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Délit d'entrave numérique à l'IVG : pour le Planning familial, "ce projet de loi est une nécessité"

Le projet de loi sur le délit d'entrave numérique à l'avortement doit être débattu à l'Assemblée nationale jeudi. Pour le Planning familial, le texte permettra aux femmes d'avoir accès à des informations "claires et objectives" sur l'IVG.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une femme consulte le site du gouvernement sur l'IVG, à Toulouse, le 17 mars 2015. (MAXPPP)

Marisol Touraine a estimé, mercredi 30 novembre, qu'il existait en France un "climat culturel qui tend à culpabiliser les femmes" souhaitant avorter. La ministre de la Santé répondait à une lettre de la Conférence des évêques de France, qui s'oppose au projet de loi pour élargir le délit d'entrave à l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Alors que le texte doit être débattu à l'Assemblée nationale jeudi, franceinfo a interrogé Veronica Noseda, coordinatrice nationale du Planning familial. 

Franceinfo : Partagez-vous le sentiment qu'il existe en France un "climat qui tend à culpabiliser les femmes" souhaitant avorter ?

Veronica Noseda : Il existe en effet une sorte de culpabilisation face à l'avortement, accompagnée d'une remoralisation de la sexualité des jeunes. Certaines femmes qui viennent nous voir ont un sentiment de honte face à l'IVG, l'impression qu'elles doivent justifier leur choix. Mais elles n'ont pas à donner d'explications ! C'est pour cela qu'elles viennent nous voir : pour obtenir un accompagnement sans jugement et parler de leur sexualité librement.

Quel regard portez-vous sur l'extension du délit d'entrave à l'IVG aux sites internet et aux publications en ligne ?

Ce projet de loi est une nécessité. Il s'agit d'un outil complémentaire dans l'arsenal dont nous disposons pour offrir aux femmes, et notamment aux jeunes, des informations claires et objectives sur l'IVG. Certains sites posent problème parce qu'ils culpabilisent celles qui veulent avorter, voire les manipulent en donnant de fausses informations qui peuvent influencer leur choix.

Des femmes viennent nous voir en ayant des peurs médicales infondées, comme celle de devenir stériles après un avortement. D'autres ont entendu dire qu'elles pourraient souffrir d'un traumatisme psychologique durant le reste de leur vie. C'est mal connaître la situation de femmes qui vivent souvent l'IVG comme un soulagement, même si leur situation est compliquée et qu'elles ne font pas ce choix de gaieté de cœur.

Que répondez-vous à la Conférence des évêques de France, qui estime dans un courrier au gouvernement que ce projet de loi est une atteinte à la liberté d'expression ?

Cet argument ne tient pas. Le courrier de la Conférence n'a d'ailleurs pas été censuré. Les évêques peuvent librement exprimer leur opposition à l'avortement, même si nous combattons ces opinions dans l'espace public. Ce projet de loi a un but simple et primordial : empêcher que l'on puisse entraver le droit à l'IVG par des stratégies malhonnêtes, en donnant des informations erronées sur cette procédure.

Le sujet de l'avortement a été abordé lors de la primaire de la droite : que pensez-vous de la place que prend l'IVG dans la campagne présidentielle ?

Le Planning familial se réjouit que certains hommes politiques affichent leur soutien sans faille au droit à l'avortement. Encore faut-il garantir l'exercice de ce droit par les politiques publiques. Plusieurs candidats veulent pourtant faire des coupes dans les dépenses de l'Etat, ce qui réduirait nécessairement les ressources des établissements où l'IVG peut-être réalisé.

Le rôle du Planning familial n'est évidemment pas d'attaquer ou d'adouber tel ou tel candidat. Mais nous serons intraitables sur l'analyse des programmes, qui doivent défendre les droits sexuels comme le droit à l'IVG ou l'accès à la contraception. Nous n'hésiterons pas à dénoncer les mesures allant à l'encontre de ces droits fondamentaux.

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