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Peut-on laisser Auschwitz disparaître ?

Texte & Photographie : Elodie Drouard
Graphisme: Pascale Boudeville

Auschwitz. Aujourd’hui, ces neuf lettres désignent par métonymie l’horreur de la Shoah, mais cela n’a pas toujours été le cas. Successivement Oświęcim, ville du sud de la Pologne rebaptisée par les Allemands en 1940, camp d’extermination jusqu’en 1945, puis musée national polonais avant de devenir ce lieu de mémoire inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco et visité par plus d’un million et demi de personnes en 2014, Auschwitz est à un tournant de son histoire tourmentée. Eprouvés par le temps, les vestiges du plus grand complexe concentrationnaire du Troisième Reich sont voués à disparaître, à l’image de celles et ceux qui lui ont survécu. “Oublier le passé, c’est se condamner à le revivre”, écrivait Primo Levi, un de ses plus célèbres rescapés. Dans ces conditions, peut-on envisager qu’Auschwitz n’existe plus ?

Les barbelés qui entourent le site de Birkenau traversent une forêt de bouleaux.
Une partie des restes de la chambre à gaz et du crématoire n°2 à Birkenau. Les Allemands ont tenté de détruire les preuves de leurs crimes au début du mois de janvier 1945.

Le 27 janvier 1945, les troupes russes pénètrent dans les camps d’Auschwitz-Birkenau et découvrent 3 000 hommes, trop faibles pour marcher. Le gros des prisonniers, environ 70 000 détenus, a été lâché sur les routes par les Allemands dix jours plus tôt. Contrairement aux camps qui seront libérés par la suite, Auschwitz n’a été ni détruit par les nazis, ni démantelé par l’Armée rouge. Pourtant, le monde, traumatisé par la guerre et ses horreurs, oublie pendant deux ans ce camp d’extermination où ont péri au moins 1,1 million de personnes entre 1940 et 1945.

Un groupe d’adolescents visite le site de Birkenau avec un guide. Les deux tiers des visiteurs d’Auschwitz-Birkenau sont des jeunes.
Prises à l’entrée des détenus dans les camps, les photos anthropométriques de centaines de déportés sont exposées au musée d’Auschwitz.
Des baraques en bois de l’ancien camp des femmes à Birkenau, il ne reste plus que les cheminées en briques.

Le lieu du martyre polonais

Laissé à l’abandon à sa libération, Auschwitz est finalement pris en charge en 1947 par d’anciens déportés polonais qui décident, sous l’impulsion du Parlement, de transformer le site.

Pour comprendre Auschwitz aujourd’hui, il faut connaître sa configuration historique. Car il n’y a pas un Auschwitz, mais trois. Le camp principal, Auschwitz I, ouvert en mai 1940 par Heinrich Himmler, est un camp de concentration où périrent près de 70 000 personnes. C’est sur ce site qu’est ouvert en 1947 le musée national d’Auschwitz, à la mémoire des Polonais morts dans ce camp. A cette époque, l’identité des victimes juives est totalement passée sous silence car le musée d’Auschwitz, fortement influencé par le contexte politique pro-communiste de l’époque, réduit le camp à un symbole du combat contre le fascisme.

Auschwitz devient un lieu de mémoire du martyre polonais, entièrement géré par l’Etat. Le crématorium, détruit en partie par les nazis, est reconstruit et quelques-uns des 28 “blocks” du camp sont utilisés pour exposer photos et objets découverts sur le site ou reconstituer les anciens lieux de vie des prisonniers. Depuis, peu de choses ont changé au musée d’Auschwitz. Passé la porte d’entrée que surplombe l’enseigne tristement célèbre “Arbeit macht frei” (“Le travail rend libre”), le visiteur plonge dans la vie du camp à travers une scénographie très sobre (certains diraient austère) datant des années 1950. De “block” en “block”, il prend conscience graduellement de l’ampleur du massacre perpétré en ce lieu. Parmi les vitrines les plus impressionnantes, celles qui entassent 80 000 chaussures, 3 800 valises ou deux tonnes de cheveux ayant appartenu aux disparus. Car à Auschwitz, plus que tout, c’est la masse qui fait sens.

