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En direct du monde. L’Inde essaie de se laïciser en interdisant de faire de la religion un argument électoral

Un candidat à une élection en Inde ne pourra plus faire appel à la religion, la caste ou aux origines d'un citoyen pour l'inciter à voter pour lui. 

Article rédigé par franceinfo, Alexis Morel, Sébastien Farcis
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La Cour suprême à New Delhi, en Inde, en 2015. (MONEY SHARMA / AFP)

La Cour suprême indienne vient de statuer, lundi 2 janvier : un candidat à une élection ne peut pas faire appel à la religion, la caste ou les origines d'un citoyen pour l'inciter à voter pour lui. "Aucun homme politique ne peut solliciter des voix au nom d'une caste, d'une croyance ou d'une religion", a déclaré le premier président de la Cour, T.S. Thakur, rappelant que le processus électoral doit être un "exercice laïque". 

Cette décision pourrait avoir un poids important à la veille d'élections régionales importantes dans les mois qui viennent. C'est une très ancienne affaire qui est ainsi réglée. Cette question épineuse de la relation entre la religion et la politique a surgi plusieurs fois devant la Cour suprême depuis 20 ans, principalement pour essayer, justement, de limiter l'influence des thèmes hindouistes dans les campagnes électorales. Mais cette question n'avait jamais été complètement tranchée, même si l'Inde est officiellement laïque.

La rappel du principe de la laïcité 

En résumé, les juges ont affirmé que la relation entre un homme et son Dieu est personnelle et qu'un politicien n'a donc pas le droit de s'interposer dans un pays qui se déclare laïc. Cette décision, adoptée de justesse par quatre voix contre trois, interdit donc à tout candidat de faire directement référence à une religion, à une origine ethnique ou à une caste lors d'une campagne électorale et donc, on peut imaginer, d'avoir recours à des chefs religieux lors des meetings.

Une telle pratique serait considérée comme de la corruption et invaliderait l'élection d'un candidat, selon la plus haute cour du pays. Cette interdiction survient à un moment important : cinq États vont élire leurs assemblées régionales dans les deux mois qui viennent, dans les Etats de l'Uttar Pradesh, du Pendjab, de l'Uttarakhand, de Goa et de Manipur. L'Uttar Pradesh est l'Etat le plus peuplé du pays. Dans cette région, les candidats essaient régulièrement de diviser l'électorat entre les hindous et les musulmans, qui représentent le cinquième de la population régionale.

Une frontière floue entre religion, nationalisme et respect des traditions

Les partis politiques réussissent souvent à contourner les règles électorales, comme celle qui les oblige à déclarer les dons qu'ils reçoivent, et que personne ne respecte. Du reste, le courant religieux le plus politisé est l'hindouisme, à travers les nationalistes hindous qui dirigent le gouvernement national.

Or, ces derniers avancent souvent que l'hindouisme n'est pas une religion comme une autre, mais que c'est un art de vivre. Une question pointue à laquelle la Cour suprême n'a pas répondu, ce qui pourrait leur permettre d'éviter les remontrances de la justice s'ils mènent campagne sur le thème de la renaissance culturelle hindoue.   

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