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Tout euro, tout éco. Autriche, l’ombre de Jorg Haider

Élections législatives anticipées en Autriche ce dimanche. Les Autrichiens vont choisir non seulement les députés qui siègeront au Nationalrat mais aussi leur chancelier.  Et ce scrutin réserve deux surprises.

Article rédigé par franceinfo, Lise Jolly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Débat télévisé entre Hans-Christian Strache ( à gauche ) et Sebastian Kurz ( à droite ) (MICHAEL GRUBER / APA-PICTUREDESK)

Lors des élections législatives anticipées en Autriche ce dimanche, les Autrichiens vont choisir non seulement les députés qui siègeront au Nationalrat mais aussi leur chancelier. Et ce scrutin réserve deux surprises.

Un futur chancelier de 31 ans 

La première, c’est que le futur chancelier, celui qui mène la danse dans les sondages, le conservateur Sébastian Kurz, n’a que 31 ans. En tant que dirigeant européen, Emmanuel Macron va prendre un coup de vieux ! La seconde, c’est que 17 ans après Jorg Haider, l’extrême droite est en position d’entrer à nouveau au gouvernement et revendique même le Ministère de l’intérieur pour mieux s’occuper des frontières et de l’immigration.

Son leader, Hans-Christian Strache, dont le nom claque comme un coup de fouet, veut vivre dans une Europe chrétienne comme il le déclarait récemment dans un débat télévisé. Son parti, le FPö, est anti-immigration comme le FN français ou l’AfD allemande, mais pro-européen. Le FPö pourrait donc bien gouverner à Vienne dans une coalition dirigée par les conservateurs de Sebastian Kurz. Comme dans les années 2000 où Jorg Haider était déjà entré au gouvernement et l’Autriche quasiment au banc de l’Europe, mais ça c’était avant…

Malgré un président vert

Le pays est au croisement de la route des Balkans et de l’Italie. Il a accueilli beaucoup de réfugiés depuis deux ans avant de refermer brutalement ses frontières, juste avant l’élection présidentielle. Mais cette crise des migrants pèse encore sur ce scrutin comme elle a pesé sur la présidentielle, il y un an. A cette époque, faire barrage à l’extrême droite était acceptable, se choisir un président vert, qui n’a qu’un rôle de représentation, n’était pas grave.

Cette fois, il s’agit de choisir le futur chancelier et l’exécutif du pays, ça n’est pas la même chose. L’étoile montante de la politique autrichienne, le conservateur Sebastian Kurz, va sans doute devoir s’allier avec le diable. Aujourd’hui ministre des Affaires étrangères, il tient d’ailleurs presque le même discours que le FPö de Strache : tenir les frontières. Un discours martelé au cours de la cinquantaine de débats télévisés qui ont émaillé cette campagne.

Conservateurs et extrême droite, quelle différence ?

La différence porte sur la conception de l’Europe. Sebastian Kurz, le conservateur, veut plus d’Europe. L’extrême droite, elle, veut une Europe où les États restent maîtres chez eux. Le FPö de Strache est proche de la Pologne, en ce qui concerne sa vision de l’Europe, proche du hongrois Orban, en ce qui concerne l’immigration. Et le parti vient de se rapprocher du groupe de Visigrad, cette Europe de l’Est où le nationalisme a le vent en poupe. Quant aux socio-démocrates du SPö, ils sont encore, mais plus pour longtemps, au pouvoir à Vienne dans une grande coalition droite-gauche qui gouverne depuis la guerre quasi sans interruption, ce qui fait monter les extrêmes. Mais ils sont en perte de vitesse comme un peu partout en Europe, pour avoir mené une campagne nauséabonde.

L’élection autrichienne montre en tout cas que cette crise des réfugiés déchire toujours l’Europe qui n’arrive pas à bâtir une politique commune d’immigration et de protection des frontières. Une crise des réfugiés qui réveille aussi les vieux démons européens.

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