"Des clubs de chasse peuvent s'en servir comme récompense pour des concours" : la douane alerte sur le trafic de crânes de singes

C’est une triste collection que vient de récupérer le Muséum d’Histoire naturelle d’Aix-en-Provence. Les douanes viennent de lui confier un lot de plusieurs centaines de crânes de primates saisis ces derniers mois à Roissy. L’espèce est bien protégée, mais des collectionneurs américains se passionnent pour ces crânes de petits singes. Une menace de plus pour une espèce déjà déclinante.

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Cette fois-ci, pas de drogue ou de défenses d'éléphants, mais des petits crânes blancs de singes sont disposés sur la longue table de la douane de Roissy. Sabrina Krief, primatologue, les connaît bien : "On a du plus petit des primates, avec des galagos, dont les crânes font quelques centimètres, jusqu'au grand singe... C'est vraiment révoltant, ça laisse sans voix en fait."

Ce type de saisie a débuté il y a un an et demi. Au total, 400 crânes ont été découverts ces sept derniers mois dans la zone de fret. Pour Laeticia, contrôleur principal des douanes, la dernière saisie remonte à la semaine dernière. "C'était un petit colis avec une petite étiquette, avec les informations de destinataires, d'expéditeur. On ouvre le colis, et en vrac, on trouve des crânes", raconte-t-elle.

Jusqu'à 1 000 euros pour un crâne

Les paquets étaient à destination des États-Unis. La collection des crânes de primates est une nouvelle mode, explique Nicolas Vialle du Muséum d’histoire naturelle d’Aix-en-Provence. "C'était surtout pour des clubs de chasse, de tir, qui peuvent s'en servir de récompense pour des concours. Et depuis plusieurs années, il y a un vrai regain d'intérêt pour les cabinets de curiosité, donc les gens cherchent à avoir des pièces exotiques pour mettre dans ces cabinets", note-t-il.

Les crânes saisis à Roissy viennent du Cameroun. Les singes sont tués pour la viande, mais désormais, les chasseurs sont aussi démarchés pour les crânes, assure Fabrice Gayet. Il assiste les unités des douanes pour les espèces protégées : "On va lui expliquer qu'on est intéressé par les crânes pour quelques euros, qui pour lui représenteront beaucoup et lui donneront une raison supplémentaire d'aller abattre des primates supplémentaires."

Pour la primatologue Sabrina Krief, ces saisies ne sont que la partie visible de l'iceberg, alors que ce trafic menace un peu plus une espèce déjà déclinante. "Si on prend l'espèce la plus proche de nous, le chimpanzé, en 50 ans, 70% des populations de chimpanzés ont disparu." La douane estime qu’un crâne de chimpanzé peut coûter 1 000 euros, un tout petit autour d’une 50 euros.