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Comment j'ai bu un verre avec Trump à Washington pour 14 dollars

Un restaurant de Washington, non loin de la Maison Blanche, propose aux anti-Trump de noyer leur chagrin avec un Donald Trump et un Vladimir Poutine en carton. Pourquoi ? Parce que... 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz - Envoyée spéciale à Washington
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
"Obama est parti mais la vie continue et les boissons vont nous aider" : un panneau vu sur Pennsylvania Avenue, à Washington (Etats-Unis), le 19 janvier 2017. (MARIE-ADELAIDE SCIGACZ / FRANCEINFO)

On ne visite pas Washington sans se balader le long de Pennsylvania Avenue. Lors de ma visite dans la capitale américaine, j'ai donc d'abord tenté ma chance au numéro 1600, adresse plus connue sous le nom de "Maison Blanche". Mais en cette veille d'investiture de Donald Trump, jeudi 19 janvier, difficile de s'approcher du futur domicile du milliardaire. Depuis la rue, les barrières installées en prévision des festivités du lendemain empêchent d'ailleurs toute tentative de selfie. Pas grave.

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Je me rabats sur le 1100 Pennsylvania Avenue, autre adresse célèbre, du moins depuis qu'elle héberge le Trump Hotel, dans l'ancien bâtiment des Postes. Décidée à boire une gorgée de vin dans une cuillère en cristal (parce que, quitte à avoir de l'argent, autant en faire n'importe quoi), je m'approche du pas assuré et confiant des gens sur-aisés, quand un élégant vigile me repère. Trahie par mes vêtements en Thermolactyl sans marque, je suis éconduite : "Le bar est réservé aux clients de l'hôtel, madame." "Mais je suis... je... non... rien."

Qu'à cela ne tienne, il reste encore une adresse sur cette satanée avenue à laquelle je suis à peu près sûre de rencontrer le futur président : le 613 Pennsylvania Avenue Southeast. Là au moins, ils me laissent entrer. 

Présidents en carton 

A l'automne 2016, à quelques jours de l'élection présidentielle, les propriétaires du restaurant Barrel, à quelques pâtés de maisons du Capitole, ont eu cette idée de génie : transformer leur cave en un temple à la "gloire" de Donald Trump. Dans une capitale très largement démocrate, le projet ironique, baptisé "Unpresidented", a aussitôt séduit les fêtards, ravis de siroter un bon "Attrape-les par la chatte" (un cocktail) en lisant des tweets du candidat, imprimés et placardés sur les murs. Après l'élection et la gueule de bois consécutive aux résultats, les patrons ont rouvert les portes de leur Trumpodrome à la veille de l'investiture. 

 

Puisqu'ils ont perdu les élections, mais pas le sens de l'humour, ils ont installé une pancarte sur le trottoir, invitant à "boire pour oublier" la fin du règne d'Obama. Passé le restaurant du rez-de-chaussée et ses odeurs de brasserie, je suis donc le néon "Bar" qui brille de mille feux à côté des toilettes. Là, un escalier conduit les curieux (et les anti-Trump) jusqu'à un couloir, tapissé des photos de l'équipe du candidat, du très polémique Steve Bannon, ex-patron du site d'extrême droite Breitbart, à la chargée de com' Kellyanne Conway, machine à minimiser les déclarations incendiaires du candidat. Un décor "drôle et effrayant", marmonne une cliente en s'attardant sur la photo de Ben Carson.

 

Entre une version Trump de La Cène, avec un Donald grimaçant en guise de Jésus et des poupées russes à l'effigie du milliardaire, la salle et sa déco d'inspiration soviétique ne manquent pas de cachet.

 

Mais le clou du spectacle se trouve au fond de la pièce, derrière les clients attablés qui dévorent des assiettes de frites : les silhouettes de Donald Trump et de Vladimir Poutine, découpées dans du carton. "Tu peux me prendre en photo ?" demande une jeune femme en me tendant son téléphone portable. Bon à savoir, les anti-Trump adorent serrer dans leurs bras leur ennemi, lui mettre un bonnet (en l'occurence le mien) sur la tête et lui murmurer des cochonneries à l'oreille.

 

D'autres, plus entreprenants, optent pour un geste explicite (au choix, la main au paquet ou le doigt d'honneur). Mais tous sourient quand les flashs illuminent la cave.

 

Cocktails façon Trump Hotel

Avant de poser avec les deux chefs d'Etat, je me dirige vers le bar, où un jeune homme portant un tee-shirt floqué de la photo que Donald Trump a tenté de faire disparaître des internets me demande ce qui me ferait plaisir. Avec regret, je constate que les "Attrape-les par la chatte", tout comme les menus géants, censés vous donnez l'impression d'avoir de toutes petites mains, n'existent plus chez "Unpresidented". Autour de moi, on se rue sur les "Russes blancs", idéal pour trinquer avec Vladimir Poutine.

 

Toujours frustrée de ne pas avoir pu m'installer au bar du Trump Hotel, je commande donc un "This drink costs 29 dollars at Trump Hotel" (en français : "Cette boisson coûte 29 dollars au Trump Hotel.") Son prix : 14 dollars. 

 

"C'est du whisky, de la pelure d'orange et du miel", m'explique une serveuse, en levant le pouce en signe d'approbation. La boisson en question n'est pas servie dans une cuillère en cristal mais – comme chez les gens normaux – dans un verre. Un grand verre, même, dans lequel se baladent les arômes du whisky. Un trop grand verre ? 

 
 

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