Vidéo de L214 dans un élevage de lapins : "Si les normes de densité sont respectées, la cage n'est pas forcément un mauvais outil d'élevage"
"De vrais progrès sont faits, mais il faut encore poursuivre par l'encadrement législatif", affirme le socialiste Éric Andrieu, après la publication d'une nouvelle vidéo de l'association L214 dénonçant un cas de maltraitance animale.
"La législation doit prendre en compte de façon beaucoup plus sérieuse la question du bien-être animal", a estimé mardi 20 août sur franceinfo Éric Andrieu, député européen PS, membre de la commission agriculture et vice-président du groupe des sociaux-démocrates. L'association L214 dénonce un nouveau cas de maltraitance animale dans un élevage de lapins à Nueil-les-Aubiers (Deux-Sèvres). La vidéo montre notamment des cages minuscules où les lapins sont entassés, ainsi que des boîtes d'antibiotiques et d'hormones servant à optimiser l'insémination artificielle.
franceinfo : Est-ce normal, ces boîtes d'antibiotiques et d'hormones ?
Éric Andrieu : C'est très lié à la promiscuité, dans la mesure où il y a une surpopulation de lapins dans les cages. C'est une espèce fragile, et de fait, les doses d'antibiotiques sont proportionnelles à la densité. Ce qui est dénoncé c'est la question de la densité de lapins par cage, qui entraîne des traitements très conséquents. Il faut réduire cette densité pour aller sur des [traitements] curatifs, et pas préventifs.
Les éleveurs y sont d'ailleurs sensibles aujourd'hui. En 10 ans, les doses d'antibiotiques ont diminué, mais l'objectif est loin d'être atteint, il faut continuer les efforts engagés. La législation doit prendre en compte de façon beaucoup plus sérieuse la question du bien-être animal, et de cette densité qui entraîne les traitements médicamenteux, qui ne sont pas conformes à cette logique de bien-être animal.
Confirmez-vous cette idée portée par L214 que la filière lapin manque d'encadrement ?
Oui, il faut aller beaucoup plus loin. Là où L214 fait une erreur d'appréciation, c'est sur la question de la cage. La cage, du point de vue sanitaire, dès lors qu'on règle le problème de la surpopulation, est un outil d'élevage qui permet de garantir l'aspect sanitaire. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de maltraitance par rapport au lisier en particulier, et donc en termes de salubrité. Dans la mesure où les normes de la densité sont respectées, la cage n'est pas forcément un mauvais outil d'élevage.
A-t-on des informations sur les conséquences pour notre santé de l'utilisation des hormones dans les élevages ?
Je lutte beaucoup contre cela, pour revenir à des modes d'élevage beaucoup plus respectueux du bien-être animal, et pour éliminer tout ce qui est antibiotique, antiparasitaire, vaccin, afin de permettre que la qualité de la viande in fine n'intervienne pas sur la question de la santé.
On est en pleine progression. Les filières sont conscientes des enjeux, de vrais progrès sont faits, mais il faut encore poursuivre par l'encadrement législatif pour tendre vers cette qualité des produits carnés que nous consommons.
Au moment de la ratification du Ceta, on a beaucoup parlé d'inquiétudes sur l'arrivée possible de produits canadiens qui auraient des réglementations plus souples...
La question du commerce international se pose. C'est un des points qui va impacter nos élevages européens. Dès lors que les normes ne sont pas les mêmes, cela pose des problèmes de concurrence. Il faut harmoniser à l'échelle internationale l'ensemble des produits qui sont consommés et donc commercialisés sur le sol européen.
L'harmonisation des normes est un enjeu sur lequel il va falloir que les législateurs, nationaux et européens, travaillent très rapidement. Il faut également que l'étiquetage soit beaucoup plus précis sur tous les produits, entre autres les produits carnés, mais également sur les produits transformés, parce qu'on en mange de plus en plus. Et sur ces mets transformés, la législation n'est pas encore aboutie. C'est une des demandes que j'avais formulées au sein du Parlement européen. Je ne suis parvenu pour l'instant à faire aboutir cette requête, il va falloir y travailler parce qu'il est nécessaire que le consommateur sache précisément ce qu'il consomme.
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