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Attentats : la police lance un appel à témoins pour identifier "Ahmad Al-Mohammad", l'un des kamikazes du Stade de France

Sur le lieu du drame, les policiers ont retrouvé un passeport, délivré en Syrie, au nom d'"Ahmad Al-Mohammad". Un faux document. La véritable identité du terroriste demeure inconnue.

Article rédigé par franceinfo
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Les enquêteurs continuent à chercher à mettre un nom sur les kamikazes du Stade de France.  (POLICE NATIONALE)

Les enquêteurs cherchent toujours à mettre un nom sur tous les kamikazes du Stade de France. Ils ont publié sur Twitter, mardi 17 novembre, cet avis de recherche. Si vous avez des renseignements sur cet homme, vous pouvez téléphoner au 197.

Cet homme a été le premier kamikaze à activer sa ceinture d'explosifs, vendredi 13 novembre, aux alentours de 21h20, aux abords de la porte D du Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Un passant, qui marchait près de lui, Manuel Colaco Dias, âgé de 63 ans, a été la première victime des attentats du vendredi 13 novembre, qui ont fait 129 morts et 352 blessés au total.

Sur le lieu du drame, les policiers ont retrouvé un passeport, délivré en Syrie, au nom d'"Ahmad Al-Mohammad". Un faux document. La véritable identité du terroriste demeure inconnue, mais les enquêteurs sont parvenus à retracer son parcours à travers l'Europe.

Une fausse identité (mais une vraie photo)

Selon une source citée mardi par l'AFP, l'identité figurant sur le passeport syrien retrouvé au Stade de France pourrait correspondre à celle d'un soldat de Bachar Al-Assad tué il y a plusieurs mois : Ahmad Al-Mohammad, né le 10 septembre 1990 à Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie. Un nom jusqu'alors inconnu des services antiterroristes français.

Si l'identité est sans doute usurpée, la photo, elle, correspond bien au terroriste, laissant penser que le document a bien été fabriqué à son attention. Se procurer un faux passeport syrien est très simple, expliquait l’hebdomadaire néerlandais Nieuwe Revu (ici traduit par Courrier International) en septembre. Certains migrants font appel à des faussaires afin d'obtenir de tels documents, espérant que la nationalité syrienne les aidera à obtenir le statut de réfugié. Ainsi, dès lundi, un migrant en possession d'un passeport syrien portant le même nom et les mêmes informations (mais une photo différente), a été arrêté en Serbie, selon le quotidien Blic.

Dans ces conditions, rien ne prouve que le kamikaze soit de nationalité syrienne. Soit "c'est bien son nom sur le [faux] passeport qu'il a utilisé pour se faire passer pour un réfugié, soit il s'agit de quelqu'un d'autre et le faux passeport a été volontairement déposé pour créer la confusion", a indiqué une source policière citée par The Independent (en anglais). En effet, les terroristes de l'Etat islamique, qui disposent d'un vaste réseau, n'ont pas nécessairement besoin d'emprunter la route des migrants. Ils pourraient néanmoins profiter de l'arrivée des réfugiés pour diversifier leurs façons de se rendre en Europe et déjouer les contrôles. En revanche, ils pourraient avoir un intérêt à monter la population contre les réfugiés. 

Parmi un groupe de migrants secourus après un nauffrage 

Si l'identité du faux Ahmad Al-Mohammad demeure un mystère, son parcours, lui, s'éclaircit. Dès dimanche, le site de l'hebdomadaire people grec Protothema révélait son passage en Europe via la Grèce, indiquant que cet homme avait probablement rejoint l'Europe par la route qu'empruntent les migrants. 

Le 3 octobre, "Ahmad Al-Mohammad" et un homme qui l'accompagne, ("possiblement son frère", selon The Independent) Mohammed Al-Mohammad, ont été secourus au large de l'île de Leros, après le naufrage de l'embarcation de fortune sur laquelle ils traversaient la Méditerranée depuis les côtes turques. "Conformément aux règles de l'UE", il y est enregistré le 3 octobre par les autorités grecques. "L’homme faisait partie d’un groupe de 70 migrants, principalement syriens, dont les identités ont été consignées par la police locale par voie électronique", précise Libération. Selon Protothema, cité par Le Figaro, il n'y avait pas assez de personnel ce jour-là sur l'île pour vérifier l'authenticité des passeports. "Les agents de Frontex n'étaient pas encore arrivés dans cette minuscule île touristique…"

"Après avoir donné leurs empreintes, les terroristes présumés ont facilement obtenu le statut de demandeur d'asile, qui leur a permis, le surlendemain, de gagner Athènes", poursuit Le Figaro. Lundi, le quotidien grec a publié des tickets de ferry à son nom. 

Il disparaît en Croatie

Quatre jours plus tard, le 7 octobre, le futur kamikaze a présenté son passeport au poste de douane de Presevo, à la frontière entre la Macédoine et la Serbie. Ce document a servi à "demander formellement l'asile", a précisé lundi le ministre de l'Intérieur serbe, sans donner d'information sur l'homme qui l'accompagnait. "Les vérifications effectuées confirment que les informations correspondent à la personne enregistrée en Grèce", a-t-il ajouté, avant de préciser qu'il "n'y avait aucun mandat d'Interpol lancé contre lui".

Une porte-parole du ministère de l'Intérieur croate a par ailleurs confirmé que l'homme avait été enregistré le 8 octobre dans le camp d'Opatovac, en Croatie, avant de disparaître. "De là, le suspect serait passé en Hongrie, puis en Autriche", poursuit Le Figaro. On ignore quand il a pu pénétrer en France.

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