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Appel à "la discrétion" des musulmans, nationalité "disparue" à Saint-Denis... Chevènement cristallise les critiques

Une pétition a été lancée, lundi, par un député socialiste pour s'opposer à la nomination de l'ancien ministre à la tête de la Fondation pour l'islam de France. En cause : "Un florilège de propos graves concernant nos compatriotes de religion musulmane."

Article rédigé par franceinfo
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Jean-Pierre Chevènement le 29 août 2015 à Yerres (Essonne) lors de l'université d'été de Debout la France. (THOMAS SAMSON / AFP)

Il n'est pas encore officiellement nommé à la tête de la Fondation pour l'islam de France que son profil est déjà décrié. Une pétition a été lancée, lundi 29 août, pour s'opposer à la nomination de Jean-Pierre Chevènement à la tête de cette fondation. "Un florilège de propos graves concernant nos compatriotes de religion musulmane ont été tenus", estime le député socialiste de la 2e circonscription de Seine-Saint-Denis Mathieu Hanotin.

L'élu ajoute que son comportement n'est pas "sans rappeler l'arrogance de certains politiques de l'époque coloniale". Rappel des déclarations de Jean-Pierre Chevènement qui font polémique. 

Il conseille la "discrétion" aux musulmans

Dans un entretien au Parisien, le 15 août, l'ancien ministre de l'Intérieur déclare : "Le conseil que je donne dans cette période difficile – comme le recteur de la mosquée de Bordeaux  est celui de discrétion."  Un "conseil" problématique alors que les polémiques se succèdent autour du port du voile et désormais du burkini.

Et l'ancien ministre de poursuivre : "Les musulmans, comme tous les citoyens français, doivent pouvoir pratiquer leur culte en toute liberté. Mais il faut aussi qu'ils comprennent que, dans l'espace public où se définit l'intérêt général, tous les citoyens doivent faire l'effort de recourir à la 'raison naturelle'." Cette prise de position a ému de nombreux internautes, qui ont notamment manifesté leur indignation sur Twitter

"Je connais bien le monde musulman"

Lundi 29 août, sur France Inter, Jean-Pierre Chevènement récidive. Interrogé sur sa légitimité à présider la Fondation pour l'islam de France, il répond : 

Je connais bien le monde musulman. Je suis allé au Caire, à Alger, il y a quarante ou cinquante ans, la plupart des femmes ne portaient pas le voile. Mais il y a une tendance de fond qui correspond à la montée du fondamentalisme religieux. La majorité des femmes ne peuvent plus sortir dans la rue sans être voilées. Tout ça, ça traduit quelque chose qui se répercute aussi dans nos cités.

Jean-Pierre Chevènement

sur France Inter

Sur Twitter, le mot-dièse #JeConnaisBienLeMondeMusulman est aussitôt apparu pour moquer les déclarations de l'ancien ministre. 

La nationalité "disparue" de Saint-Denis

Toujours lundi sur France Inter, Jean-Pierre Chevènement déclare, en parlant de la ville de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) : "80% des enfants à l'école primaire ne maîtrisent pas le français." Avant d'ajouter : "Il y a à Saint-Denis, par exemple, 135 nationalités, mais il y en a une qui a quasiment disparu", sous-entendant, la nationalité française. Pourtant, les habitants de nationalité française sont largement majoritaires à Saint-Denis, comme le rappelle la chronique "Le Vrai du faux" de franceinfo

Les propos de Jean-Pierre Chevènement ont été dénoncés à gauche comme à droite. "S’agissant de 'la nationalité disparue', je ne peux pas interpréter autrement cette phrase que l’idée selon laquelle la nationalité française n’existerait plus à Saint-Denis, explique à BuzzFeed Stéphane Peu, maire-adjoint PCF de la ville de Saint-Denis. Comment peut-il dire cela ? Il définit donc la nationalité par la couleur de peau ? La nationalité française correspond à la race blanche selon lui ?"

Valérie Pécresse, la présidente de la région Ile-de-France s'indigne des propos tenus par Jean-Pierre Chevènement. "Ce qu'il dit est faux et totalement caricatural", a réagi l'élue Les Républicains, estimant que ce "sont des propos blessants pour tous ceux qui, en Seine-Saint-Denis, se battent pour faire vivre la République et pour faire vivre l'école. Sait-il qu'au lycée Suger de Saint-Denis, il y a des jeunes qui vont faire Sciences Po ? (...) C'est démotiver tous ceux qui se battent pour la République."

Ces propos posent vraiment la question de sa crédibilité et de sa nomination à la tête de la Fondation pour l'islam.

Valérie Pécresse

sur France bleu 107.1

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