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Salarié, contribuable, chômeur... Si François Fillon devient président, voici ce que ça changera pour vous

L'ancien Premier ministre défend une ligne économique très libérale. Voici ses effets concrets dans votre quotidien.

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
François Fillon, après sa victoire à la primaire de la droite, dans son QG, à Paris, le 27 novembre 2016. (ERIC FEFERBERG / AFP)

Il a réussi son pari. François Fillon a très largement remporté le second tour de la primaire de la droite et du centre, dimanche 27 novembre, devenant officiellement le candidat de son camp à l'élection présidentielle de 2017. Mais que changerait son élection en mai prochain dans votre quotidien ? Franceinfo a fait le tour de ses propositions pour vous en proposer un résumé. Celles-ci se distinguent par leur caractère libéral assumé, qui vaut parfois à l'ancien Premier ministre le surnom de "Thatcher de la Sarthe".

Si vous êtes au chômage

François Fillon compte durcir quelques règles. Vos allocations, par exemple, pourraient devenir dégressives et ainsi diminuer au fil des mois. Mis en place en France en 1986, un dispositif similaire avait été supprimé par le PS en 2001. Six pays européens ont adopté cette mesure, signale Le Monde, bien que son efficacité soit encore discutée. Par ailleurs, en cas de victoire de l'ancien Premier ministre, vous seriez indemnisé moins longtemps. Aujourd'hui, les allocations sont versées aussi longtemps que vous avez travaillé, avec un maximum de deux ans, ou trois ans si vous êtes âgé de plus de 50 ans. Mais cette règle est en effet dénoncée par François Fillon. Enfin, les allocations seraient plafonnées à 75%.

L'idée est d'encourager les demandeurs d'emploi à retrouver un emploi, même précaire. "La pauvreté s’accroît à cause du chômage, donc la clé de tout est le redressement de la France, le plein-emploi", a indiqué François Fillon lors du troisième débat. Et tant pis si le poste occupé est précaire. "C'est toujours mieux de travailler que d'être au chômage ou au RSA", a-t-il résumé, lors d'une rencontre à New York avec des Français de l'étranger, rapporte Le Figaro. Pour encourager les embauches, les créateurs d'entreprises bénéficieraient d'une exonération de charges quand ils recrutent des demandeurs d'emploi.

Si vous bénéficiez d'un emploi aidé

Mauvaise pioche. François Fillon envisage de "supprimer les emplois aidés", dont il dénonce le coût et la faible efficacité. "Lesdits contrats d’avenir ou de génération coûtent aujourd’hui 1,4 milliard d’euros. Pour quels résultats ? dénonce l'ancien Premier ministre. Ils n’assurent pas l’insertion professionnelle et créent des effets d’aubaine concurrençant les dispositifs d’alternance".

Cette mesure, toutefois, est jugée "totalement irréaliste" par Christine Erhel, directrice du Centre d’études de l’emploi. Citée par Challenges, la chercheuse assure qu'une telle décision "reviendrait à laisser sur le carreau des centaines de milliers de jeunes". Créés en octobre 2012, les emplois d'avenir ont bénéficié à 300 000 personnes, selon la Direction générale à l’emploi et à la formation professionnelle, dont un quart dans les collectivités territoriales.

Avec la fin des emplois aidés, l'ancien Premier ministre espère doper la formation en alternance. En effet, l'économie réalisée permettra de supprimer les charges sociales sur l’apprentissage, qualifié de "voie privilégiée d'accès à l'emploi". La France ne compte que 400 000 apprentis, contre 800 000 au Royaume-Uni et 1,5 million en Allemagne, déplore le candidat.

Si vous êtes au smic

Lors du premier débat, François Fillon a été interrogé sur le montant d'un "smic correct et décent". Le candidat a évoqué un salaire "qui permet de vivre, mais cela dépend de l'augmentation des prix", sans toutefois livrer de montant. L'ancien Premier ministre n'est guère enthousiaste à l'idée d'augmenter le smic, aujourd'hui fixé à 1466,67 euros brut par mois, soit 1143,73 euros net. "Le smic actuel est ce que la société française peut faire de mieux. En France, il est d’ailleurs plus élevé que dans la plupart des pays européens".

François Fillon estime que le smic renchérit "notre coût du travail car il augmente mécaniquement chaque année", au 1er janvier. Il n'a pas évoqué sa suppression, mais souhaite maîtriser sa revalorisation annuelle, indexée sur l'évolution des prix à la consommation. En 2011, déjà, il avait qualifié ces coups de pouce de "faute politique".

