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Trois raisons pour lesquelles Manuel Valls se lance dans la course à la présidentielle

Le Premier ministre a annoncé sa candidature lundi, depuis son fief d'Evry.

Article rédigé par Vincent Matalon, Sophie Brunn
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le Premier ministre Manuel Valls lors d'une visite sur l'île de Groix (Morbihan), le 1er octobre 2016. (LOIC VENANCE / AFP)

Au tour de Manuel Valls d'enfiler les gants. Quatre jours après le renoncement de François Hollande à se présenter à l'élection présidentielle, le Premier ministre s'est rendu dans son fief d'Evry (Essonne), lundi 5 décembre, pour annoncer sa candidature à présidentielle.

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"Le temps est venu d'aller plus loin dans mon engagement" politique, a déclaré le chef du gouvernement, précisant qu'il démissionnerait de Matignon dès mardi pour se consacrer à la campagne pour la primaire de la gauche, organisée les 22 et 29 janvier.

Pourquoi Manuel Valls, qui devra incarner le bilan d'un quinquennat contesté, a-t-il choisi de se lancer dans une bataille qui s'annonce compliquée ? Franceinfo récapitule en trois points.

1Il veut faire triompher sa ligne au sein du PS

Depuis sa candidature à la primaire socialiste de 2011, au cours de laquelle il avait recueilli un modeste score de 5,6%, Manuel Valls incarne sans ambiguïté l'aile droite du PS. Et même s'il prône désormais le rassemblement de la gauche pour faire barrage à François Fillon et au Front national, s'il déclare que sa candidature est "celle de la réconciliation de la gauche", le Premier ministre pourrait bien profiter du scrutin et de la dispersion des candidatures chez les "frondeurs" pour effectuer un grand ménage idéologique au sein de sa famille politique. 

Là où le candidat François Hollande tentait en effet de rassembler largement à l'intérieur du PS, Manuel Valls assumait en février des "positions irréconciliables" avec une partie de la gauche, "congelée dans un modèle social qu'elle aura tellement sanctuarisé qu'elle n'aura pas pu le sauver".

C'est notamment par crainte de voir disparaître sa ligne politique que Manuel Valls a accentué la pression pour empêcher une candidature de Hollande. "Si François Hollande avait été candidat, il aurait eu de bonnes chances d'être battu par Arnaud Montebourg à la primaire", confie à franceinfo un proche du Premier ministre. "La gauche de gouvernement réformiste qu'il porte aurait alors pu disparaître durablement du PS."

Qu'il se pose ou non en position de rasseumbleur, remporter la primaire permettrait à Manuel Valls de faire clairement triompher sa ligne dans le débat qui agite la gauche depuis le début du quinquennat. Assumer sa position sociale-libérale serait également "cohérent avec sa volonté de défendre le bilan de François Hollande et notamment le changement de ligne effectué par le président au tournant de l’année 2013 avec l’adoption de la politique économique de l’offre", estime dans Le Monde Gérard Grunberg, directeur de recherches émérite au Centre d’études européennes de Sciences Po.

2Il ne veut pas laisser Montebourg et Macron prendre toute la lumière

Du côté des soutiens de Manuel Valls, on juge également que la primaire de gauche de 2011 a démontré qu'une candidature était indispensable pour continuer à exister à gauche dans les années à venir. Se lancer dans la course à l'investiture du PS permet ainsi au Premier ministre de ne pas laisser le champ libre à Arnaud Montebourg. Pas plus qu'à Emmanuel Macron, candidat hors primaire. Chacun à leur manière, les deux anciens ministres de l'Economie souhaitent incarner un renouveau du paysage politique. 

"Manuel est hanté par Macron. Il ne voulait pas rester les bras croisés à le voir piquer l'axe social-démocrate qu'il a courageusement défendu au PS depuis des années", explique à franceinfo un député réformateur rangé du côté du Premier ministre.

En se lançant dans la course, Manuel Valls peut légitimement nourrir des espoirs : selon un sondage Ifop publié par Le Journal du dimanche dimanche 4 décembre, Manuel Valls part favori de la primaire de la gauche. Quelque 45% des sympathisants de gauche souhaitent le voir désigné comme candidat à l'élection présidentielle, contre 25% pour Arnaud Montebourg, et 15% pour Benoît Hamon. 46% d'entre eux le jugent également en mesure de l'emporter en mai prochain. 

3Il souhaite devenir incontournable à gauche, même en cas de défaite

Le futur ex-Premier ministre le sait : même s'il parvient à s'imposer en janvier lors de la primaire de la gauche, le chemin pour accéder à l'Elysée en 2017 s'annonce ardu. Deux instituts de sondage, Harris Interactive et Kantar Sofres Onepoint, le donnent en cinquième position au soir du premier tour, derrière François Fillon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.

Les soutiens de Manuel Valls, cités par Le Monde, voient en fait plus loin. "Ils parient plutôt sur une défaite honorable, comme celle de Lionel Jospin en 1995, qui permettrait à M. Valls de mettre la main sur le PS et de construire pour 2022", écrit le quotidien lundi 5 décembre.

Un tel scénario nécessiterait de déjouer les pronostics et de réussir à se qualifier au second tour de la présidentielle face à François Fillon. Un défi de taille.

"Nous ne sommes pas certains qu'il gagnera, mais la situation sera forcément moins pire que si François Hollande s'était lancé. Avec lui, on peut au moins espérer limiter la casse lors des prochaines législatives et ne pas se contenter d'un groupe PS réduit à une vingtaine de députés lors de la prochaine législature", confirme auprès de franceinfo un dirigeant socialiste récemment converti au vallsisme.

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