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Quels produits toxiques trouve-t-on dans les tampons et serviettes hygiéniques ?

Le magazine "60 millions de consommateurs" a comparé 11 produits d'hygiène féminine. L'analyse a révélé des traces de substances toxiques dans tous les tampons.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le magazine "60 millions de consommateurs" a analysé 11 références de protections hygiéniques.  (ALICE S. / BSIP / AFP)

Dioxines, glyphosate, dérivés de chlore… Les fabricants n'ont pas l'obligation d'afficher la composition des protections hygiéniques féminines mais le magazine 60 millions de consommateurs publie, mardi 23 février, un tableau comparatif de la composition de 11 produits (tampons, serviettes hygiéniques et protège-slips). Le résultat est sans appel : les trois types de tampons analysés contiennent des résidus toxiques et les autres protections ne sont pas totalement épargnées.

Les teneurs observées sont faibles mais les molécules dangereuses… et l'exposition récurrente. "Faut-il rappeler que les femmes portent ces articles en moyenne cinq jours par mois pendant environ quarante ans ?" interroge le magazine. Soit 2 400 jours, ou six ans et demi, dans la vie d'une femme. 60 millions de consommateurs a donc choisi "d'alerter les pouvoirs publics" et de publier une liste des matières premières utilisées dans les références analysées.

Francetv info détaille ces substances et leurs conséquences sur la santé.

Des dioxines, classées cancérogènes, dans des tampons

C'est quoi ? Des composés chimiques, issus de processus industriels, que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) définit comme "des polluants organiques persistants dans l'environnement". Les dioxines sont omniprésentes, notamment dans l'alimentation. Tous les humains y sont exposés, en permanence, à faible dose.

Comment c'est arrivé là ? Les dioxines retrouvées dans les produits d'hygiène féminine pourraient provenir de la fabrication des pesticides employés pour le coton ou bien de l'étape du blanchiment des fibres. Mais selon 60 millions de consommateurs, l'Agence américaine des produits alimentaires et pharmaceutiques (FDA) a détecté ces dioxines dès 2009 dans des tampons et exigé des fabricants de fournir des informations sur "les processus de purification de la pulpe de bois, qui sert à fabriquer la viscose". Cette soie artificielle, économique, faisant partie de la composition des tampons.

C'est dangereux ? Les dioxines sont très toxiques. Elles font partie des perturbateurs endocriniens et peuvent provoquer des problèmes de procréation, du développement, léser le système immunitaire, interférer avec le système hormonal et causer des cancers, selon l'OMS. Toutefois, "le risque cancérogène serait négligeable en deçà d'un certain niveau d'exposition", précise 60 millions de consommateurs.

Des cousins du chlore, irritants, dans des tampons

C'est quoi ? Brome, iode, chlore… Les "composés organiques halogénés" (AOX) repérés par l'enquête de 60 millions de consommateurs dans une référence de tampons, sont des molécules qui contiennent l'un de ces membres de la famille du chlore.

Comment c'est arrivé là ? Probablement au cours du processus de blanchissement des produits.

C'est dangereux ? Les données manquent. "Leur toxicité n'a, pour l'heure, pas été établie. Leur présence reste cependant indésirable", explique le magazine. Le chlore et le brome, utilisés dans les piscines, peuvent notamment être irritants. En outre, l'OMS recommande de mettre "un frein très net à l’utilisation des dérivés du chlore et du brome" qu'elle lie à la destruction de la couche d'ozone.

Un herbicide dans des protège-slips en coton bio

C'est quoi ? Le glyphosate est tout simplement "la substance active du Roundup", explique 60 millions de consommateurs. Il s'agit d'un désherbant total, qui ne sélectionne pas les herbes qu'il tue. 

Comment c'est arrivé là ? "Retrouver cet herbicide dans une référence qui revendique l'utilisation de coton biologique est surprenant", poursuit le magazine, qui évoque la possibilité d'"une contamination accidentelle", soit dans un champ, soit au moment du stockage.

C'est dangereux ? Depuis 2015, le glyphosate est classé "cancérogène probable" par le Centre international de recherche sur le cancer (PDF, en anglais). Ce classement est contesté par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), qui juge "improbable" le risque de cancers, vu les conditions dans lesquelles le glyphosate est utilisé.

Des insecticides dans des serviettes hygiéniques

C'est quoi ? Le magazine évoque enfin la présence de "pesticides organochlorés" dans une marque de serviettes hygiéniques. Ces pesticides, dont le DDT, sont efficaces contre de nombreux insectes, selon l'Institut de veille sanitaire (InVS). Beaucoup de ces produits chimiques, introduits dans les années 1940, ne sont plus autant utilisés en France mais d'autres pays continuent à les utiliser. On les trouve, comme les dioxines, dans les émissions industrielles.

Comment c'est arrivé là ? 60 millions de consommateurs se demande justement "comment ces traces d'insecticides se retrouvent dans un produit constitué de fibres de synthèse et de cellulose".

C'est dangereux ? Les effets sur la santé d'une exposition aux pesticides organochlorés sur la population générale aux niveaux actuels d'exposition sont mal connus, mais ils sont considérés comme des perturbateurs endocriniens des fonctions de reproduction. Reste à savoir si les muqueuses vaginales absorbent ces substances ou parviennent à les bloquer.

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