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Accusé de passivité après les attaques contre le "numéro anti-relous", le directeur de Jeuxvideo.com se défend

Environ 16 000 messages malveillants, qui proviendraient massivement d'utilisateurs du forum "Blabla 18-25 ans" du site de jeux vidéo, ont été envoyés pour saturer le service mis en place pour lutter contre le harcèlement sexuel.

Article rédigé par Vincent Matalon - propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le cofondateur du "numéro anti-relous" a déploré, lundi 30 octobre 2017, une attaque menée contre son service par des utilisateurs du forum "Blabla 18-25" de Jeuxvideo.com (ELLIOT LEPERS / TWITTER)

Elliot Lepers, l'un des deux militants féministes à l'origine du "numéro anti-relous" destinés aux victimes de harcèlement, ne cachait pas son dépit, lundi 30 octobre au soir.

En cause : un "raid", revendiqué sur Twitter par des internautes se réclamant du forum "Blabla 18-25 ans" du site Jeuxvideo.com, et destiné à saturer le service, qui a dû être désactivé temporairement.

Sur Twitter, plusieurs personnes ont pointé du doigt la responsabilité de Webedia, géant du web français et propriétaire du site Jeuxvideo.com depuis 2014. Dans un communiqué publié mardi 31 octobre, les créateurs du service ont également dénoncé un "silence [qui] a trop duré" de la part de l'entreprise, "alors que nombre de militantes ont subi des attaques similaires ces dernières années, en France et dans le monde".

Contacté par franceinfo, Cédric Page, directeur de la division "gaming" de Webedia et du site incriminé, se défend de toute inaction de la part de ses équipes.

Franceinfo : Des internautes se revendiquant du forum "Blabla 18-25 ans" de Jeuxvideo.com se sont vantés sur Twitter d'avoir saturé le numéro "anti-relous" mis en place par des militants féministes. Quelle est votre réaction ?

Cédric Page : Ce n'est pas très intelligent, et Webedia condamne bien sûr ces agissements, même si tous ceux qui se sont réclamés du forum sur les réseaux sociaux n'en font pas forcément partie.

En tant qu'hébergeur de Jeuxvideo.com, nous prenons toutes les mesures possibles pour empêcher que ce type d'action soit organisé sur nos forums. Dès qu'un appel à ce type de "raid" nous est signalé, nos équipes le modèrent. Ce n'est pas forcément simple, car 200 000 messages y sont publiés par jour. Je tiens également à rappeler que ce qui s'organise sur d'autres réseaux, comme Twitter ou Facebook, n'est bien sûr pas de notre ressort.

Ce n'est pas la première fois que ce forum fait parler de lui. En juillet, certains membres ont essayé de faire croire à la mort de l'interprète de Dewey dans la série Malcolm et, en août, d'autres ont piraté la boîte mail d'une mairie de Seine-et-Marne pour déclarer la guerre aux Etats-Unis. Il ne s'agit là que d'exemples récents : comment limiter ces abus ?

C'est une communauté très active, qui trouve un certain amusement dans ce genre d'activités. Nous condamnons évidemment ce qui relève de l'illégal, et nous collaborons très régulièrement avec la police, lorsque celle-ci nous sollicite pour rechercher des suspects.

Nos équipes de modérateurs interviennent par ailleurs lors de tables rondes organisées par les autorités pour prévenir les comportements à risque sur internet. En plus de ces employés, la modération est aussi confiée à plus de 400 volontaires bénévoles, qui agissent quotidiennement pour traiter les messages problématiques.

Enfin, nous avons mis en place des bots qui scannent les forums à la recherche de messages contraires au règlement. 

Entre les abus fréquents et l'utilisation de références contestables, comme des montages mettant en scène Alain Soral ou Henry de Lesquen, ne vous sentez-vous pas dépassé par le "18-25" ?

Je réfute l'idée selon laquelle il s'agirait d'un humour douteux propre à Jeuxvideo.com. Ce forum est le premier réseau social chez les jeunes en France, et ce qu'on y trouve est simplement l'expression de cette jeunesse. 

Sur ce forum, comme dans le reste de la société, ce sont souvent les positions les plus extrêmes qui suscitent le plus de réactions, et qui sont donc les plus visibles. Mais encore une fois, dès que nous avons connaissance d'un contenu contraire à la loi, nous intervenons, même si cette modération se fait effectivement a posteriori. Mais si ces "mèmes" sont réutilisés ensuite sur Twitter ou Facebook, nous n'y pouvons rien.

Je me félicite tout de même que ces échanges aient lieu sur notre plateforme, où les efforts en termes de modération sont conséquents, plutôt que sur d'autres réseaux sociaux moins regardants à ce sujet.

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