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Sciences, maths, égalité des chances... Découvrez le niveau des élèves français selon la nouvelle enquête Pisa

L'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a publié mardi, son évaluation triennale des compétences des adolescents de 15 ans dans les pays développés. Franceinfo revient sur ce document très attendu dans le monde éducatif.

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Des élèves attendent avant de discuter avec l'astronaute Samantha  Cristoforetti installée dans la Station spatiale internationale, le 19 mars 2015, dans un lycée de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine). (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Comme tous les trois ans, l'Organisation de la coopération et du développement économique (OCDE) a publié, mardi 6 décembre, sa rituelle enquête Pisa, qui évalue les compétences des élèves de 15 ans. Plus de 540 000 adolescents représentatifs de 72 pays ou entités économiques ont participé au cru 2015, principalement axé sur les sciences. Franceinfo décrypte ce qu'il faut en retenir pour les adolescents français.

Sciences et maths : encore des difficultés

Le classement général. Les méthodes dites de "Singapour" pour l'apprentissage du calcul vont encore s'envoler en librairie, tant la cité-Etat règne sur le classement. Elle est première de la classe en sciences, avec 556 points (+7 points), devant le Japon, l'Estonie, Taïwan, la Finlande (tous au-dessus de 530 points). Viennent ensuite Macao, le Canada, le Vietnam et Hong Kong.

Même peloton de tête pour les maths. Singapour confirme sa suprématie, avec 564 points, suivi par Hong Kong (548 points), Macao (544 points), Taïwan (542 points), le Japon (532 points) et les villes chinoises de Pékin, Shanghai, Jiangsu et Guangdong (532 points). Ces villes asiatiques se caractérisent aussi par une forte proportion de très bons matheux : "A Pékin, Shanghai, Jiangsu, Guangdong , à Hong Kong, à Singapour et au Taipei chinois, plus d’un élève sur quatre est très performant en mathématiques", martèlent les auteurs de l'étude.

Et la France ?  Difficile pour un pays entier d'égaler les surperformances de cités très compétitives, jugées sur un périmètre bien plus restreint. Mais l'appréciation globale n'est guère flatteuse : "Les résultats en France à l’enquête OCDE-Pisa 2015 en sciences, mathématiques et compréhension de l'écrit sont moyens et ne montrent guère d'amélioration par rapport aux cycles précédents."

Avec un score de 495 points en sciences, la France se situe, avec l'Autriche, les Etats-Unis et la Suède, dans la moyenne des pays développés (493 points). Petite consolation, ce n'était pas le cas pour les trois dernières enquêtes. Elle suit l'Allemagne et la Belgique, qui dépassent les 500 points, mais devance l'Italie. Si 8% des élèves de 15 ans en France sont jugés très performants (chiffre stable depuis 2005, et égal à la moyenne de l'OCDE) et 21% performants (contre 19% dans l'OCDE), 22% sont en difficulté (soit une augmentation de 1 point depuis 2006). 

En maths, la France décroche tout juste un 10/20 (493 points, contre 490 points pour la moyenne de l'OCDE). Une performance stable "par rapport à Pisa 2012, qui était en fort recul par rapport à l'évaluation Pisa 2003, où le score des élèves de 15 ans en France atteignait 511 points", rappelle l'organisme. La France a dévissé il y a une dizaine d'années, et l'enquête TIMSS, plus cruelle encore que Pisa, classe les élèves français âgés de 10 ans bons derniers de l'Union européenne. Autre point noir : le nombre d'élèves en difficulté atteint 24% (contre 17% en 2003 et 22% en 2012), et la France compte de moins en moins d'élèves très performants (11% en 2015, contre 17% en 2003 et 22% en 2012).

Compréhension de l'écrit : en progrès

Le classement général. Singapour se distingue encore (535 points), suivi par le Canada, Hong Kong, la Finlande et l'Irlande (tous au-dessus de 520 points). En moyenne, déplore l'étude, "dans les pays de l’OCDE, 20% environ des élèves n’atteignent pas le seuil de compétence en compréhension de l’écrit. Ce pourcentage n’a pas évolué depuis 2009".

Et la France ? En progrès : elle affiche, cette année, un score de 499 points, légèrement supérieur à celui de l'OCDE (493 points) et en hausse de trois points depuis 2009. Cette progression a une double explication : les garçons ont obtenu de meilleurs résultats dans cette discipline, et la proportion d'élèves très performants a augmenté.  

