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Andalousie : des expulsions interdites

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Article rédigé par franceinfo
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L'industrie est très touchée.

En grande difficulté il y a quelques mois, l'Espagne a retrouve une capacité d'emprunt et le chômage est stable. Mais la population paye un très lourd tribut à la politique d'austérité. L'Andalousie a pris une mesure inédite. Les saisies immobilières sont suspendues. Les expulsions de familles endettées sont de fait interdites.

C'est un soleil trompeur. L'Andalousie est la région d'Espagne de leurs maisons chaque jour. Maria aurait pu être l'une d'entre-elles. Au chômage depuis 2 ans, elle ne peut plus payer son crédit. La banque a saisi son logement.

Ce sont mes cartons, au cas ou je devais partir.

Pourquoi, vous aviez prévu de partir.

0ui, je pensais qu'on allait m‘expulser. j'étais prête à faire mes valises.

Vous viviez dans la peur.

Oui, depuis un an et demi.

Désormais, elle n'a plus peur. Avec son mari et son fils de 15 ans, elle a été sauvée par une loi inédite votée par le gouvernement local. A sa tête, une coalition de gauche et d'extrême gauche de logements saisis. Ils pourront occuper les lieux, et le remboursement de leurs crédit sera suspendu 3 ans. Ce couple devait rembourser 500 euros par mois. Impossible avec leurs allocations.

Là, 343 euros et là, j'ai reçu 119 euros seulement.

Au lieu d'un crédit, ils devront payer un petit loyer à l‘Etat Un soulagement pour le couple. C'est ma maison sans être la mienne. Maintenant, je suis locataire.

On va avoir plus de temps pour trouver un travail et peut être reprendre les remboursements de notre crédit. Ici on vit bien.

Etre propriétaire, il y a 10 ans c'est un réve devenu réalité pour la moitié des Espagnols. Avec la crise, tout s'effondre. En Andalousie, le chômage atteint 36%. Une dizaine de propriétaires, accules par les dettes se suicident. Des milliers de personnes descendent dans les rues. Cette nouvelle loi est perçue comme un miracle.

Bien sûr que c'est nécessaire. Il y a trop de chômage, trop de gens sans maison.

On ne peut pas chasser les gens de leurs maisons, les jeter à la rue. Surtout quand ils ont payé un crédit des années.

Seules quelques familles ont été sauvées. Vrai coup de poing aux expulsions ou coup de pub ? Au ministère régional du logement, on assure que des centaines de foyers vont bénéficier de la loi. Un succès qui pourrait s'exporter.

Des pays comme l'Allemagne, la Grèce et même l'Italie nous ont contacté. Ils voudraient importer la loi.

Cette loi ne fait pas que des heureux. Premiers concernes, les banques et les promoteurs immobiliers refusent de se faire exproprier, même temporairement. Leur syndicat veut plaider l‘inconstitutionnalité de la loi.

Peut-on vraiment déposséder les banques alors qu'elles ne sont pas sorties de la crise ? Je crois que non, je ne suis pas avocat, mais ce sera aux juges de décider.

Ce qui va faire enrager les promoteurs et banques, c'est que le gouvernement ne compte pas s'arrêter là. Ces grands groupes possèdent plus de 700.000 appartements et maisons toujours vides. Dès l'automne, les autorités vont les obliger à les louer, sous peine d'amendes.

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