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Chine : 25 ans après la répression sur la place Tiennanmen

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Article rédigé par franceinfo
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L'équipage prévoit de repartir.

La commémoration d'une révolte écrasée. A l'heure où l'Europe s'apprête à célébrer sa liberté retrouvée, une chappe de plomb s'abat sur la Chine, 25 ans après la répression de la place Tiennanmen. Seul Hong Kong a commémoré l'événement.

C'est l'inconnu le plus célèbre de Chine. On ne connaît pas son nom, d'où il vient, s'il est toujours en vie. Il a fait l'histoire mais n'a pas pu en arrêter le cours. On l'appelle "Tank Man", le héros de Tiananmen. Début juin 1989, ça fait six semaines que les étudiants de Pékin soutenus par des représentants des universités de toute la Chine, occupent la place avec une revendication : plus de démocratie. Chang Chin Wan campe sur la place, l'ambiance est joyeuse même si certains étudiants font une grève de la faim. La direction du parti communiste est divisée entre partisans du dialogue et ceux de la fermeté. C'est Deng Xiaoping qui mettra tout le monde d'accord: ce sera l'intervention de l'armée.

Lorsque les soldats avançaient depuis l'ouest, les rues étaient bloquées au fur et à mesure de leur progression. Vers 9h00 du soir, le 3, on a vu arriver sur la place les premiers blessés. Vers 10h30, on a vu les premiers morts depuis les rues de ce côté, tous tués par balle. Car la plupart des morts n'ont pas été tués sur la place mais sur le chemin des soldats. A 11h30, on a finalement compris que c'était un massacre. Je me rappelle d'un jeune garçon qui devait avoir 13 ou 14 ans. Il venait chercher son pere et n'a pas pu croire qu'il était mort. Quand on a mis le corps du père dans l'ambulance, il n'a pas voulu rester dans le véhicule. Quelques minutes après, c'était à son tour d'être tué. Dans les hôpitaux, c'était un cauchemar, les gens pleuraient, priaient. il y avait du sang partout dans les couloirs. J'ai vu un homme, sa jambe gauche, à partir de là, il n'y avait plus rien. Il nous dit avoir été écrasé par un char mais qu'il ne savait pas combien de ses camarades étaient restés sous les chars.

25 ans après, on ne connaît toujours pas le bilan de cette nuit tragique. Des centaines, voire plus d'un millier de morts. Il faut venir jusqu'ici à Hong Kong pour assister à une commémoration de ces évènements. En Chine continentale, c'est tout à fait interdit et sévèrement réprimé. En Chine, les présidents changent mais la politique reste. Ce qu'on pourrait résumer en deux mots : amnésie paranoïaque.

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