70e anniversaire du Débarquement : l'histoire d'un parachutiste
J.Bugier: Et avant le Mondial, l'autre événement planétaire attendu cette semaine, ce sont les commérations du Débarquement, 70 ans après. Ce sera vendredi prochain. Derrière les cérémonies, il y a bien sûr des histoires humaines, fortes, de tous ces soldats qui, ce 6 juin 1944, se sont battus pour la France, comme N.Thomasss, l'un des 1ers parachutistes largués en Normandie. Nous l'avons rencontré.
Il est un témoin exceptionnel de notre Histoire, intarissable sur tous les avions de guerre qu'il connaît bien. Du planeur que l'on voit ici au fameux avion du Débarquement avec lequel il a sauté sur les côtes françaises.
En Normandie, nous avions le C47, la plupart du temps.
Cet avion était considéré par l'état-major américain comme l'une des armes déterminantes pour gagner la Seconde Guerre mondiale. Cet homme remonte pour la 1re fois dans l'un de ces appareils, exposés pas très loin de Washington, en Virginie.
A l'époque, il n'y avait pas tout ce luxe! Pas d'isolation, pas ces sièges, mais juste des strapontins sur les côtés.
Le 6 juin 1944, volontaire à l'armée depuis 2 ans déjà, il se retrouve au milieu d'un groupe de 75 parachutistes de la 101e division aéroportée. Il ne saute pas très loin de la plage d'Utah. de communication. Une nuit meurtrière. Très vite, il est confronté a cette réalité et voit disparaître des collègues.
Ce qu'il y a de plus horrible dans la guerre, c'est d'être avec quelqu'un, d'avoir une conversation avec lui et, tout à coup, vous réalisez qu'il ne répond plus. Et puis, vous mettez un peu de temps à vous apercevoir qu'il est mort.
Une mémoire intacte et des souvenirs matériels conservés bien précieusement, comme cet insigne nazi, mais c'est d'un autre bout d'étoffe qu'il veut parler et qui lui a porté chance il y a 70 ans.
Ca, c'est un morceau de mon parachute. J'ai eu le temps de le découper après l'atterrissage. C'est le premier et unique saut de nuit que j'aie jamais fait. C'est aussi le meilleur atterrissage de ma vie.
Pourtant, les conditions météo étaient très mauvaises, cette nuit-là. Malgré tout, les parachutistes ont dû se lancer sans garantie de réussite.
Les pilotes se voyaient à peine. Il n'ont pas pu tenir leur formation. Ils ont dû se séparer. Les pilotes étaient aussi jeunes que nous. Ils n'avaient jamais vu de front de guerre de leur vie. Ils étaient aussi troublés et inquiets que nous l'étions.
Bon pied, bon oeil, cet homme est aujourd'hui âgé de 92 ans, et il est en pleine forme. Lui dont la vie aurait pu s'achever alors qu'il n'avait que 22 ans fait l'admiration de ceux qu'il rencontre.
Je l'appelle "mon héros".
Voici l'homme qui, j'espère, fera l'admiration de mes fils. Je voudrais qu'il devienne un modèle pour eux.
Ce héros quittera la Normandie à la fin de juin 1944, un des derniers témoins de cette page d'Histoire.
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