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Tribune "Nos enfants ne peuvent pas être réduits à des êtres enfermés" : l'association SOS autisme France répond à Fillon

Dans une tribune publiée par franceinfo, l'association SOS autisme France répond au candidat de la droite, qui a déclaré à trois reprises, dimanche, "ne pas être un autiste", lors du "20 heures" de France 2.

Article rédigé par franceinfo - Olivia Cattan, présidente de l'association SOS autisme France
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
François Fillon lors d'un meeting de campagne à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), le 4 mars 2017. (QUENTIN VEUILLET / CITIZENSIDE / AFP)

François Fillon a déclaré à trois reprises qu'il n'était "pas autiste" lors du "20 heures" de France 2, dimanche 5 mars. Le candidat de la droite a établi cette comparaison pour se défendre d'ignorer les appels des membres de son parti à se retirer de la campagne présidentielle. Ces propos ont choqué les personnes atteintes d'autisme, leurs proches et SOS autisme France, qui a saisi le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Olivia Cattan, présidente de l'association, répond à François Fillon. Elle s'exprime ici librement.

Les mots ont un sens, une essence, me disait Elie Wiesel. Ensemble, nous avions évoqué la dérive de certains mots utilisés par les communicants et les équipes de campagne. Des "éléments de langage" faits pour buzzer, tweeter, aller toujours plus vite mais qui, parfois, raccourcissent la pensée jusqu’à la rendre inaudible. Ces dernières années, "autiste" a été utilisé par Alain Minc, Bruno Le Maire, José Bové, Noël Mamère, David Pujadas, le footballeur Romario… Et, à chaque fois, nous avons écrit et interpellé de la même façon.

Aujourd’hui, on appelle cela des maladresses pour excuser le manque de vocabulaire. Mais dans votre cas, Monsieur Fillon, je parlerais d’habitudes malheureuses. Vous avez dit à trois reprises : "Je ne suis pas autiste", dimanche 5 mars. Il s'agissait, selon ce que m'a affirmé un membre de votre équipe, de vous défendre après la remarque d'un journaliste plus tôt dans la journée. Mais, vous qui avez cité Rousseau dans votre discours de l’après-midi, pourquoi avoir choisi un handicap, un syndrome neuro-développemental qui touche 650 000 personnes, pour étayer vos propos ?

Nous avions pourtant salué votre programme sur l’autisme en 2012. Il n’y a dans notre démarche absolument aucune volonté de s’immiscer dans cette campagne présidentielle. Mon cœur a toujours été à gauche, mais je n’appartiens à aucun mouvement politique et je ne me présente à aucune élection législative, comme me l’ont écrit certains de vos militants. J’essaye simplement de faire avancer cette cause avec des élus de droite et de gauche, comme Nathalie Kosciusko-Morizet, qui a toujours soutenu nos actions.

Nous avons proposé de vous rencontrer afin de vous donner notre Manifeste, dont une des mesures concerne la sensibilisation et la mauvaise utilisation du mot "autiste". Parce qu’il est de notre devoir de lutter contre les préjugés, les clichés et les discriminations qui en découlent.

Nous avons également écrit au Larousse pour que la définition de l’autisme soit changée. La vision actuelle est extrêmement péjorative et loin de ce que sont véritablement nos enfants. 

Vous qui êtes père de famille, vous comprendrez que nos enfants ne peuvent pas être réduits à des êtres enfermés. Notre démarche est citoyenne et a pour objectif de défendre le droit de nos enfants à être respectés avec leurs différences.

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