: Vidéo Coupe du monde 2022 : Qatar, Arabie saoudite, Émirats arabes unis… Les grands rivaux du golfe Persique
Ce succès de l'Arabie saoudite 2-1 contre l'Argentine, mardi 22 novembre, dans cette Coupe du monde de football, on pourrait aussi le traduire politiquement en ces termes : MBS 1 – Al Thani O. MBS, c’est Mohammed Ben Salmane, le prince héritier et homme fort d’Arabie Saoudite. L’émir Al Thani, c’est le monarque du Qatar, dont l’équipe a été battue 2/0 lors de son premier match. Cette traduction politique n’est pas excessive parce que la rivalité est forte entre ces pays du Golfe persique. Vu d’ici, on a tendance à regarder tous ces pays de la région de la même manière, à les mettre dans le même sac.
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En fait, ils ne s’aiment pas les uns les autres. C’est particulièrement vrai entre le Qatar d’un côté, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis de l’autre. Et cette rivalité s’exprime désormais via les investissements dans le football. Le Qatar marque un point symbolique énorme évidemment, en organisant la Coupe du monde, premier pays arabe à le faire. Et en ayant pris le contrôle du Paris Saint-Germain depuis plus de dix ans. Mais l’Arabie saoudite est en train de s’y mettre. Elle ambitionne de décrocher, elle aussi, la coupe du monde en 2030 ou 2034. L’an dernier, elle a racheté le club de Newcastle en Angleterre. On lui prête régulièrement l’intention de racheter l’OM.
Des achats à tour de bras
Les Émirats arabes unis ne sont pas en reste. Certes, contrairement au Qatar et à l’Arabie saoudite, ils ne sont pas qualifiés pour la Coupe du monde, ils ont été éliminés par l’Australie en match de barrage. Mais ils ambitionnent eux aussi d’organiser la Coupe du monde, et surtout ils rachètent à tour de bras : leur capitale politique, l’émirat d’Abu Dhabi, possède déjà une dizaine de clubs dans le monde, dont un fleuron : Manchester City. Ils y ont investi près de 2 milliards d’euros, à peu près la même somme que le Qatar avec le Paris Saint-Germain. La rivalité PSG-Manchester City, c’est donc bien plus que la rivalité des deux grands nouveaux riches du football européen, c’est la rivalité Qatar - Émirats. C’est peut-être ce qui explique pourquoi il y a quelques années, l’entraineur du PSG de l’époque Laurent Blanc, avait été licencié, après une défaite contre City. Les Émirats possèdent aussi un club de Ligue 1, Troyes, et des clubs en Chine, en Inde, au Japon, aux États-Unis, en Uruguay. Une multinationale 100% football.
Cette rivalité elle vient est à la fois historique, politique, économique. Il y a des tas de facettes. Lorsque le protectorat britannique s’est arrêté dans le Golfe, les Émirats arabes unis ont proposé au Qatar de les rejoindre. Mais le Qatar a refusé, il a préféré décréter sa propre indépendance, c’était en 1971. Et depuis la famille Al Thani qui dirige le pays, a tracé sa route, en rivalité directe avec les dirigeants émiratis et saoudiens, aujourd’hui Mohammed Ben Zayed et Mohammed Ben Salmane. C’est aussi une rivalité politique. Les liens du Qatar avec l’organisation des Frères musulmans l’ont conduit à soutenir le mouvement palestinien Hamas, puis les soulèvements arabes à partir de 2011. Insupportable pour les monarchies voisines sunnites et wahhabites, les Émirats, l’Arabie saoudite l’ont mal pris, d’autant que le Qatar a aussi des relations avec le rival chiite, l’Iran. En 2017, elles ont donc imposé un blocus commercial au Qatar. Il s’est avéré improductif et a été levé début 2021. Et enfin il y a la rivalité économique. Un géant gazier, le Qatar. Deux géants pétroliers l’Arabie saoudite et les Émirats. Des pays richissimes.
Faire mieux que son voisin
Donc le sport c’est la poursuite de cette rivalité par d’autres moyens ! C’est une sorte de conflit par procuration, par la puissance symbolique, par la notoriété. L’objectif ce n’est pas forcément de gagner de l’argent, c’est plutôt de faire mieux que le voisin. Et ça passe par tout un tas d’événements sportifs : pour l’Arabie saoudite, le rallye Dakar, un grand prix de Formule 1, bientôt les Jeux asiatiques d’Hiver, oui d’hiver, en plein désert, en 2029, une aberration. Pour le Qatar, les championnats du monde de handball, les Mondiaux d’athlétisme.
Leur objectif absolu, aux uns comme aux autres, c’est de décrocher les Jeux Olympique. Donc, là, à court terme, les dirigeants saoudiens et émiratis ne rêvent sans doute que d’une chose : que la Coupe du Monde au Qatar ne se passe pas bien.
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