Sylvie Germain menacée sur internet : "Ces messages ne reflètent pas la majorité de nos élèves qui ne sont pas des abrutis", témoigne une enseignante
Un extrait du roman "Jours de colère" de l'écrivaine française a été proposé au bac de français. Depuis une semaine, des milliers d'élèves interpellent l'auteure par des propos injurieux voir menaçants sur les réseaux sociaux.
"Ces messages ne reflètent pas la majorité de nos élèves qui ne sont pas des abrutis", a réagi mercredi 22 juin sur franceinfo Françoise Cahen, professeure de lettres au Lycée Maximilien Perret à Alfortville (Val-de-Marne), membre de l’Association française pour l’enseignement du français (AFEF), alors que l'écrivaine Sylvie Germain est menacée sur internet par des lycéens.
Un extrait de son roman Jours de colère était proposé au bac de français. Depuis une semaine, des milliers d'élèves de première se déchaînent sur les réseaux sociaux sur l'extrait en question et sur l'auteure avec des propos souvent injurieux et parfois menaçants. Françoise Cahen se dit notamment "très déçue mais pas très surprise" par ces menaces qui ont déjà visé par le passé des écrivains morts.
franceinfo : Que vous inspire ce déchainement de colère ?
Françoise Cahen : Je suis moi aussi très déçue de ces réactions et en même temps, pas très surprise. Parce que chaque année, malheureusement, dans une espèce d'exutoire immature, il y a tout un tas d'insultes qui sont adressées à des auteurs, même morts. C'était le cas de Perec l'année dernière. Donc je comprends que Sylvie Germain ait pu avoir une très mauvaise image de ces lycéens. Mais comme elle le dit très bien elle-même, ces messages, qui sont un concentré de bêtise violente, ne reflètent pas la majorité de nos élèves qui ne sont pas des abrutis illettrés comme on pourrait le croire.
Vous corrigez actuellement les copies du bac de français. Est-ce que vous avez de bonnes copies ?
Oui, de très bonnes copies. Je suis en train de réaliser un recueil des meilleures citations de commentaires sur son texte pour l'envoyer à Sylvie Germain. Parce qu'il y a vraiment des analyses brillantes, inspirées, sensibles. Son texte a vraiment été rencontré par les élèves de première. Et c'est très beau à lire cette rencontre entre les élèves et un texte qui était pour eux inattendu, inconnu, un peu étrange.
Est-ce que ce texte avait de quoi déstabiliser ?
Certainement, parce que l'on peut penser que le lien un peu organique avec la nature, ce n'est pas forcément le quotidien de nos élèves. Mais justement, les élèves ont aussi cette fibre un peu écologique qui est propre à leur génération. En tout cas, moi, j'ai vu des élèves voir, par exemple, l'aspect mythique de ce texte, les résonances bibliques, les liens entre la nature, la forêt, le ciel et les hommes. Il y a des choses très belles qui sont écrites par les élèves. Donc on ne peut pas réduire les réactions des élèves à ces flots d'insultes que je déplore et que je condamne.
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