Football : la Coupe du monde, vrai accélérateur de carrières ou mise en lumière momentanée ?
328,6%. Ce pourcentage ne correspond pas à la hausse du prix de l'énergie mais à l'évolution de la valeur marchande du Marocain Azzedine Ounahi (22 ans), avant et après la Coupe du monde au Qatar, selon le site spécialisé Transfermarkt. Entre le 2 novembre et le 23 décembre, le prix du milieu de terrain d'Angers est passé de 3,5 à 15 millions d'euros, ce qui laisse espérer aux dirigeants du SCO une belle vente dès cet hiver, et au natif de Casablanca une signature dans un club européen de premier plan.
Un constat similaire pour les autres révélations du Mondial comme le milieu marocain de la Fiorentina, Sofyan Amrabat (26 ans, +150% de valeur marchande), le gardien croate du Dinamo Zagreb, Dominik Livakovic (27 ans, +64,7%) ou le milieu argentin du Benfica Lisbonne, Enzo Fernandez (21 ans, +57,1%), qui peuvent intégrer une écurie plus huppée lors du mercato hivernal. S'il est encore trop tôt pour dire si ces joueurs réussiront à confirmer les espoirs placés en eux, un petit retour en arrière permet de voir que la performance en Coupe du monde, est souvent gage de transfert, mais pas toujours de succès.
Ils sont passés dans une autre dimension
Il suffit parfois d'un coup de projecteur pour basculer dans une autre dimension. C'est ce qu'a connu le portier costaricien Keylor Navas durant la Coupe du monde 2014, alors qu'il jouait à 28 ans, pour la modeste équipe espagnole de Levante. Au Brésil, le gardien de but a été le principal artisan de l'excellent parcours des Ticos jusqu'en quarts de finale, remportant trois titres d'homme du match, et bénéficiant d'une exposition rarissime pour un joueur du Costa Rica.
De quoi attirer les convoitises du Real Madrid qui a dépensé 10 millions d'euros pour s'attacher ses services en août 2014. Un choix gagnant pour l'actuel portier du Paris Saint-Germain, qui a remporté trois Ligues des champions durant son passage chez les Merengues (2014-2019).
Un schéma similaire pour le Français Franck Ribéry, dont les bonnes performances durant le Mondial allemand en 2006, ont sans doute participé à sa signature au Bayern Munich l'été suivant. Quatre ans après "Kaiser" Franck, Mesut Özil a brillé avec l'Allemagne en Afrique du Sud, permettant son transfert du Werder Brême au Real Madrid pour 18 millions d'euros. Si sa carrière n'a pas atteint les sommets attendus, le gaucher aura tout de même été l'un des meilleurs milieux offensifs de la décennie 2010.
Décidément acteur du marché post-Coupe du monde, le Real Madrid a dépensé 75 millions d'euros pour s'offrir le Colombien James Rodriguez, auteur de six buts pendant le Mondial 2014. Acheté pour 30 millions de moins par l'AS Monaco l'été précédent, le milieu offensif des Cafeteros était alors au sommet de son art, car il n'a pas confirmé en Espagne. Il a changé de dimension, mais n'y est pas resté. Âgé de 31 ans, James Rodriguez, joue actuellement à l'Olympiakos en Grèce, après des piges à Everton et à Al Rayyan au Qatar.
Ils ont rejoint un grand club ou ont pris leur temps
Refusant de se brûler les ailes, d'autres joueurs ont préféré prendre leur temps avant de juger s'ils étaient aptes ou non à évoluer dans les meilleurs clubs. C'est le cas du Japonais Keisuke Honda, nommé trois fois homme du match lors du Mondial 2010, et qui a préféré rester au CSKA Moscou, plutôt que de céder aux sirènes d'Arsenal ou Liverpool.
Ce dernier club, qui vient d'engager le Néerlandais Cody Gakpo, une des révélations du Mondial au Qatar, avait fait preuve de prudence avec le Belge Divock Origi, révélé pendant la Coupe du monde 2014, et prêté une saison à Lille, dans la foulée de son transfert chez les Reds. Pour André Ayew, le parcours du Ghana en 2010, lui a permis de s'imposer à l'Olympique de Marseille, après deux prêts successifs à Lorient et à Arles-Avignon.
Ils ont connu une gloire éphémère
La mise en lumière des joueurs pendant une Coupe du monde est parfois si forte, qu'elle peut tromper les clubs. Quasiment inconnu avant le Mondial 2018, le Colombien Yerry Mina s'est fait connaître en inscrivant trois buts en quatre matchs, tout en jouant défenseur central. Pensant flairer le bon coup, Everton s'est offert l'ancien barcelonais pour 30 millions d'euros, alors que sa valeur marchande n'était que de neuf millions avant la compétition (+236%). Un coût impossible à amortir pour les Toffees, tout comme pour l'AC Milan, après avoir dépensé 18 millions d'euros, le même été, pour arracher l'Uruguayen Diego Laxalt au Genoa à la suite de sa Coupe du monde convaincante en 2018.
Au bout de trois saisons entrecoupées de prêts, le latéral gauche aux tresses a été transféré au Dinamo Moscou pour... 3,5 millions d'euros. Auteur de quatre buts en Russie lors de la même édition, le virevoltant ailier de la Sbornaïa, Denis Sheryshev, avait été prêté puis transféré par Villarreal à Valence. Évoluant aujourd'hui à Venise, en deuxième division italienne, le joueur formé au Real Madrid n'a plus jamais retrouvé son niveau de l'été 2018.
À l'aune de ces quelques exemples, il semble indéniable que la Coupe du monde est un tremplin majeur pour permettre aux joueurs, plus ou moins connus, de signer dans un grand club. Si Azzedine Ounahi, Sofyan Amrabat ou Dominik Livakovic ne devraient donc avoir aucun mal à trouver chaussure à leur pied cet hiver, il n'y a aucune garantie qu'ils s'établissent durablement au plus haut niveau. En attendant de connaître leurs futures destinations, le rendez-vous est d'ores et déjà pris pour 2026 afin d'observer leur progression, quatre ans après leur explosion aux yeux du monde au Qatar cet hiver.
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