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Lampedusa dans la focale du documentariste Gianfranco Rosi

Quand les images d'actualité les plus atroces ne changent pas le cours du monde, que peut le cinéma? C'est la question que se pose depuis 20 ans le documentariste italien Gianfranco Rosi. Son dernier film "Fuocoammare, par-delà Lampedusa" est sorti mercredi 28 septembre au cinéma.

Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Affiche du film documentaire "Fuocoammare, par-delà Lampedusa" de Gianfranco Rosi (Météore films)

"Fuocoammare, par-delà Lampedusa" c'est le nom du nouveau film du documentariste italien Gianfranco Rosi. Après avoir reçu l'Ours d'or de la Berlinale 2016 à Berlin, le film est désormais sorti au cinéma. L'histoire se déroule donc sur l'île italienne de Lampedusa, où 400 000 migrants ont débarqué depuis 20 ans. Lampedusa, c'est un caillou de 20 km2 en partie pelé. Mais Lampedusa c'est d'abord ses pêcheurs, ses touristes et ses réfugiés, 15 000 sont morts en tentant la traversée.

Reportage en immersion 

Gianfranco Rosi, adepte de l'immersion totale a, avant de commencer à filmer, passé beaucoup de temps sur place. Il est arrivé après les centaines de journalistes qui ont couvert l'opération "mare nostrum" en 2013. Ce qui l'intéresse, c'est la rencontre entre deux mondes, ou l'absence de rencontre. Car depuis trois ans, les autorités italiennes ne laissent plus les réfugiés s'échouer sur les plages de Lampedusa, ils vont les recueillir en mer, les conduisent à terre, où ils restent peu de temps, avant d'être envoyés sur le continent.

"Fuocoammare, par-delà Lampedusa" le dernier film de Gianfranco Rosi : l'analyse de Thierry Fiorile

Habitants et réfugiés ne se croisent plus sur l'île 

Lampedusa devient ainsi une métaphore de cette tragédie, Gianfranco Rosi, filme, sans commentaire, les sauvetages en mer, la vie dans le camp de réfugiés, mais surtout quelques habitants de cette île pauvre. Le réalisateur veut montrer que même si tous les habitants de l'île sont affectés par cette tragédie, ils ne croisent quasiment plus les réfugiés, celui qui fait le lien entre ces deux mondes, c'est le médecin, Pietro Bartolo, grand humaniste, pour qui, sauver ces désespérés est un devoir pour tout habitant de l'île.

les gens de Lampedusa sont des pêcheurs, ils prennent tout ce qui vient de la mer

Pietro Bartolo, médecin à Lampedusa

L'un des enjeux du film, ne pas reproduire les images d'actualité et savoir les accompagner. C'est au montage que le réalisateur décide d'inclure, à la fin du film, après toutes ces images paisibles de gens simples, filmés l'hiver, quand l'île est désertée par les touristes, une scène terrible, de sauvetage en mer. Les réfugiés sortent épuisés d'un bateau et au fond de la cale, des dizaines de cadavres.

J'ai vu la mort aux confins de l'Europe et j'ai voulu leur rendre leur dignité

Gianfranco Rosi

L'autre personnage clef, du film est un enfant, le jeune Samuele, fils de pêcheur, on le voit dans sa vie quotidienne, jouer à la guerre, jouer devant la caméra aussi, il est assez coquin et il devient, par hasard un symbole, il a le mal de mer, a un oeil fatigué, comme la vue de l'Europe sur les réfugiés. A peine arrivé à Paris pour présenter son film Gianfranco Rosi a appris la nouvelle: "Fuocoamarre, par-delà Lampedusa" représentera l'Italie aux Oscars.

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