"Comme pour les mathématiques, l’ensemble des élèves performants et très performants (niveau 4, 5 ou 6) représente environ un tiers de l’ensemble des élèves", précise l'étude. L’écart de performance en compréhension de l’écrit entre les garçons et les filles a diminué entre 2009 et 2015, mais "reste très important en France, avec une différence de score de 29 points en faveur des filles", ajoute-t-elle.

Egalité des chances : zéro pointé 

Le classement général. Un très bon niveau d'éducation ne nuit pas à l'équité, relève l'étude, exemples à l'appui. "Le Canada, le Danemark, l’Estonie, Hong Kong (Chine) et Macao (Chine) se distinguent par des niveaux élevés de performance, ainsi qu’un rendement de l’éducation plus équitable", souligne l'enquête Pisa.

Mais l'injustice reste la règle : les élèves défavorisés "sont près de trois fois plus susceptibles que leurs pairs favorisés de ne pas atteindre le seuil de compétence en sciences", même si 30% d'entre eux "déjouent les pronostics et obtiennent des scores élevés". En cette fin de mandat présidentiel pour Barack Obama, un satisfecit est décerné aux Etats-Unis, pays où "le degré d’équité a connu la progression la plus remarquable" depuis 2012. 

Et la France ? Constat sans appel et renouvelé enquête après enquête : la France est un des pays où les inégalités sociales prédéterminent le plus l'échec scolaire. "Près de 40% des élèves issus de milieux défavorisés sont en difficulté",  remarquent les auteurs de l'étude. Avant d'enfoncer le clou : "Plus on vient d'un milieu défavorisé en France, moins on a de chances de réussir à l'évaluation Pisa 2015." 

Même discrimination pour les enfants issus de l'immigration. Leur score est inférieur de 62 points à celui des autres élèves (contre 43 points en moyenne OCDE). Enfin, déplore l'étude, "les élèves de 15 ans des milieux les plus défavorisés son surreprésentés dans les filières professionnelles".

Egalité des sexes : en progrès, mais peut mieux faire

Le classement général. Médaille d'or décernée à la Finlande, "le seul pays où les filles sont plus susceptibles d’être très performantes que les garçons" en sciences. Parmi les trois domaines d’évaluation de l’enquête Pisa (sciences, mathématiques et compréhension de l’écrit), les sciences sont d'ailleurs "celui où les écarts de performance entre les filles et les garçons sont les plus faibles". "Ce constat indique que les écarts de performance entre garçons et filles ne sont pas dus à des différences d’aptitudes innées", poursuivent-ils.

Mais les inégalités persistent : le pourcentage d’élèves très performants en sciences reste "plus élevé chez les garçons que chez les filles". Et les clichés ont la vie dure : "En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 25% des garçons et 24% des filles ont indiqué qu’ils envisageaient d’exercer une profession scientifique.Toutefois, les disciplines scientifiques que les élèves privilégient varient entre les sexes : les filles aspirent plus à exercer une profession en rapport avec la santé, tandis que, dans la quasi-totalité des pays, les garçons s’imaginent plutôt informaticiens, scientifiques ou ingénieurs". 

Et la France ? L'écart entre garçons et filles s'est tellement réduit en sciences et en maths qu'il n'est plus "significatif", estiment les auteurs de l'étude. Faut-il s'en réjouir sans arrière-pensées ? Cette réduction est surtout liée à une légère baisse du niveau masculin, et les garçons sont toujours surreprésentés chez les élèves très performants... comme chez ceux en difficulté. 

Autre bémol : ce fossé moindre ne se traduit pas par un engouement des filles pour les carrières scientifiques. "Près d'un garçon sur quatre en France pense travailler dans le domaine scientifique, contre moins d'une fille sur cinq. Ces chiffres situent la France nettement en deçà de la moyenne des pays de l'OCDE pour les filles, où ces dernières envisagent de travailler dans le domaine scientifique à proportion quasi-égale avec les garçons", assène l'étude. L'enquête montre aussi que les filles demeurent pénalisées par un fort manque de confiance en elles sur les sujets scientifiques, qui ne s'explique pas par leurs résultats.

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