Si vous êtes fonctionnaire

Vous devrez travailler davantage, puisqu'il prévoit de relever la durée du travail hebdomadaire minimum à 39 heures dans le public. Ces quatre heures supplémentaires permettraient de gagner un "temps de travail d’environ 10%, soit l’équivalent de 600 000 postes”, indiquait le candidat dans son manifeste de l'été 2015. "Je n'imagine pas un seul instant qu'on puisse demander aux fonctionnaires de travailler 39 heures payées 35, a -t-il déclaré sur RTL. Cela veut dire qu'il y aura des négociations".

Par ailleurs, "le statut de la fonction publique sera passé à la paille de fer pour en gommer tous les avantages injustifiés", a-t-il indiqué lors de l'université d'été des Républicains, comme "les mises en disponibilité sans justification" ou "les réintégrations dans leur corps d'origine des fonctionnaires ayant commis des fautes". François Fillon veut également rétablir le jour de carence, supprimé en 2014. Ainsi, le premier jour de congé maladie ne serait plus rémunéré.

Enfin, les fonctionnaires seront de moins en moins nombreux, puisque François Fillon prévoit de supprimer 500 000 postes sur 5,5 millions, soit près de 10%. Comme il y a 120 000 départs à la retraite par an, rappelle Le Monde, il faudrait presque geler les embauches pendant cinq ans. Un effort sans précédent pour les administrations et les services publics.

Si vous travaillez dans le privé

Là encore, vous devrez travailler davantage. François Fillon veut en effet "supprimer la durée légale du temps de travail". La loi se contenterait de fixer le maximum autorisé par les normes européennes, soit 48 heures, indique Challenges, et la durée légale serait donc fixée par des accords d'entreprises. Son programme prévoit également de supprimer un jour férié.

Par ailleurs, l'ancien Premier ministre veut mettre en place "un contrat de travail avec des modalités de rupture prédéfinies et progressives". Il prend exemple sur le cas d'une PME, qui "respire en fonction de ses commandes et doit faire face aux turbulences de son marché". Vous pourrez également être licencié pour un nouveau motif – encore flou – de "réorganisation de l'entreprise", lors de procédures de licenciement collectif. Celles-ci sont censées aider les sociétés dans "un contexte concurrentiel", explique François Fillon.

Si vous attendez la retraite avec impatience

Comme Alain Juppé, François Fillon veut faire travailler les Français plus longtemps. L'âge légal du départ à la retraite serait fixé à 65 ans, contre 62 aujourd'hui. Les régimes privés, publics et spéciaux seront harmonisés, "dans un souci de justice et d'équité entre les Français", assure le candidat.

Si vous payez l'ISF

Bonne nouvelle pour vos finances. François Fillon juge que l'impôt sur la fortune "fait fuir les capitaux" de France. Il envisage donc de le supprimer. "Ce n'est peut-être pas une mesure populaire, mais il est choquant que les Français aient du mal à payer les retraites alors que nos plus beaux actifs rachetés par des fonds de pension étrangers financent celles des Texans", expliquait-il dans Les Echos, en septembre. En échange, il évoque une "taxe forfaitaire modérée sur tous les revenus du capital et en supprimant l’ISF".

Quid d'une baisse de l'impôt sur le revenu ? Cela "ne me paraît pas être une priorité absolue pour faire redémarrer l'économie", balayait le candidat, interrogé sur France 5, en début d'année. A moins, toutefois, d'investir. Il propose de "réduire l’impôt sur le revenu de 30% à 50% du montant investi dans une PME, jusqu’à hauteur de 1 million", indique en effet le programme. François Fillon drague aussi les familles en promettant un relèvement du plafond du quotient familial à 3 000 euros.

Petit ou gros patrimoine, tout le monde devra pourtant aussi s'acquitter d'une TVA relevée de deux points, afin de financer la baisse de charges des entreprises. "Il faut que ce soit la consommation qui finance notre système social, pas le travail".

Si vous êtes chef d'entreprise

François Fillon a prévu plusieurs dispositifs pour alléger les charges que vous payez. En particulier, les charges patronales qui financent la solidarité – les cotisations famille ou santé – doivent être remplacées par une augmentation de la TVA. L'ancien Premier ministre veut aussi baisser l'impôt sur les sociétés avec, au total, un allègement de quelque 50 milliards d'euros pour les entreprises dès le 1er juillet 2017.

Le candidat à la primaire de la droite entend aussi simplifier drastiquement le Code du travail en le "recentrant sur les normes sociales fondamentales". Tout le reste serait renvoyé à la négociation dans l'entreprise ou au sein des branches professionnelles. Vous pourrez aussi recourir à un référendum d'entreprise si vous n'arrivez pas à vous mettre d'accord avec les syndicats.

Si vous dirigez une PME, vous pourrez espérer gagner davantage de commandes publiques, puisque François Fillon veut porter la part réservée aux PME à 50% du total. Elle ne représentait que 27% en 2013.

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