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Trois questions sur l'arrestation de Florence Hartmann, ex-porte-parole du Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie

L'ancienne porte-parole du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a été arrêtée jeudi alors qu'elle était venue assister au verdict prononcé contre l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic. 

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Capture d'écran de Florence Hartmann, ancienne porte-parole du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), prise le 15 juillet 2009 à son procès à La Haye (Pays-Bas). (AFP)

Elle est détenue à l'isolement depuis quatre jours. Florence Hartmann, ancienne porte-parole du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), est emprisonnée depuis jeudi 24 mars, à La Haye (Pays-Bas). La revue Esprit a lancé, vendredi, une pétition exigeant la libération immédiate de cette ancienne journaliste du Monde. Un appel signé par des dizaines d'intellectuels, dont la metteuse en scène Ariane Mnouchkine, l'anthropologue Véronique Nahoum-Grappe ou le philosophe Jean-Luc Nancy.

Trois questions pour mieux comprendre cette arrestation d'une "lanceuse d'alerte".

Dans quelles circonstances a-t-elle été arrêtée ? 

Florence Hartmann a été arrêtée jeudi par les gardes du TPIY alors qu'elle était venue assister au verdict prononcé par ce tribunal contre Radovan Karadzic. L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie a été condamné à 40 ans de prison pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide. Ce dernier chef d'accusation concernait le massacre de près de 8 000 hommes et adolescents musulmans de Bosnie à Srebrenica par l'armée de la République serbe de Bosnie, en juillet 1995.

Ce verdict était important pour Florence Hartmann car elle a joué un rôle important dans les vingt ans qui ont mené à ce procès. Envoyée spéciale du Monde à Belgrade de 1990 à 1994, elle a été "l’une des premières à révéler l’ampleur du nettoyage ethnique conduit en Croatie et en Bosnie-Herzégovine entre 1991 et 1995 et la nature criminelle et secrète du régime du président de la Serbie Slobodan Milosevic", rappelle la revue Esprit. Elle a ensuite œuvré à l'établissement des faits, en tant que porte-parole de la procureure générale du TPIY, Carla Del Ponte, de 2000 à 2006.

Cette dernière a qualifié l'arrestation de son ancienne collaboratrice d'"inacceptable" et "absolument ridicule".

Pourquoi est-elle en prison ?

La justice néerlandaise a décidé d'appliquer une peine prononcée en 2009. Le TPIY avait alors condamné son ancienne porte-parole "pour avoir divulgué dans son livre Paix et châtiment, publié en 2007, le contenu de deux décisions confidentielles, montrant que le tribunal avait abusivement conservé sous le sceau du secret des documents remis par Belgrade, utilisés dans le procès de Slobodan Milosevic", explique Le Monde.

L'ancienne journaliste estimait que ces documents prouvaient l’implication directe de Belgrade dans les crimes de Bosnie. Selon Florence Hartmann, ces preuves auraient dû être remises par le TPIY à une autre cour, la Cour internationale de justice, devant laquelle la Bosnie poursuivait la Serbie pour génocide.

La condamnation pour "outrage à la Cour" prononcée en 2009 par le TPIY avait été confirmée en appel en 2011, mais Florence Hartmann avait refusé de payer l'amende de 7 000 euros réclamée. Les juges avaient alors décidé d'une condamnation à sept jours de prison et demandé aux autorités françaises d'arrêter et de transférer l'ancienne journaliste à La Haye, ce que Paris avait refusé.

Quelles sont ses conditions de détention ?

Selon son avocat, Me Guénaël Mettraux, Florence Hartmann est emprisonnée au centre de détention du tribunal, dans "des conditions de surveillance pour risque de suicide, ce qui signifie que sa cellule est éclairée 24 heures sur 24 et qu'elle est contrôlée toutes les 15 minutes par des gardes".

"Elle est isolée des autres détenus et a reçu uniquement la visite du consul de France", a-t-il dit à l'AFP, précisant avoir demandé sa libération et, dans l'intervalle, un allégement de ses conditions de détention jugées "totalement inutiles, injustifiées et disproportionnées".

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