de lumière et des danses traditionnelles rappeler la culture du Golfe, précédant des chants dans les langues des 32 nations représentées lors de ce Mondial. Rassembler était le maître-mot à Al Khor dimanche. Et quel meilleur symbole que d’engager Morgan Freeman, le porte-parole de la candidature des États-Unis battue par le Qatar, pour être le narrateur de cette cérémonie d’ouverture ?
Des supporters quittent les tribunes après trente minutes
"Avec de la tolérance et de la perspective, nous pouvons vivre ensemble", a lancé l’acteur américain depuis la pelouse du stade Al-Bayt. Une phrase qui fait écho au thème de la première journée de la phase de groupes imaginé par la Fifa, "Football Unites the World". Les capitaines des équipes du Qatar et de l’Équateur, Hassan Al-Haydos et Enner Valencia, portaient ainsi un brassard affichant la formule.
Le pays hôte n’a pas non plus oublié de parler football lors de sa cérémonie d’ouverture. Avant la clôture du show par les chanteurs Sud-Coréen Jungkook et Qatarien Fahad Al-Kubaisi, on a aperçu les mascottes des dernières Coupes du monde se réunir sur la pelouse, des images des dernières compétitions, avant de se plonger dans cette édition 2022, dont le premier match s’est donc soldé par un succès sans forcer de l’Équateur contre le pays hôte (2-0).
Le Qatar n’est pas un pays de football et cela s’est rapidement vu sur le terrain. Le kop de supporters, qui mettait l’ambiance derrière les buts, s’est tu après le premier but rapide d'Enner Valencia. Pire, il s'est presque vidé de moitié à la mi-temps. Avant cela, plusieurs Qatariens en tenue traditionnelle ont quitté les tribunes du stade Al-Bayt à la demi-heure de jeu à la suite du second but de Valencia. Le match s'est finalement terminé dans une ambiance étrange, près d'un tiers des sièges du stade ayant été laissés vides avant même le coup de sifflet final.
"Un moment très important de l’histoire du Qatar"
Le public local aura finalement davantage acclamé les images sur grand écran du cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani et de son père Hamad lors de la cérémonie d’ouverture. À leurs côtés se trouvaient Gianni Infantino, président de la Fifa, et Mohammed Ben Salmane, dirigeant de l’Arabie saoudite. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, représentait de son côté la France pour ce match d’ouverture. Pour certains Qatariens, le résultat de la rencontre importait peu. "C’est un moment très important de l’histoire du Qatar, donc c’est une fierté d’être ici", nous assurait Abdulrahman avant le coup d’envoi.
"Je n’allais manquer ce moment pour rien au monde", nous a expliqué, de son côté, Abdullah, jeune Qatarien de 20 ans. Ce dernier, "arrivé en retard", aura assisté au match mais pas à la cérémonie d’ouverture. À vrai dire, nous aurions pu nous-même rater cette dernière. Parce qu’accueillir 60 000 personnes, des files entières de cars et de 4x4 dans un stade situé en plein milieu du désert, est un défi que le petit émirat relève pour la première fois. "Pour être honnête, je n’étais pas sûr que le Qatar parviendrait à réussir à organiser le Mondial", nous a confié Abdulrahman.
Aussi grand que l’Île-de-France, le Qatar a un mois pour le prouver. Un mois où le pays va vivre au rythme du ballon rond, jusqu’à la finale le 18 décembre. Ces derniers jours, la ville de Doha s’est mise à l’heure de la Coupe du monde avec l’arrivée progressive des supporters étrangers. Le rassemblement souhaité par le Qatar est en marche. Le Mondial est lancé.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.