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Coupe du monde : comment les joueurs musulmans s'organisent pour le ramadan

Ils sont peu nombreux à être encore concernés pour cette compétition, mais doivent être prudents, en raison notamment des risques de déshydratation.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les joueurs algériens Rafik Halliche, Islam Slimani, Madjid Bougherra et Yacine Brahimi (de gauche à droite), célèbrent un but lors du match face à la Corée du Sud, pendant le Mondial au Brésil, le 22 juin 2014. (PEDRO UGARTE / AFP)

Le jeûne du ramadan débute samedi 28 ou dimanche 29 juin pour les musulmans. Peu de joueurs encore en lice pour la Coupe du monde sont concernés, mais ceux qui l'observeront malgré tout seront sous haute surveillance médicale. L'Algérie, le Nigeria, l'Allemagne ou la France, qui comptent des joueurs de confession musulmane, doivent prendre leurs précautions.

Ils reportent le ramadan, ou font l'impasse

"Ça me paraît très compliqué de respecter strictement le ramadan pendant une Coupe du monde", estime Claude Leroy consultant pour Radio France. Par le passé, il a accompagné les internationaux de la sélection d'Oman pendant un ramadan. "Pour les matches à 13 heures ou à 17 heures, comment voulez-vous faire, surtout pour l'hydratation ? C'est dangereux", juge-t-il.

Que disent les textes à ce sujet ? Tout est question d'interprétation et un imam peut aider les joueurs à se décider. Les musulmans, lorsqu'ils sont "en voyage", ont la possibilité de reporter leur mois de ramadan (comme peuvent le faire les femmes enceintes ou les personnes malades), à certaines conditions, décrites par le site al-kanz. Une solution qu'adoptent certains joueurs, dans les équipes où les musulmans ne sont pas majoritaires. Le sélectionneur français Didier Deschamps ne donne à ce propos aucune consigne aux Bleus. "On respecte la religion de tout le monde. Les joueurs ont l'habitude, ce n'est pas aujourd'hui que l'on découvre la situation", assure-t-il.

D'autres choisissent de s'abstenir totalement. C'est le cas du Français Bacary Sagna. "En tant que musulman, je sais que certaines lois permettent de l’éviter. Moi, je ne vais pas le faire, mais je respecte ceux qui vont le pratiquer", déclare le défenseur, selon L'Equipe. Le milieu de terrain allemand Mesut Özil, choisit, lui, de ne pas observer le ramadan cette année. "Je travaille et je vais continuer à le faire, explique-t-il. Donc je ne ferai pas le ramadan. C'est impossible pour moi de le faire cette année."

Ils changent de régime

Pour cette Coupe du monde, les Algériens ont à leurs côtés un imam et, surtout, l'ancien médecin du PSG, le docteur Hakim Chalabi. Il est l'un des référents de la Fifa sur le sujet du jeûne chez les footballeurs. "C'est une période où le risque de blessures augmente, notamment au niveau des lombaires, des articulations et des muscles", indique-t-il. Essentiellement en raison de la déshydratation et non de l'absence d'alimentation.

Autorisés à manger et boire une fois le soleil couché, les joueurs qui observeront le ramadan devront transformer leur alimentation pendant cette période. "Le niveau de nutrition doit changer. Il faut aussi modifier la qualité des aliments, afin de s'adapter à l'exercice. Les joueurs doivent mieux s'hydrater. Nous leur conseillons, en outre, d'allonger la durée de leur sieste pendant l'après-midi, afin de récupérer une partie de leur temps de sommeil [perdu au cours des repas nocturnes]", ajoute-t-il.

Ils misent sur le mental

Le capitaine algérien Madjid Bougherra l'assure : "C'est plus mental. Souvent, il faut montrer aux entraîneurs qui ne sont pas d'accord qu'on est là à 200%. J'ai pu être un peu boycotté à cause de ça, confie le défenseur passé par Gueugnon, Charlton, les Glasgow Rangers et qui évolue aujourd'hui au club qatari du Lakhwiya. On était trois ou quatre musulmans à l'entraînement, mais on était toujours les premiers en tests physiques. On s'en sortait sans problème."

Un constat étonnant relayé par Hakim Chalabi, qui a souvent observé ce phénomène de transcendance lors de ses séjours en Europe : "On nous demandait souvent d'inciter les joueurs à ne pas observer le jeûne, raconte l'ex-médecin du PSG. Mais curieusement, il y a des sportifs qui ont de meilleurs résultats pendant le ramadan parce que le jeûne est désiré. Cela peut même devenir une aide spirituelle et psychologique."

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