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Les mystérieux "cercles de fée" pourraient être l'œuvre de termites mais aussi de plantes

Un article scientifique paru dans la revue "Nature" livre une double hypothèse pour expliquer la formation de ces formes étranges, présentes sur plusieurs continents.

Article rédigé par franceinfo
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Des "cercles de fée" dans le désert namibien, en 2016. (THOMAS DRESSLER / BIOSPHOTO / AFP)

C'est un phénomène étrange, observé dans quelques points du globe. Au Brésil, en Afrique du Sud, en Namibie, en Australie... La végétation ambiante dessine parfois des cercles sur le sable. Pour comprendre de quoi il retourne, il faut parfois prendre un peu de hauteur, comme ici en 2016, dans le désert namibien.

Le contour de ces cercles est aussi clair que leur origine est floue. Traces de pas laissés par des géants, bulles de feu rejetées par des dragons... Ces formes ont stimulé l'imagination du peuple Himba depuis des siècles, racontait la BBC (en anglais) en 2014, dans un sujet consacré au phénomène. Mais ces explications, bien sûr, ne convainquent pas les scientifiques. Ceux-ci ont développé deux grandes hypothèses.

La thèse des termites et celle des plantes

Certains chercheurs assurent que ces cercles sont dessinés par les termites, ces petits insectes grignoteurs. "Que ce soit en Namibie, en Angola ou en Afrique du Sud, ce sont les seuls organismes dont j'ai trouvé des traces dans chacun des cercles que j'ai étudié pendant huit ans", déclare le botaniste Norbert Jürgens, de l'université d'Hambourg, dans un article paru en 2013 dans Science (en anglais), cité par Le Figaro.

L'autre thèse a été développée après une étude menée en Australie. Selon Stephan Getzin, entre autres, ces paysages résultent d'une compétition entre les plantes pour recueillir l'eau. Les plantes aux racines les plus profondes en font bénéficier leurs voisines aux dépens des plus éloignées. Peu à peu, le paysage s'organise en cercles d'herbes, capables de drainer l'eau depuis un réservoir central, où les graines ne peuvent plus germer.

Un "cercle de fée" en Australie, étudié par Stephan Getzin. (STEPHAN GETZIN / DPA)

Mais voilà qu'un article paru dans la revue Nature (en anglais) offre une réponse étonnante, en donnant satisfaction aux deux camps. Corina Tarnita et Rob Pringle, deux chercheurs de l'université de Princeton, expliquent que deux colonies de termite, quand elles sont voisines, établissent une frontière. Cette compétition peut donc déboucher sur un motif régulier, et les deux scientifiques citent d'ailleurs des exemples en Arizona, au Brésil, au Mozambique ou en Australie.

La double explication ne convainc pas tous les chercheurs

Mais pourquoi se contenter d'une seule explication ? Avec leurs données recueillies sur quatre continents, et Corina Tarnita et Rob Pringle défendent la thèse d'une double mosaïque : celle créée par les termites et celle créée par les plantes. Les termites creusent des galeries, et le sol peut alors contenir davantage d'humidité. Mais impossible pour les plantes d'y germer. Les herbes doivent se développer autour pour plonger leurs racines près des galeries.

Les chercheurs ont travaillé avec un mathématicien pour mettre au point des modélisations. Celles-ci ont fait apparaître un second motif caché dans les touffes d'herbe, jusqu'ici négligé et jamais évoqué. Une fois dans le désert namibien, les chercheurs ont bien été observé ce second motif. Une preuve, selon eux, que leur modèle mathématique est fiable. Termites et plantes travaillent de concert à raconter un bien joli conte de fées.

Stephan Getzin, lui, n'est toujours pas convaincu. Cité par le New York Times (en anglais), le chercheur souligne que les termites de sable sont absentes en Australie. D'autres chercheurs contactés par le quotidien américain, enfin, rappellent que la double thèse est trop dépendante d'une modélisation mathématique de l'effet termites, quitte à négliger les vrais insectes. En résumé, les fées ont sans doute encore bien des secrets.

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