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Macron vs Le Pen : en santé, tout les oppose ou presque

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Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
France Télévisions
Emmanuel Macron, candidat du mouvement "En Marche", et Marine Le Pen, candidate du Front national, sont arrivés en tête du premier tour de l'élection présidentielle. Sur de nombreux sujets comme l'Europe, tout les oppose. Mais qu'en est-il de leur programme santé ? Le point avec Rudy Bancquart.

Aucun des deux candidats ne promet de grands bouleversements en matière de santé. Leur but affiché est de préserver, sauver et pérenniser notre système de santé. Mais Emmanuel Macron et Marine Le Pen s'opposent sur les moyens et la philosophie pour y arriver. Emmanuel Macron souhaite redynamiser l'économie française et faire financer notre système par la CSG (et non plus par les cotisations maladie). Marine Le Pen, elle, souhaite faire des économies en réservant les soins aux seuls Français, la préférence nationale est le leitmotiv du FN.

Lorsque le candidat du mouvement "En Marche" fait de la prévention un point central de son projet en proposant par exemple de créer un service sanitaire de trois mois pour les étudiants en santé. Le but étant d'intervenir dans les écoles, les entreprises pour des actions de prévention. La candidate du Front national, elle, est sur un tout autre registre. Sa priorité est de lutter contre la fraude. Pour cela, elle propose par exemple de combattre les arrêts maladie de complaisance ou encore d'instaurer une nouvelle carte Vitale biométrique combinée à la carte d'identité.

Cela donne donc au final deux visions différentes, d'un côté un modèle préventif et de l'autre un modèle répressif et moins solidaire.

L'Assurance maladie vue par les deux candidats

Du côté de l'Assurance maladie, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont pris des engagements s'ils étaient élus notamment concernant les remboursements. Le candidat du mouvement "En Marche" promet un remboursement à 100% des lunettes, des prothèses auditives et dentaires ainsi que du traitement des formes sévères d'hypertension artérielle supprimé sous le gouvernement Fillon.

Ces mesures ne seraient pas supportées par la Sécurité sociale, mais par les complémentaires santé et sans augmenter leur prix. Il s'agit d'un pari car pour y arriver, les mutuelles devront obligatoirement proposer trois contrats-types transparents et surtout lisibles par l'assuré, c'est-à-dire avec les mêmes prestations. Cela permettra selon lui plus de concurrence entre les assurances santé et ainsi de faire baisser les prix et garantir un remboursement à 100% de ces soins. Plus généralement, Emmanuel Macron ne souhaite aucun déremboursement de soins pendant les cinq prochaines années.

De son côté, Marine Le Pen est beaucoup plus floue sur l'avenir de l'Assurance maladie. Pour la candidate du Front national, pas question de rembourser plus, mais elle s'engage à ne pas réduire la prise en charge des soins de l'Assurance maladie. Elle s'oppose à la privatisation de notre système de santé. Toutefois, ses propositions ne nous éclairent en rien pour savoir comment les Français vont faire face à des coûts de santé qui ne cessent d'augmenter. Cette facture est d'autant plus lourde pour les budgets serrés des populations les moins aisées et pourtant, ce sont ces populations qu'elle prétend défendre. Il y a donc quelque chose qui ne fonctionne pas.

Quelles sont leurs propositions pour l'hôpital ?

Les deux candidats souhaitent plus de coordination entre la médecine de ville et l'hôpital pour désengorger ce dernier. Tout le monde est d'accord avec cette proposition mais il faudra que le prochain président s'y attelle vraiment et qu'il ne s'agisse pas que d'un effet d'annonce.

En revanche, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ne sont pas d'accord sur les GHT (groupement hospitalier de territoire). L'idée est de créer des pôles très spécialisés plus performants dans un secteur donné. En clair, les patients ne seront pas forcément soignés dans l'hôpital le plus proche mais dans le plus performant de son secteur. Cette organisation permet aussi aux hôpitaux de partager les coûts. Il s'agit d'un changement majeur dans l'organisation des soins en France.

Emmanuel Macron souhaite accélérer ces GHT tandis que Marine Le Pen les refuse et souhaite maintenir les hôpitaux de proximité qui ne sont pas toujours sûrs pour les patients. Cette réforme est déjà engagée depuis juillet 2016, la candidate du Front national veut donc un retour un arrière, ce qui ne semble pas forcément possible.

Concernant le financement de l'hôpital, le candidat du mouvement "En Marche" veut revoir le mode de financement : la T2A. Aujourd'hui, les ressources de l'hôpital dépendent du nombre et de la nature des actes et des séjours réalisés. Il souhaite y inclure une part forfaitaire, une espèce d'enveloppe. Ainsi, l'hôpital n'aurait plus cet objectif de rentabilité à tout prix qui pousse parfois à l'absurde comme multiplier les actes rentables. Il souhaite aussi un plan d'investissement de cinq milliards d'euros. Marine Le Pen souhaite de son côté augmenter les effectifs de la fonction publique hospitalière sans revoir le financement de l'hôpital et sans expliquer où elle trouve les ressources nécessaires.

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