Derrière une vitrine du “block 5”, des milliers de chaussures d’enfants trouvées après la libération des camps.
Des groupes de visiteurs patientent avant de pénétrer dans le musée d’Auschwitz en passant sous la célèbre inscription “Arbeit macht frei”.
Une note dactylographiée cachée sous le monument aux victimes du fascisme à Birkenau. Dans ce texte traduit en quatre langues, l’auteur, allemand et chrétien, y demande pardon aux victimes.

Mais c’est à Auschwitz II, Birkenau (Brzezinka en polonais), que l’on appréhende plus concrètement le gigantisme de l’entreprise d’extermination mise en place par les nazis. Construit dès 1941 à trois kilomètres d’Auschwitz I, ce camp d’une taille vertigineuse (la surface d’environ 238 terrains de foot) a vu périr un million de personnes, principalement des juifs, exterminés massivement dans les quatre chambres à gaz du camp dès 1942. Pourtant, en 1947, l’Etat polonais décide de laisser intact ce monumental cimetière. Décision est prise de “préserver” Birkenau sans pour autant le conserver. En fait, comme l’écrit Thierry Jonquet dans son roman Les Orpailleurs, Birkenau devient rapidement “un terrain vague, un dépotoir du souvenir” dont personne ne se préoccupe.

Il n’existe presque plus de trace du troisième camp, Monowitz-Buna, utilisé comme camp de travail à partir de 1942. C’est aujourd’hui une zone industrielle que personne ne visite et où l’on fabrique, ironiquement, du caoutchouc synthétique comme pendant la guerre.

Les ruines souterraines de la chambre à gaz n°2 à Birkenau. Les prisonniers se déshabillaient dans ce long couloir en pensant aller prendre une douche.
Le ruisseau qui borde à l’ouest le camp de Birkenau.
Au pied du Monument international aux victimes du fascisme inauguré en 1967 à Birkenau, un texte gravé et traduit en 22 langues.
Ce qu’il reste des baraques où s’entassaient en grande partie des femmes juives d’origine hongroise à Birkenau.

Le symbole du fascisme, mais pas de l’antisémitisme

En 1967, un mémorial international est érigé sur l’ancien camp de Birkenau, entre les ruines de deux chambres à gaz-crématoires. Dédié aux victimes du fascisme, il est inauguré sans que le mot “juif” soit jamais prononcé, comme le raconte l’ancien déporté français Robert Waitz, présent ce jour-là. En 1979, le pape d’origine polonaise Jean-Paul II donne une messe à Auschwitz sans énoncer une seule fois le mot “Shoah”. Trente-cinq ans après la découverte du camp qui a vu périr un million de juifs, ce massacre est toujours passé sous silence et le pape se contente d’évoquer les “six millions de victimes polonaises de la guerre”, sans mentionner que la moitié d'entre elles étaient juives. La même année, le musée national d’Auschwitz devient finalement "Auschwitz-Birkenau, camp de concentration et d'extermination nazi (1940-1945)", selon l'appellation de l'Unesco qui classe le site au patrimoine mondial. Les noms allemands sont conservés au détriment des appellations polonaises.

Le camp de Birkenau au lever du jour. La clôture en fil de fer barbelé fait environ un kilomètre de ce côté.
Une boîte de Zyklon B. Ces granules étaient déversés par quatre ouvertures sur les détenus dans les chambres à gaz. Ce n’est qu’au contact de l’air qu’ils se transformaient en gaz asphyxiant.

