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Coupe du monde 2022 : blessures, manque de réalisme, traumatisme de 2017... Les raisons qui expliquent le nouveau cauchemar de l'Italie

Huit mois après avoir remporté l’Euro, l’Italie a vécu une terrible désillusion en se faisant éliminer des barrages de la Coupe du monde par la Macédoine du Nord (0-1), jeudi.

Article rédigé par Denis Ménétrier, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Marco Verratti déçu après l'élimination de l'Italie par la Macédoine du Nord en barrages de la Coupe du monde 2022, le 24 mars (ALBERTO PIZZOLI / AFP)

Marco Verratti et Gianluigi Donnarumma sont maudits. À peine deux semaines après avoir vécu une terrible désillusion avec le Paris Saint-Germain en huitièmes de finale de la Ligue des champions contre le Real Madrid, les deux joueurs du PSG ont cette fois subi un tremblement de terre à Palerme, jeudi 24 mars. Sur le banc de touche du stade Renzo Barbera, à l'issue du match, Verratti était en pleurs. Donnarumma, lui, devait revoir en boucle le but d'Aleksandar Trajkosvki sur lequel il n'a rien pu faire, permettant à la Macédoine du Nord de créer une immense surprise (1-0).

Pour la première fois de son histoire, et depuis la toute première Coupe du monde qui date de 1930, la sélection italienne va rater le Mondial pour la seconde fois d'affilée. Un nouveau coup de tonnerre après son absence de l'édition 2018. D'autant plus lorsqu'on sait que la Nazionale avait vécu il y a huit mois un été de rêve, à la suite d'une victoire surprise à l'Euro. Une compétition durant laquelle l'équipe de Roberto Mancini avait séduit par la force de son collectif et son style de jeu flamboyant.

Face à la Macédoine du Nord jeudi soir, la Squadra Azzurra a pourtant eu des occasions. Avec 32 tirs italiens contre quatre macédoniens, il y avait largement la place pour espérer une autre issue. "On doit gagner ce match. Il faut marquer, on était supérieurs. Et ensuite, c'est le cauchemar", a expliqué Verratti après la rencontre. Ce cauchemar, le milieu du PSG l'avait déjà vécu en 2017, lorsque l'Italie avait outrageusement dominé le match retour contre la Suède (26 tirs, 75% de possession), avant de se faire éliminer en barrages sans marquer (0-1, 0-0).

Un édifice branlant depuis plusieurs mois

Le scénario est le même, mais les raisons diffèrent. Depuis l'Euro, l'Italie a perdu la recette. La fin des éliminatoires de la Coupe du monde a été un long chemin de croix pour les joueurs de Mancini, avec quatre nuls en cinq matchs et une seule victoire probante, face à la Lituanie (5-0). Lors de la Ligue des nations, chez elle à Turin et Milan, c'est face à l'Espagne que la Nazionale a perdu pied en demi-finale (1-2). Sa première défaite en 37 matchs. La si solide maison italienne a alors commencé à se fissurer.

Contre la Macédoine du Nord, l'absence de Federico Chiesa, l'âme de cette équipe et blessé pour une longue durée, a inévitablement fait très mal. Mais déjà avec lui, l'Italie patinait. Et quand le collectif déraille, il faut parfois aller chercher la petite bête du côté des cadres. Invisible ce jeudi, Ciro Immobile, étincelant avec la Lazio, n'y arrive toujours pas en sélection avec laquelle il n'a plus marqué depuis sept matchs. Tout comme Domenico Berardi, excellent avec Sassuolo en Serie A, mais si maladroit contre les Macédoniens.

Jorginho, nommé dans l'équipe-type du dernier Euro, a notamment failli lors des derniers matchs des éliminatoires. Considéré comme l'un des meilleurs tireurs de penalties au monde, le milieu de Chelsea s'est raté deux fois dans cet exercice. Les deux fois contre la Suisse, en septembre (0-0) et en novembre (1-1). S'il les avait réussis, l'Italie serait déjà qualifiée pour la Coupe du monde. "J'y pense et j'y penserai toute ma vie", a regretté Jorginho après la défaite contre la Macédoine du Nord.

La formation, axe prioritaire de travail du football italien

Fatalement, Roberto Mancini va se retrouver sous le feu des projecteurs. Artisan du renouveau de l'Italie depuis son arrivée à la tête de la sélection en 2018, chef d'orchestre d'une équipe qui a conquis tous les observateurs lors du dernier Euro, cet immense échec est aussi le sien. "Mon avenir ? On verra plus tard. C'est la plus grande déception de ma carrière", a déclaré le technicien, abasourdi après la défaite. Certains choix du sélectionneur ces derniers mois ne manqueront pas d'être scrutés de près.

Dans l'histoire, seuls trois vainqueurs de l'Euro ont ensuite raté la Coupe du monde qui suivait. La Tchécoslovaquie en 1978, le Danemark en 1994 et la Grèce en 2006. L'Italie, qui n'imaginait pas un seul instant figurer sur cette liste, s'y insère au terme d'une triste soirée à Palerme. La finale tant attendue face au Portugal n'aura donc jamais lieu. Au-delà du sort du sélectionneur Mancini, les dirigeants italiens devront immanquablement se servir de cette immense déception pour la suite.

Car rater la prochaine Coupe du monde 2026 n'est pas envisageable. Depuis de trop nombreuses années, les clubs italiens délaissent la formation : selon les calculs de la Gazzetta dello Sport, le temps de jeu des Italiens de moins de 21 ans en Serie A ne représente que 4% du temps de jeu total. L'Italie a du travail. Mais pour l'instant, la déception est omniprésente. Le constat dressé ce soir par le capitaine Giorgio Chiellini est simple, limpide et résume bien ce que vient de vivre le football italien : "Nous sommes détruits."

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