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Grève des infirmiers : les raisons de la colère

Infirmiers, aides-soignants, agents administratifs et autres personnels hospitaliers sont appelés à se mobiliser ce 8 novembre "contre la dégradation de leurs conditions de travail et les pressions budgétaires", sources "d'un ras-le-bol grandissant", selon leurs syndicats.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Un "ras-le-bol" général

Fermetures de services, manque de personnels, accroissement de l'activité, course à la rentabilité : les facteurs contribuant au mal-être, voire à l'épuisement des personnels hospitaliers, sont nombreux, selon leurs représentants. Pour dénoncer cette situation l'intersyndicale FO-CGT-SUD de la fonction publique hospitalière – rejointe par la CFTC et près d'une vingtaine d'organisations d'infirmiers salariés et libéraux – a fixé la date du 8 novembre pour une grève nationale.

"Les conditions de travail des salariés se dégradent considérablement", a expliqué à l'AFP Mireille Stivala, secrétaire générale de la fédération CGT Santé et action sociale. "Cela ne peut plus durer".

"On est en compression budgétaire permanente depuis une dizaine d'années", renchérit Jean Vignes, son homologue de SUD Santé Sociaux. 

"Il y a vraiment une exaspération prégnante à l'hôpital, partagée" par toutes les catégories de professionnels, souligne Denis Basset (FO), rappelant que l'intersyndicale de praticiens Avenir Hospitalier, entre autres, soutient le mouvement.

Les suicides de soignants dans tous les esprits

"On voit des gens en pleurs dans les services parce qu'ils ont peur de mal faire leur travail", témoigne Marie, aide-soignante de 38 ans dans le Loiret. "Cela devient de plus en plus dur de se concentrer sur les patients", déplore-t-elle, soulignant le décalage entre les exigences des directions et la réalité du terrain.

Les suicides de plusieurs soignants cet été, dont au moins cinq infirmiers, ont mis en lumière un malaise profond, selon l'intersyndicale, qui affirme que les drames "se multiplient", certains restant "sous silence".

Elle réclame pêle-mêle "l'arrêt des fermetures de lits et des suppressions de postes", l'"abandon" du plan d'économies de "3,5 milliards d'euros" sur trois ans d'ici 2017, ou encore "l'abrogation de la loi santé" qui a instauré les groupements hospitaliers de territoire (GHT), faisant craindre des restructurations. Autant de revendications déjà anciennes.

Étudiants et libéraux rejoignent le mouvement

De leur côté, 18 organisations d'infirmiers salariés, libéraux ou étudiants, ont choisi les mêmes date et parcours parisien pour "s'unir dans un même mouvement de colère", une première "depuis 1988", selon le collectif. Là encore, "manque de reconnaissance" et conditions de travail "déplorables" font partie des griefs.

"On veut être entendu et on veut des annonces concrètes", résume Nathalie Depoire, la présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI), déjà à l'origine d'un mouvement de grève en septembre, qui n'avait été suivie que par 1,45% des infirmiers hospitaliers, selon le ministère. Mme Depoire espère une meilleure mobilisation, rappelant toutefois les hôpitaux peuvent "assigner les personnels pour assurer la continuité des soins", ce qui les empêchera, de fait, de manifester.

De la même façon, les infirmiers libéraux ne "vont pas abandonner leurs patients", fait valoir Annick Touba, la présidente de leur syndicat national (Sniil).

Marisol Touraine sur la défensive

Jusqu'ici, la ministre Marisol Touraine a été relativement épargnée par la grogne du secteur public, malgré la situation "explosive" dénoncée par les syndicats. Une grogne qui s'est surtout traduite par des mouvements de grève catégoriels ou locaux. 

Interrogée dimanche soir sur BFMTV concernant la mobilisation, Mme Touraine a rappelé que "depuis 2012, l'hôpital c'est 10 milliards d'euros de plus", et que "les infirmières, par exemple, ont eu des revalorisations qui vont de 250 à 500 euros par an". Elle a aussi souligné qu'il y avait eu sur la même période "des postes en plus" avec "31.000 soignants de plus à l'hôpital: 26.000 infirmières, 3.000 médecins, 2.000 aides-soignantes".

Pour autant, a-t-elle ajouté, "je sais que des efforts considérables sont portés et que les conditions de travail sont parfois difficiles".

"Je suis très attentive à ce qu'on mette en place des moyens d'accompagner au quotidien les professionnels de santé à l'hôpital", a ajouté la ministre, rappelant qu'elle "annoncera autour de la fin du mois une stratégie d'ensemble" en ce sens.

avec AFP

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