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Histoires d'Info. En 1967, la surpopulation mondiale suscite des questions : "Doit-on choisir ceux qu'on va laisser mourir" ?

Mardi se déroule la Journée mondiale de la population. Dans les années 1960 déjà, la question de la surpopulation préoccupait et les discours les plus alarmistes se faisaient entendre.

Article rédigé par franceinfo, Thomas Snégaroff
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Jean Rostand, biologiste et écrivain, en 1962. (AFP)

La journée mondiale de la population de l'ONU se déroule mardi 11 juillet. Elle existe depuis la fin des années 1980 et s'attache à réfléchir sur les liens entre population, environnement et développement. Et cela nous a rappelé quelque chose. Longtemps en effet, les questions du lien entre population et développement ont été dominées par le malthusianisme qui suggérait qu'il fallait limiter la croissance démographique, les ressources étant pas nature limitées.

A la fin des années 1960, un livre du biologiste américain Paul Ehrlich tire la sonnette d'alarme. Il y offre une analyse catastrophiste, née de l'observation de l'explosion démographique lors des décennies précédentes. Il n'y avait que deux milliards d'habitants sur Terre dans les années 1930, il y en a presque deux fois plus quand le livre sort en 1968.

"Empêcher la prolifération"

Ce livre a un titre explicite, ou plus exactement un sous-titre. Ce titre, c'est La Bombe P, P comme population (en anglais, "The Population Bomb"). Le sous titre : "Sept milliards d'hommes en l'an 2000". Une projection des plus justes. Pour lui, sans contrôle drastique des naissances, d'immenses famines vont tuer des centaines de millions de personnes dans les années 1970 et 1980. Il propose par exemple de limiter les couples américains à deux enfants maximum, arguant que si le gouvernement peut contraindre un Américain à n'avoir qu'une femme, il peut également le faire quant à son nombre d'enfants !

En France, le débat est également présent en cette fin des années 1960. En 1967, le biologiste et académicien Jean Rostand évoque lui aussi, en des termes assez choquants, le péril de la surpopulation à l'occasion de la sortie de son livre Inquiétudes d'un biologiste : "Que faut-il faire contre ce péril alors ? Faut-il donner des pilules, faut-il empêcher la prolifération des êtres humains ? Il faut donc choisir et il faut donc à tout moment, selon cette phrase dramatique du professeur Hamburger, 'choisir ceux qu'on va laisser mourir'. On va agir, on va apprendre certainement à agir sur les gênes humains sur l'hérédité. Mais est-ce qu'il faudra, est-ce que nous oserons toucher à l'homme ?"

Gérer les ressources de la planète

Les théories malthusiennes ont largement été invalidées par la suite. Elles privilégiaient une vision statique des ressources naturelles et niaient le progrès technique ou l'explosion du commerce mondial. Reste qu'avec dix milliards d'habitants en 2050 selon les prévisions de l'ONU, la problématique de la surpopulation est plus que jamais d'actualité. Mais désormais, c'est surtout l'empreinte écologique qui inquiète...

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