Loi sur la maltraitance animale : "C'est un premier pied dans la porte", estime le président de la Société protectrice des animaux
Invité de franceinfo jeudi, le président de la SPA Jacques-Charles Fombonne, a salué "une avancée importante" après l'adoption par le Parlement d'un texte sur la maltraitance animale.
"C'est la fin de l'animal marchandise et la fin, au moins en partie, de l'animal spectacle", s'est félicité sur franceinfo jeudi 18 novembre Jacques-Charles Fombonne, le président de la Société protectrice des animaux (SPA), après l'adoption par le Parlement d'une loi sur la maltraitance animale. Cette loi prévoit par exemple l'interdiction progressive des animaux sauvages dans les cirques, la fin de la vente de chiots et de chatons en animalerie, des peines plus lourdes en cas d'abandon et un meilleur encadrement de la vente en ligne. "C'est un premier pied dans la porte", a-t-il jugé, alors que la SPA a recueilli 46 000 animaux l'an dernier.
franceinfo : Pourquoi est-ce une avancée importante pour la SPA ?
Jacques-Charles Fombonne : Il y avait eu la loi Grammont au XIXe siècle, [première loi de protection animale qui sanctionnait les mauvais traitements commis en public sur les animaux domestiques]. J'espère que celle-ci sera le texte fondateur du XXIe siècle. Cela correspond à ce que la SPA voulait et les directions pour lesquelles nous militons depuis de très nombreuses années. Nous aurions cependant préféré que la vente sur Internet soit complètement interdite. Nous nous rendons bien compte que cela ne suffit pas.
La vente d'animaux en ligne est-elle une tendance forte ?
Oui, c'est le trou dans la raquette. C'est la porte ouverte à des élevages, avec des gens comme vous et moi qui s'improvisent éleveurs. Ils ont deux ou trois femelles allaitantes, leur font faire un maximum de portées et vous vendent des chiots ou des chatons avec de faux certificats de vaccins et de bonne santé mais aussi de fausses immatriculations. On vous dit "cela ne vous coûtera rien, je m'occupe des formalités, je fais immatriculer l'animal à votre nom" et le nom du vendeur n'apparaît jamais. Vous n'avez donc aucun recours. Il y a beaucoup d'animaux mal sevrés, maltraités, mal nourris et c'est vraiment la porte ouverte au trafic. On achète n'importe quoi sur Internet. J'ai fait 35 ans de gendarmerie, je sais qu'à partir du moment où il y a de l'argent à gagner, des gens seront là pour répondre à la demande.
Que souhaiteriez-vous de plus ?
Nous voudrions la fin de la corrida et une vraie réflexion sur l'expérimentation animale. Enfin, pour reprendre l'idée que nous nous avait suggéré le président Badinter, nous demandons la création d'un poste de Défenseur du droit des animaux, de la même façon qu'il en existe un pour les humains. Il pourrait être nommé de façon indépendante au plus haut niveau de l'État, avec un mandat unique, de façon à ce qu'il n'ait de comptes à rendre à personne. L'une de ses missions pourrait être de savoir exactement combien d'animaux sont abandonnés. Nous parlons de 100 000 animaux abandonnés par an mais, en réalité, personne n'en sait rien.
Que pensez-vous du "certificat d'engagement et de connaissance", qui sera imposé à chaque propriétaire avant l'adoption d'un animal de compagnie ?
C'est à la fois une bonne et une mauvaise idée. Nous le faisons dans nos refuges, tout comme la plupart des associations. C'est donc une bonne idée si on informe les gens, de façon à leur donner l'animal qui va le mieux correspondre à leur mode de vie mais il ne faut pas que cela devienne "un permis à chien", parce qu'on est suffisamment contrôlés et cela pose beaucoup de problèmes de suivi. Cependant, il faut que cela soit fait sérieusement. Il faut que ce soit simple et que les gens comprennent ce dont leur animal a besoin.
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