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Canards, araignées, ratons laveurs… quand les animaux nous envahissent

Pourquoi certaines bestioles s'amusent-elles à squatter nos maisons ou nos jardins ? 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Photo non datée d'un groupe de trois ratons laveurs abandonnés par leur mère.  (BERNIE DUHAMEL / FLICKR / GETTY IMAGES)

Ils vivent un remake des Oiseaux d'Alfred Hitchcock. Des habitants de la péninsule de Burin, sur l'île de Terre-Neuve, au Canada, sont envahis par des canards, rapporte une chaîne de télé américaine, lundi 1er décembre. Depuis, faire ses courses est devenu un enfer et prendre sa voiture relève du défi, les palmipèdes se mettant en travers du chemin des humains. Ce n'est pas la première fois que nos congénères doivent affronter des invasions de bêtes plus ou moins sympathiques. Francetv info vous en donne trois exemples. 

La plus cauchemardesque : les araignées

Arachnophobes, abstenez-vous de lire ce paragraphe ! Une famille du Missouri (Etats-Unis) a été obligée de déserter sa maison en raison d'une invasion de recluses brunes, des araignées dont les morsures s'avèrent très douloureuses, rapporte le St Louis Today (en anglais) en octobre. En 2008, lorsque les Trost ont acheté leur demeure à 450 000 dollars, ils ne se doutaient pas que près de 6 000 araignées marron aux longues pattes fines y avaient élu domicile depuis des années. Et encore, le décompte a eu lieu en hiver, lorsque les arachnides sont les moins actifs… 

Les araignées "dégoulinaient des murs", raconte Susan Trost à l'agence Associated Press (en anglais). Tous les jours, les habitants de la maison tombaient nez-à-nez avec les bêtes ou leurs toiles, certaines tombant même pendant leur douche. Après plusieurs années de traitements insecticides infructueux, la famille a décidé de partir, se retournant contre les anciens propriétaires. Ces derniers ont été condamnés pour avoir caché ce vice. Depuis deux ans, la maison est vide. Des spécialistes s'y attellent à éradiquer les arachnides. 

Des experts recouvrent une maison située à Dardenne Prairie, dans le Missouri (Etats-Unis) et infestée par des araignées, le 5 octobre 2014. (J.B. FORBES / AP / SIPA)

Pourquoi cette invasion ? Pour James Carrel, professeur émérite en sciences biologiques à l'université du Missouri, difficile de trouver une explication à cette prolifération. Dans le St Louis Today, il indique toutefois que la plupart des bâtiments datant de plus d'une quarantaine d'années, soit l'âge du logement des Trost, hébergent des recluses brunes. En revanche, les constructions plus récentes sont beaucoup moins susceptibles d'être touchées car leurs murs présentent peu de fissures, appréciées de ces araignées pour se cacher durant la journée.  

La plus mignonne : les ratons laveurs

Ils sont jolis avec leurs yeux entourés de noir. Mais les bandits masqués, plus communément appelés ratons laveurs, des prédateurs voraces, peuvent devenir une plaie pour les habitants. Beaucoup s'invitent en effet dans les villes, comme en Allemagne. Dans la banlieue de Kassel, un retraité a ainsi eu la mauvaise surprise de tomber sur un de ces mammifères alors qu'il soulevait la bâche protégeant ses outils de jardin, raconte le quotidien allemand Der Spiegel (en anglais). La femelle, voulant protéger son petit, s'est jetée sur lui, mordant sa main et son pied jusqu'au sang.

Mais le problème ne concerne pas que l'Allemagne. A New York, Toronto ou Madrid, les ratons laveurs deviennent un vrai casse-tête. Des gangs poivre et sel y font leur nid dans les greniers, détruisent l'isolation des maisons, prennent les arrière-boutiques pour des toilettes ou menacent d'autres espèces. En octobre, plusieurs spécimens ont ainsi envahi un quartier de Harlem, errant dans les rues et les jardins, rapporte le site DNAinfo (en anglais). Accrochez-vous pour les faire partir. Un couple d'Américains explique avoir tout tenté dans le New York Times (en anglais) : ammoniaque, antimite ou encore poivre n'ont pas effrayé les bestioles, parfois porteuses de virus comme celui de la rage. 

Pourquoi ces invasions ? Les ratons laveurs pullulent en Amérique du Nord et font de même en Europe depuis leur introduction pour leur fourrure ou comme animaux de compagnie, explique Le Monde. Problème : cet animal intelligent s'est parfaitement adapté à nos villes, les transformant en véritables "terrains de jeux", renchérit Grist (en anglais), un site spécialisé dans les questions d'environnement. Pour Stanley Gehrt, professeur associé à l'université de l'Ohio cité dans un documentaire américain sur la question, les ratons laveurs profitent aussi de la clémence des humains. "Les gens les nourrissent et les adoptent", explique-t-il. Et voyez ce que cela donne lorsqu'on leur tend quelques chips, comme ici au Texas…

La plus urticante : les chenilles processionnaires

En 2011, une famille habitant à Fontenailles (Seine-et-Marne) a vécu un cauchemar à l'approche des beaux jours. Le mari a eu le corps recouvert de boutons, le fils a fait de sérieuses crises d'asthme et le chien est devenu aveugle. La raison ? Une invasion de chenilles processionnaires, rapporte Le ParisienDans le village, tout le monde est concerné. Impossible de manger dehors, d'étendre son linge ou même d'ouvrir les fenêtres pour aérer : les chenilles et leurs poils urticants, ennemis des muqueuses, sont partout.

Valdine Tirabi montre une photo des plaques rouges de son mari causées par le poil urticant de chenilles processionnaires, le 28 mars 2012 à Fontenailles (Seine-et-Marne).  (MAXPPP)

La même année, en Lorraine, un couple a dû réaménager son intérieur pour échapper aux piqûres, raconte L'Est républicain "Nous avons essayé d'utiliser des moustiquaires, mais [les chenilles] passent en dessous et rampent dans les lits. Nous avons donc déménagé les lits au rez-de-chaussée, car nous avons été piqués et les démangeaisons durent trois ou quatre jours." Sauf que cela pourrait bien se reproduire d'année en année. 

Pourquoi ces invasions ? La prolifération des chenilles processionnaires n'est pas près de s'arrêter. Dans une tribune publiée dans Le Figaro, la Société nationale d'horticulture précise que cette larve de papillon "profite à la fois du réchauffement climatique et des plantations massives de sa plante-hôte, le pin, pour remonter vers le nord". Le phénomène concerne un grand nombre de villes, à l'instar de Rotterdam, aux Pays-Bas, où une voiture s'est retrouvée enveloppée par la soie de ces chenilles en seulement quelques jours. La pose de pièges ou la pulvérisation d'insecticides spécialisés au moment des premières éclosions, soit à la fin du printemps ou au début de l'automne, constituent de bons moyens d'éradication.  

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