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Vidéo "Envoyé spécial" décrypte les codes de la propagande jihadiste sur internet

Publié Mis à jour
Durée de la vidéo : 4 min
ENVOYÉ SPÉCIAL
Envoyé spécial. Décryptage de la jihadosphère ENVOYÉ SPÉCIAL (ELISE LE GUEVEL, MATTHIEU NIEWENGLOWSKI, GHISLAIN DELAVAL / FRANCE 2)
Article rédigé par franceinfo - Hela Khamarou
France Télévisions

"Envoyé spécial" du 5 mars a enquêté sur les méthodes utilisées par les jihadistes du groupe État islamique pour inciter de nouvelles recrues à rejoindre leurs rangs. Décryptage des mécanismes abusifs du groupe. Extrait.

En à peine un an, le mot "Daech" ou groupe État islamique s’est répandu dans les médias. Les membres de ce groupe jihadiste qui combat de l’Irak à la Syrie sèment la terreur partout où ils passent en commettant des actes barbares. Pourtant, lors de la prise de Mossoul en Irak, en juin 2014, ces hommes étaient moins nombreux que la police irakienne dans la ville. Alors comment ont-ils réussi à effrayer la population au point que celle-ci fuie sans même combattre l’ennemi ?

Une machine de guerre médiatique

La réponse repose sur le rôle essentiel dévolu par Daech aux images. La guerre médiatique y est presque plus importante que la guerre militaire. Un axe primordial qui permet au groupe État islamique de diffuser des vidéos de décapitation, de terreur, de destruction grâce à internet. C’est une guerre 2.0 où l’objectif est de s’adresser à un public le plus large possible. La terreur par l’image permet ainsi de modifier le rapport de force. Derrière ces vidéos, des sociétés de production ultraperfectionnées qui utilisent les mêmes codes et les mêmes matériels techniques que les chaînes d’information occidentales.

Ces images sont largement diffusées sur les réseaux sociaux, si bien que Twitter est devenu le principal vecteur de propagande du groupe État islamique. Ces plateformes de partage permettent d’abattre les frontières physiques et de ramener les conflits lointains (Syrie, Irak) aux portes de la France. Ces clips sont de réels ressorts marketing pour recruter de nouveaux jihadistes.

Décrypter la jihadosphère

Dounia Bouzar, anthropologue française spécialiste du "fait religieux", s’est donné une mission. Décrypter ces images de propagande afin d'éviter que de jeunes Français soient embrigadés par cet endoctrinement sectaire. Autour d’elle, des jeunes qui ont failli partir en Irak ou en Syrie. Calmement, elle déchiffre les méthodes de propagande où les jihadistes viraux font d’abord appel à des messages d’aide humanitaire pour pousser leur cible à basculer dans la théorie du complot et le passage à l’acte.

Une thèse soutenue par le sociologue Omero Marongiu-Perria. Selon lui, ces vidéos sont construites de telle manière que la future recrue passe de "la nécessité de partir" à "la nécessité de se sacrifier".

"On dépossède au fur et à mesure l’individu de son jugement critique pour qu’il soit au service d’un projet qui le dépasse. C’est dans ce sens là qu’on peut parler d’endoctrinement sectaire", explique-t-il.

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