"Le ragoût de marmotte ne mérite pas qu'on la tue" : des associations demandent l'interdiction de cette chasse traditionnelle
La chasse à la marmotte est toujours autorisée dans une dizaine de départements français, alors qu'elle fait partie des animaux protégés par la convention de Berne.
Le coup d’envoi de la chasse à la marmotte a été donné en France, dimanche 11 septembre. Cette chasse qu’on pourrait qualifier de traditionnelle est pratiquée dans dix départements. Des ONG demandent son interdiction : elles sont 18 à avoir publié une tribune, dimanche. Elles estiment que la chasse est une menace supplémentaire pour une espèce déjà fragilisée.
D’après les chiffres des chasseurs, 342 marmottes ont été tuées dans le département de la Savoie, alors qu’elles incarnent une part de l’identité et la culture de la montagne. Aurélien Meignan gère le refuge de la Femma, dans le Parc national de la Vanoise (Savoie). "Là, par exemple, par la fenêtre du refuge, j'en compte quatre..." note-t-il alors qu'il répond à nos questions. Les gens viennent en famille pour voir les marmottes, dit-il. "Que ce soit les grands-parents qui viennent les montrer à leurs petits-enfants, ou leurs parents, il y a quelque chose d'une transmission qui est assez sympa. L'avantage de la marmotte, c'est que c'est animal que l'on peut voir de manière sûre quand on est en montagne."
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Pour autant, la chasse est autorisée dans ce département, mais aussi en Isère, ou encore dans les Alpes-Maritimes. Dans ce département, elle est ouverte pour un peu moins d’un mois. C’est une chasse traditionnelle : la marmotte ne se mange plus véritablement, estime l’ancien député des Alpes-Maritimes Loïc Dombreval, qui avait demandé l’an passé, déjà, l'interdiction de cette chasse. "Est-ce que ces marmottes sont mangées ? Je suis incapable de vous le dire... Le ragoût de marmotte, puisque ça existe, ne doit pas être un plat très répandu et ça ne mérite pas qu'on tue cet animal."
"Laissons dormir les marmottes et laissons-les siffler en paix !"
Loïc Dombreval, ancien député des Alpes-Maritimesà franceinfo
Qu’est-ce qui justifie dès lors le maintien cette chasse alors que la marmotte est l'objet de mesures de protection spécifiques ? La marmotte fait en effet partie des animaux protégés par la convention de Berne, sur la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel. Mais comme il n’y a pas de comptage, on ne sait pas quel est l’état est la population, relève Jean-David Abel, administrateur de Mountain Wilderness. "Il faut absolument avoir des indicateurs. Il y a beaucoup d'espèces, par exemple les ongulés de montagne, les chamois, etc., qui sont suivies par l'Etat, par les fédérations de chasse, par les associations de protection. Les marmottes, non. On est dans le maintien d'une chasse traditionnelle, sans outil pour mesurer si on n'est pas en train de faire des bêtises."
Les associations demandent donc une suspension de la chasse en attendant d’avoir une photographie précise de l’état des marmottes en France. Elles sont déjà en voix de fragilisation dit Pauline di Nicolantino. Elle préside l’association Justice animaux Savoie. "C'est une population qui est en déclin depuis les années 1990, assure-t-elle. Elle est victime du réchauffement climatique, du comportement des chiens, des randonneurs, de l'artificialisation des sols, etc. Pour nous c'est une situation complètement absurde et c'est pour ça qu'on demande l'interdiction de la chasse à la marmotte."
Cette situation illustre l’état des chasses traditionnelles en France. Elles sont soutenues par le gouvernement, souvent en contradiction avec le droit européen et la justice administrative qui suspend régulièrement les arrêtés d’autorisation.
Sollicités, les chasseurs de la Savoie qui sont en première ligne sur le sujet n’ont pas donné suite.
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