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La greffe de tête, c'est pour bientôt?

Un neurologue italien affirme qu'une telle opération sera possible d'ici deux ans, notamment pour venir en aide aux personnes tétraplégiques.

Article rédigé par Jelena Prtoric
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le neurologue italien Sergio Canavero affirme qu'on pourra bientôt greffer des têtes humaines. (BRZI / GETTY IMAGES)

Comme un air de docteur Frankenstein. Le neurologue italien Sergio Canavero, de l'université de Turin, a annoncé dans la revue scientifique américaine Surgical Neurology International qu'il serait bientôt possible de greffer la tête d'un humain sur le corps d'un autre. Après les mains, les jambes et le visage, cette opération est-elle vraiment envisageable dans un futur proche ? Francetv info vous éclaire.

Y a-t-il eu des précédents?

Le médecin italien n'est pas le premier à avoir eu cette idée. Il s'est inspiré des travaux du chirurgien américain Robert White, qui a réussi à transplanter la tête d’un singe sur le corps d’un autre en 1970. La tête greffée a survécu pendant huit jours et l’animal, "quoique tétraplégique, avait l’usage de ses sens et une activité cérébrale", explique Michel Alberganti sur son blog Globule et télescope.

Une vidéo, en anglais, retrace ces expériences. Ames sensibles s'abstenir : certaines scènes peuvent choquer.

En 1999, Robert White prédisait que "ce qui a toujours été une affaire de science-fiction (…) sera une réalité clinique au début du XXIe siècle" – y compris pour les têtes humaines.

Comment se déroulerait l'opération ?

Le plus délicat dans une greffe de tête est de reconnecter les moelles épinières du donneur et du receveur. Pour Sergio Canavero, la manœuvre est moins complexe aujourd'hui, "grâce à l’utilisation de matériaux chimiques permettant de rétablir les liens entre les fibres nerveuses" explique-t-il au Matin.

Pendant l'opération, tout serait une question de vitesse : la tête devra être transférée sur le corps en une heure, soit le temps qu'un cerveau peut être conservé en état d'hypothermie sans subir de lésions irréversibles.

Mais l'essentiel reste de trouver un donneur et un receveur adéquats : celui qui bénéficierait du nouveau corps devrait être tétraplégique ou atteint d’un cancer ; le donneur devrait lui être en état de mort cérébrale, avec un corps intact.

Alors, le premier greffé, c'est pour quand ?

Si la théorie est au point, pour la pratique il faudra encore patienter au moins deux ans. Selon Sergio Canavero, c'est le temps nécessaire pour "monter et coordonner une équipe d’une centaine de personnes afin d'effectuer l’opération".

Or, celle-ci, qui pourrait sauver des vies, resterait extrêmement chère – une dizaine de millions d'euros, estime le neurologe – et suscite des questions éthiques. Même Sergio Canavero s'interroge : "Que se passera-t-il si un vieux milliardaire chinois réclame un nouveau corps ? Les médecins se serviront-ils dans les prisons, comme c'est le cas pour certains organes ?"

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