"L'une des conséquences de l'abandon" des chiens et des chats "est malheureusement la mort", alerte la Fondation 30 Millions d'Amis
Des gens achètent un chien de race, le gardent un an ou deux et s'en débarrassent en pensant que quelqu'un va le récupérer. Or c'est souvent une condamnation à mort, affirme Reha Hutin, la présidente de la Fondation.
Reha Hutin, présidente de la Fondation 30 Millions d'Amis dénonce mardi 29 septembre sur franceinfo les "actes irréfléchis" des propriétaires qui abandonnent leur animal domestique. La fondation lance une campagne pour dénoncer cette situation "dramatique". 100 000 chiens, chats ou autres animaux domestiques sont abandonnés chaque année. La crise sanitaire a aggravé la situation. Les refuges soutenus par la fondation ont perdu 40 % de chiffre d’affaires. "Tout chien qui arrive en fourrière qui n'est pas réclamé durant les huit jours de délai de garde peut être euthanasié", a-t-elle rappelé.
franceinfo : Il n'y a plus de place à ce point dans les refuges ?
Reha Hutin : Malheureusement, c’est une triste réalité. C'est sinistre, mais c'est comme ça. Dans les refuges partenaires de la Fondation 30 millions d'amis, on ne procède évidemment pas à l’euthanasie. On garde nos petits vieux, on soigne nos malades. Mais tout chien qui arrive en fourrière qui n'est pas réclamé durant les huit jours de délai de garde peut être euthanasié. Vous pensez bien que les chiens de certaines races, les chiens qui ont des maladies ou autres qu'on ne peut pas soigner parce que c'est trop cher, ils sont euthanasiés parce qu'il y a l'article L211-25 du Code rural qui spécifie qu'à l'issue de ce délai de garde de huit jours en fourrière, il peut être procédé à l’euthanasie de l'animal avec l'aval du vétérinaire. Donc, en conséquence, l’euthanasie, en fait, concerne de trop nombreux innocents, comme on montre dans le film.
Combien d’animaux sont abandonnés chaque année ?
C'est 100 000 animaux abandonnés chaque année et il faut savoir que c’est toute l’année, ce n'est pas que pendant la période estivale. Sauf que pendant cette période estivale, les refuges sont pleins à craquer. Donc il faut vraiment que les gens prennent conscience que l'une des conséquences de l'abandon est malheureusement la mort. Parfois, ils abandonnent leur chien en disant quelqu'un va le récupérer. Oh, il est gentil, il est beau, quelqu'un va le prendre. Cela, c'est se faire une bonne conscience. En fait, il faut savoir qu'on peut le condamner à mort. Et c'est tout le but de ce film.
La crise sanitaire a aggravé la situation ?
C’est un drame chaque année renouvelé. Il y a toujours des explications. On a déménagé, etc. On le sait, par certains témoignages de personnes dans les fourrières, que la plupart sont des chiens de race, c'est-à-dire des gens ont acheté ces animaux, les ont gardé pendant un an et deux, et quand ça ne leur convenait pas, et bien, ils s'en sont débarrassés. Donc, c'est ça qui est dramatique, c'est de savoir que ce sont des actes irréfléchis. C’est pour ça que dénoncer ne suffit pas.
Vous voulez interdire la vente d'animaux dans les animaleries ?
Ce sont des propositions que nous faisons aux parlementaires. Il y a dix autres propositions : la vente sur les réseaux sociaux, par les petites annonces; avoir peut-être un permis de détention? Autant de choses auxquelles il faut réfléchir parce qu'on ne peut pas continuer comme ça. Et l'année dernière, avec notre dernière campagne, cela a aussi fait une onde de choc au niveau des parlementaires. Il y a déjà 240 parlementaires qui sont en train de s'atteler, de voir comment on peut arrêter ce problème des abandons. Finalement, ces campagnes-là aujourd'hui portent leurs fruits parce que ce sont les décideurs, les législateurs qui entrent en jeu.
Vous avez écrit aussi au ministre de l'Agriculture. Vous avez eu une réponse ?
Absolument. La réponse, c'est qu'il y a eu quand même 240 députés qui sont en train de plancher sur une proposition de loi. Donc, nous espérons que ça va marcher. Mais vous savez, on a tellement pris de douches froides depuis 20 ans qu’on préfère continuer le combat jusqu'à ce qu'on arrive à quelque chose de concret.
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