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Le roi du Maroc annule la libération d'un pédophile espagnol

Condamné à 30 ans de prison en 2011 pour viol sur des enfants de 4 à 15 ans, l'homme a bénéficié vendredi d'un pardon royal. Le roi est revenu sur sa décision 48 heures plus tard.

Article rédigé par franceinfo avec Reuters
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Le roi du Maroc, Mohammed VI, salue les photographes dans la cour de l'Elysée, à Paris, lors d'une visite officielle le 24 mai 2012.  (JOHN SCHULTS / REUTERS)

Un pédophile espagnol gracié, des centaines de manifestants dans la rue et un roi du Maroc embarrassé. Depuis la libération, vendredi 2 août, de Daniel Galvan Vina, condamné à 30 ans de prison au Maroc pour avoir violé onze mineurs âgés de 4 à 15 ans, le Maroc est secoué par un scandale d'Etat. Sous la pression, le roi Mohammed VI a changé d'avis, dimanche 4 août.

Francetv info revient sur cette affaire à rebondissements.

Pourquoi le pédophile a-t-il été libéré ?

L'Espagnol a d'abord été libéré par une grâce royale : elle lui avait été accordée ainsi qu'à 47 autres de ses compatriotes par Mohammed VI, roi du Maroc, à la demande du roi d'Espagne Juan Carlos. Le roi du Maroc accorde traditionnellement sa grâce à des prisonniers à l'occasion d'événements particuliers, en l'occurrence la fête du Trône, mardi 30 juillet.

Qu'est-ce qui a poussé les deux monarques à le libérer ? Le site d'informations marocain Lakome affirme que Galvan serait en réalité un Irakien naturalisé espagnol pour services rendus pendant la guerre en Irak, et que sa libération ferait suite à une demande des services secrets espagnols. Une information jugée plausible par le quotidien espagnol El Pais (en espagnol), qui a trouvé des incohérences dans le passé supposé du condamné. Les services de renseignements espagnols ont démenti l'information.

Que demandent les manifestants ?

Tout royal qu'il fut, ce pardon n'est pas passé. Vendredi, des centaines de personnes sont descendues dans les rues à Rabat, la capitale du Maroc, et d'autres villes du pays pour manifester leur colère. 

"Nous sommes ici pour déterminer qui est responsable de ce pardon. C'est une honte qu'ils vendent nos enfants", a déclaré Nadjia Adib, présidente de l'association Touche pas à mon enfant. Plusieurs manifestants ont été blessés lors de l'intervention des forces de l'ordre alors qu'ils tentaient de se rassembler devant le Parlement.

Des policiers interpellent un manifestant protestant contre la libération du pédophile espagnol Daniel Galvan Vina, le 2 août 2013 à Rabat (Maroc). (FADEL SENNA / AFP)

La manifestation de Rabat a eu lieu dans le cadre d'une campagne entamée trois jours auparavant sur internet : les manifestants demandaient que le pardon royal soit révoqué et que le ressortissant espagnol soit ramené en prison.

La réaction en deux temps du roi

Après un silence embarrassé, le roi Mohammed VI est sorti de sa réserve. Samedi soir, il a ordonné par communiqué une enquête "en vue de déterminer les responsabilités et les points de défaillance qui ont pu mener à cette regrettable libération". Elle doit permettre "d'identifier le ou les responsables de cette négligence afin de prendre les sanctions nécessaires".

Le Palais royal a pris soin de préciser que "le roi n'a jamais été informé, de quelque manière que ce soit et à aucun moment, de la gravité des crimes abjects pour lesquels l'intéressé a été condamné". "Il est évident que jamais le souverain n'aurait consenti" à ce que ce prisonnier "puisse arrêter de purger sa peine, au regard de l'atrocité des crimes monstrueux" commis.

Dimanche 4 août, un communiqué annonçait que le roi revenait sur sa décision. Le souverain "a décidé de procéder au retrait de la grâce précédemment accordée au dénommé Daniel Galvan Fina", indique ce texte publié par l'agence officielle MAP, évoquant une décision "à caractère exceptionnel".

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