Coupe du monde 2022 : le président de la Fifa Gianni Infantino assure se sentir "arabe", "gay" ou encore "travailleur migrant"
Le jeu n'a pas encore débuté à Doha, mais voilà sans doute les premières phrases marquantes de la Coupe du monde de football 2022. Le président de la Fifa, Gianni Infantino, a donné une conférence de presse inaugurale de la compétition, samedi 19 novembre à Doha, dans laquelle il a voulu partager ses pensées envers différentes parties de la population mondiale touchées par les discriminations, en particulier au Qatar.
Alors que les polémiques sont vives autour du non-respect des droits de l'homme, du travail dans l'émirat qatarien, Infantino a clamé se sentir "arabe" ou encore "gay" dans son propos d'introduction. "Aujourd'hui, je me sens qatarien, aujourd'hui je me sens arabe, aujourd'hui je me sens africain, aujourd'hui je me sens gay, aujourd'hui je me sens handicapé, aujourd'hui je me sens travailleur migrant" a-t-il prononcé au parterre de journalistes.
"Il y a un milliard d'handicapés sur terre, et tout le monde s'en moque."
Gianni Infantino, président de la Fifalors d'une conférence de presse à Doha, le 19 novembre 2022
Gianni Infantino a bien tenté de jouer les défenseurs de son institution, alors que les critiques pleuvent sur l'organisation au Qatar. Le président de la Fifa a qualifié d'"hypocrites" cette vague de réactions négatives, en particulier au sujet des travailleurs migrants intervenus durant les chantiers de construction d'infrastructures pour le Mondial. "Ce qu'il se passe en ce moment est profondément, profondément injuste. Pour ce que nous, les Européens, avons fait au cours des 3000 dernières années, nous devrions nous excuser pour les 3000 prochaines années avant de donner des leçons de morale aux autres. Ces leçons de morale, des avis biaisés, sont justes de l'hypocrisie."
"Parmi les grandes entreprises qui gagnent des milliards au Qatar, combien ont réglé la question du sort des travailleurs migrants ? Aucune, parce qu'un changement de législation veut dire moins de profits, a-t-il poursuivi. Mais nous, nous l'avons fait." Infantino a par ailleurs insisté que l'accueil par le Qatar de travailleurs migrants devait être un exemple pour l'Europe à en faire autant, expliquant que ces employés ont notamment pu gagner davantage d'argent sur les chantiers qatariens qu'ils ne l'auraient fait dans leurs pays d'origine. De nombreuses ONG et différents médias ont dénoncé les conditions de travail, estimant jusqu'à plus de 6 000 le nombre de morts lors de la construction des stades.
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Si Infantino a déploré le sort réservé dans l'émirat à la communauté LGBTQ+, assurant que les relations homosexuelles devraient "évidemment être autorisées", il a également martelé que "tout le monde était le bienvenue" pour assister au Mondial et en avait obtenu les garanties par les autorités locales. "Cette législation existe dans de nombreux pays. Comme pour le droit du travail, c'est un long processus. Que voulez-vous faire ? Rester à la maison, se plaindre, critiquer à quel point les Musulmans et les Arabes ont tort parce qu'il n'est pas autorisé d'être publiquement gay ?"
Enfin, le Qatar avait aussi dans un premier temps autorisé le temps de la compétition la consommation d'alcool aux abords et dans les enceintes de la Coupe du monde, ce qui est d'ordinaire interdit, avant de se raviser vendredi, à deux jours du premier match. "Je pense personnellement qu'on peut survivre sans boire de bière pendant trois heures. Que ce soit en France, en Espagne, en Ecosse" a-t-il soupiré.
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