Il faut attendre la chute du mur de Berlin en 1989 et la fin de la guerre froide pour que le Comité international du musée d’Etat d'Auschwitz intègre des intellectuels juifs à une réflexion sur l’avenir du camp d'extermination. Car si le site est le plus grand cimetière polonais et tzigane au monde, il est aussi et surtout le plus grand cimetière juif, avec environ un million de victimes. Après de longs et difficiles débats, il est décidé de conserver les lieux en l'état. Au début des années 1990, la grande friche qu’est devenu Birkenau est enfin déblayée. On y coupe les herbes folles que l’on apercevait en 1955 dans le film d’Alain Resnais Nuit et Brouillard et la nature est désormais priée de rester à distance. Finalement, c’est la date anniversaire de sa libération par les Soviétiques, le 27 janvier 1945, qui est choisie pour la journée à “la mémoire de l’Holocauste et pour la prévention des crimes contre l’humanité” décidée par les ministres de l’Education des 48 pays signataires de la Convention culturelle européenne en 2002. Les années 2000 voient la fréquentation du site s’envoler.

Les baraques en brique de l’ancien camp des femmes de Birkenau menacent de s’effondrer.
Le “mur de la mort”, reconstitué entre les “blocks” 10 et 11 d’Auschwitz. Ici ont été fusillés des milliers de détenus, en particulier des Polonais.

Un statut de symbole reconnu trop tard

Au fil du temps, Auschwitz s’est imposé dans la conscience universelle. Si les Polonais représentent encore un tiers des visiteurs, le site est aujourd’hui arpenté par des Sud-Coréens, des Japonais ou encore des Indiens qui viennent découvrir ce symbole du mal absolu qu’est Auschwitz. Mais voilà, lorsque le monde prend conscience au début du XXIe siècle de la dimension symbolique du lieu, qui dépasse les frontières de la Pologne et même de l’Europe, il est déjà presque trop tard. Auschwitz se meurt, faute de moyens.

Face aux immenses dépenses nécessaires à la conservation des lieux, le Premier ministre polonais de l’époque, Donald Tusk, lance, en 2009, un appel à la communauté internationale. "Sauver Auschwitz-Birkenau, c'est sauver la mémoire de millions de personnes qui ont souffert et qui ont été assassinées de façon bestiale. C'est la responsabilité et le devoir de l'Europe entière", déclare le chef du gouvernement polonais dans une lettre adressée à ses pairs de l'Union européenne. Cent millions d’euros sont finalement récoltés grâce à plus de vingt-huit pays.

Un baraquement restauré à l’entrée d’Auschwitz.
Les restes d’une cheminée d’un baraquement dans l’ancien camp des hommes à Birkenau.
L’intérieur d’un baraquement en brique à Birkenau où dormaient les détenus sur trois étages. La plupart étaient trop faibles pour monter dans les “lits” supérieurs et s’entassaient à même le sol.
Ce qu’il reste du baraquement n°16 à Birkenau.

Restaurer le site, un travail de titan

Le défi à relever est colossal car l’entretien du site de 191 hectares coûte des millions d’euros chaque année. Il s’agit de maintenir l'authenticité de 155 structures de bois et de brique, en les consolidant sans les reconstruire, et conserver des centaines de ruines et vestiges, dont celles des chambres à gaz et crématoires dynamités par les nazis avant leur départ. Il faut également entretenir les kilomètres de routes et restaurer les milliers de documents et effets personnels des victimes. Mais comment “restaurer” ces deux tonnes de cheveux entassés dans le “block” n°5, qui ne cessent de blanchir année après année ? Faut-il les enterrer, comme certains le préconisent, ou les conserver chimiquement, ce qui n’a jamais été fait à Auschwitz ? Piotr Cywiński, le directeur du musée, est formel : “Ici, nous ne montrons rien d’artificiel. Nous n'avons pas de solution et il est probable qu'ils finiront par tomber en poussière.”

Une des 19 baraques en bois à avoir subsisté à Birkenau.
La plupart des baraques en brique menacent de s’effondrer et sont étayées par des poutres en bois.

Les baraques en briques et, plus encore, celles en bois construites à la va-vite par les prisonniers eux-mêmes à Birkenau, n’étaient pas faites pour durer. Tous les murs s’effritent, les toitures qui s’effondraient ont déjà été refaites. Installé dans une région marécageuse et confronté à la rudesse des hivers polonais, le site risque de disparaître. A Birkenau, dans l'ancien camp des femmes, les échafaudages qui soutiennent les murs de baraques en briques se font plus nombreux chaque année, tandis que la majorité des baraques en bois a disparu depuis longtemps. Ne reste plus qu’un cimetière de cheminées en briques, vestiges des anciens poêles qui ne fonctionnaient même pas, faute de bois.

Un mirador à l’extérieur du camp de Birkenau.
Des visiteurs déambulent de “block” en “block” dans le musée d’Auschwitz.

Sur les 300 baraques de l’époque subsistent aujourd’hui seulement 45 baraques en briques et 19 en bois, la plupart ayant été démantelées au lendemain de la guerre par une population locale aux abois. Pour conserver ces baraques en briques qui logeaient chacune jusqu’à 800 femmes, il faudrait entièrement les démonter pour drainer le sol et l’assécher avant de les reconstruire. Un travail titanesque qui impliquerait, selon Pawel Sawicki, le porte-parole du musée d’Auschwitz-Birkenau, de fermer le site au public le temps des travaux.

Le camp de Birkenau possédait quatre complexes de chambres à gaz et crématoires. Trois ont été détruits par les SS en janvier 1945, tandis que le quatrième avait été détruit par les prisonniers eux-mêmes lors d’une révolte en octobre 1944. Préservées depuis 1969, les ruines sont restées en l’état depuis soixante-dix ans, seulement protégées des visiteurs par un petit cordon de sécurité.

Une signalétique demande aux visiteurs de ne pas toucher aux ruines des anciennes chambres à gaz sur le site de Birkenau.
Des groupes de visiteurs patientent à l’endroit où les déportés descendaient des wagons et étaient triés à leur arrivée à Birkenau.
Devant une mare, quatre stèles en marbre gravées rappellent que les cendres des victimes reposent sur ce terrain.

Victime de sa fréquentation

Mais le temps n’est pas le seul ennemi d’Auschwitz. Son succès public contribue également à fragiliser le site, dont la fréquentation a été multipliée par trois en à peine quinze ans. Au mois d’août, où l’affluence est la plus forte, une personne passe toutes les deux secondes sous la porte “Arbeit macht frei” à l’entrée du musée. Les parquets d’origine des baraquements s’usent, les murs s’effritent à force d’être frottés par les sacs à dos des visiteurs. Certaines baraques sont fermées au public et ne sont visibles que par de petits groupes d’études. Cela permet de limiter les dégâts et de préserver les lieux dans leur état d’origine. Il est également interdit de photographier les vitrines où s’entassent les effets personnels des prisonniers afin de ne pas les abîmer davantage avec les flashs. Cette consigne n’est que très rarement respectée par des visiteurs qui, même lors de visites groupées, oublient les règles de bienséance.

Les inscriptions gravées par des visiteurs dans les murs d’un baraquement à Birkenau.
Le quai de débarquement à Birkenau.

Aux contraintes du temps qui passe, il faut ajouter le comportement déplacé de quelques visiteurs. Faut-il rappeler que le camp de Birkenau n’est pas clos ? Que les visiteurs peuvent pénétrer à leur guise dans des baraquements laissés ouverts au public ? Certains en profitent pour laisser une trace de leur passage en gravant leur nom dans le bois d’un châlit ou dans une brique. Lorsqu’elles sont à caractère antisémite ou négationniste, ces inscriptions sont enlevées, mais les autres font désormais partie du patrimoine. Difficile parfois de distinguer les initiales gravées par les prisonniers de celles laissées par quelques irrespectueux.

Des habitations situées à quelques dizaines de mètres du camp de Birkenau.
La voie ferrée qui pénétrait à l’intérieur du camp de Birkenau pour y débarquer les déportés après un voyage qui pouvait durer jusqu’à dix jours.
Des boîtes de Zyklon B entassées dans une vitrine du musée d’Auschwitz.
Dans le “block” 13 consacré à la Shoah, inauguré en 2013 au musée d’Auschwitz, “le livre des noms” sur lequel est imprimé le nom des victimes.

Redonner leur place aux vivants ?

Soixante-dix ans après la découverte des camps d’Auschwitz, l’avenir de ces lieux de mémoire se pose plus que jamais. A Oświęcim, le nom polonais d’Auschwitz, les habitants, bien vivants, revendiquent aussi le droit à une vie normale. Est-ce un hasard si les éléments de signalétique qui indiquent l’emplacement du musée sont si discrets ? Francesco Bandarin, sous-directeur général pour la culture à l'Unesco, expliquait au Monde en 2011 la complexité de la préservation d’un lieu de mémoire dans une zone d’habitation : "Le problème de gestion des alentours reste entier : les habitants voudraient avoir une vie normale, ils ne comprennent pas pourquoi tout devrait être figé. Les jeunes revendiquent une discothèque. Le débat philosophique sur la banalité du mal est acharné. Il faut étudier les choses de près, celles des vivants, et pas seulement celles des morts." Dans cette région de Pologne, certains pensent qu'il faut redonner de la place aux vivants pour prouver que la mort n’a pas gagné.

Près du crématorium d’Auschwitz, la potence à laquelle a été pendu le commandant des camps d’Auschwitz-Birkenau, Rudolf Höss.
Le chemin emprunté par les déportés sélectionnés pour les chambres à gaz à leur descente des trains à Birkenau.

Et si Auschwitz disparaissait ?

D’autres ont des points de vue plus radicaux. L’historien néerlandais Robert Jan van Pelt fait partie d’une minorité de gens qui pensent que Birkenau devrait être laissé à l’abandon. Son idée, exposée à la BBC en 2009, est simple : lorsque le dernier survivant d’Auschwitz aura disparu, il faudra laisser le camp disparaître à son tour. Selon lui, une visite de Birkenau, “cette sorte de parc à thème aseptisé pour touristes”, ne permet pas d’appréhender ce que ces hommes et ces femmes y ont vécu. “Un million de personnes ont littéralement disparu. Ne devrions-nous pas confronter les gens au néant de ce lieu ?”, demande Robert Jan van Pelt, qui prône une expérience du vide plutôt qu’une expérience en toc faite de rafistolage.

Dans Nuit et Brouillard, le texte de Jean Cayrol évoquait déjà la vacuité des vestiges du site : “De ce dortoir de brique, de ces sommeils menacés, nous ne pouvons que vous montrer l’écorce, la couleur (...). Aucune description, aucune image ne peuvent leur rendre leur vraie dimension, celle d’une peur ininterrompue.”

Vue depuis l’intérieur du camp de Birkenau de son entrée principale surnommée “la porte de la mort”. Quelques jours avant les commémorations du 70e anniversaire de la libération du camp, cette porte d’entrée était transformée en tente.

Trois cents survivants étaient présents lors de la cérémonie du souvenir pour les 70 ans de la libération du camp le 27 janvier dernier. Ils étaient près de 2 000 dix ans plus tôt. Qu’adviendra-t-il d’Auschwitz lorsque tous ceux qui y ont été persécutés auront disparu ? Que restera-t-il lorsque les porteurs de mémoire ne seront plus là pour témoigner ? Probablement l’expérience personnelle. Car ce qui compte finalement, lorsque l’on visite Auschwitz-Birkenau, c’est ce que l’on ressent et qui marque à jamais ceux qui font le voyage dans ce lieu inconcevable. Non, on ne comprend pas mieux Auschwitz et la barbarie nazie après y être allé. On se sent encore plus démuni devant l’horreur. Mais se rendre sur place, là où se sont produits ces événements, permet de saisir une atmosphère, de s'imprégner d'une ambiance que nul mémorial, livre, film ou témoignage de survivant ne pourra jamais remplacer. Car c’est ici que l’indicible est arrivé, et où reposent les âmes de plus d’un million d’hommes, de femmes et d’enfants innocents.