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Cartes Neuf régions du monde menacées en cas de montée du niveau de la mer

Laurent Fabius se rend, ce lundi, au Bangladesh pour une visite consacrée à la hausse du niveau des océans. A cette occasion, francetv info vous présente plusieurs régions, sur tous les continents, menacées par les eaux. 

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
La côte des Pays-Bas menacée en cas de montée des eaux. (JULIE RASPLUS / GOOGLE EARTH)

C'est l'une des vingt populations mondiales les plus menacées, selon une analyse du site Climate Central (en anglais). Plus de 10 millions de Bangladais vivent aujourd'hui dans des zones à risque compte tenu de l'augmentation du niveau de la mer due au réchauffement climatique. C'est le thème de la visite au Bangladesh effectuée par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, lundi 21 septembre, à presque deux mois de la conférence environnementale de Paris.

Dans le pire des scénarios, l'élévation du niveau de la mer serait de 82 cm en 2100 (26 cm dans l'hypothèse la plus optimiste), en raison de la dilatation thermique des océans et de la fonte des glaces, indique le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec). La Nasa parie, elle, sur une hausse "inévitable" d'un mètre d'ici 100 ou 200 ans. Une élévation qui pourrait être accompagnée de phénomènes climatiques dévastateurs, comme des ouragans, occasionnant d'importantes inondations.

Francetv info s'est donc penché sur neuf régions ou villes du globe qui pourraient se retrouver sous l'eau dans les prochaines décennies. Nous avons utilisé des outils imaginant une hausse d'un mètre.

Le Bangladesh et Dacca, sa capitale

Au Bangladesh, l'eau est partout. Situé sur un immense delta qui menace aussi Calcutta (Inde), le pays est pris en étau : au Nord, l'eau provenant de la fonte des neiges et des glaciers de l'Himalaya ; au Sud, l'océan Indien. Selon la Banque mondiale, la population installée sur la côte subira de plein fouet les impacts du réchauffement climatique et de la montée des océans, même si les émissions de gaz à effet de serre se stabilisent.

Le Bangladesh est déjà concerné. Faute de drainage, les eaux salées pénètrent dans les terres, affectant les zones agricoles. D'ici à 2050, ce phénomène va s'intensifier, prévient la Banque mondiale. Même si cela reste peu visible sur les images satellite, une hausse de 65 cm en 2080 ferait perdre 40% des terres agricoles du Sud. A Dacca, la capitale, plus de 11 millions de personnes pourraient être exposées à des inondations dramatiques à l'horizon 2070, rapporte une étude de l'OCDE datée de 2008 (en anglais).

L'archipel des Kiribati

Comme les Tuvalu voisines ou les Maldives, la République des Kiribati, un archipel situé dans le Pacifique, s'inquiète d'une possible montée des océans. Comme le rappelle Geopolis, la plupart des 33 îlots des Kiribati dépassent à peine le niveau de la mer. Or, selon le Giec, la hausse annuelle dans le Pacifique et l'océan Indien atteint parfois 1,2 cm, soit quatre fois plus que la moyenne mondiale.

Anote Tong, le président des Kiribati, se prépare donc à la submersion, prévoyant même que son pays devienne inhabitable d'ici à 2050. En 2014, les autorités ont acheté un territoire de 20 km² aux Fidji. Cette portion, pour le moment recouverte d'arbres, pourrait devenir un refuge pour les 110 000 habitants de l'archipel. Voici ce que donnerait une hausse d'un mètre sur l'île de Kiritimati, un des atolls des Kiribati.

Les Pays-Bas

Aux Pays-Bas, la moitié de la population (47%) vit dans des zones conquises sur la mer, souligne Climate Central. Un quart du pays (26%) se trouve également sous le niveau de la mer, rappelle Arte. Le pays pourrait donc être en première ligne si le niveau des océans augmente. 

Les autorités réfléchissent déjà à la façon de se protéger. En 2014, le gouvernement a annoncé un plan de 20 milliards d'euros sur trente ans, notamment pour renforcer les 200 digues du pays, afin qu'elles ne lâchent pas en pleine tempête, comme en 1953, où 1 800 personnes avaient péri. Le concept de maisons flottantes séduit également, notamment à Amsterdam, raconte France Inter.

Cap Canaveral, aux Etats-Unis

Il a vu les hommes s'envoler vers la Lune, lors de la mission Apollo 11 en 1969, mais pourrait bientôt se retrouver les pieds dans l'eau. Le Cap Canaveral, situé en Floride, sur la côte est des Etats-Unis, est menacé par la montée des eaux et la répétition d'ouragans dévastateurs, tel Sandy en 2012, indique la NOAA, l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (en anglais).

Un rapport du Southeast Florida Regional Climate Compact (en anglais) estime que le niveau des eaux pourrait s'élever de 60 cm, le long de la Floride, d'ici à 2060. La base de lancement de la Nasa et le centre spatial Kennedy pourraient donc bien devoir fermer leurs portes. En attendant, la Nasa construit des dunes artificielles pour contrer l'érosion, note le Tampa Bay Times (en anglais).

Canton, en Chine

Elle est déjà l'une des villes les plus menacées par les inondations, indiquait la revue Nature Climate Change (PDF, en anglais) en 2013. Mais la hausse du niveau de la mer risque de rendre Canton (Guangzhou, en chinois), ainsi que ses 12,7 millions d'habitants, encore plus vulnérables. Et les périodes d'inondations "habituelles" pourraient se multiplier.

En 2050, le coût économique pour cette mégalopole, située sur un delta, pourrait avoisiner les 13,2 milliards de dollars (contre 687 millions de dollars en 2005) si les protections ne tiennent pas le choc. Pour parer les dégâts, le gouvernement souhaite renforcer les digues et construire des brise-lames, précise Reuters (en anglais).

La Nouvelle-Orléans, aux Etats-Unis

En Louisiane, le delta du Mississippi est grignoté peu à peu par le golfe du Mexique, comme le montrent ces images satellite de l'extrémité sud du delta, prises en 1972 et en 2014. A quelques kilomètres au nord, la Nouvelle-Orléans est aussi menacée. La moitié de la ville est située sous le niveau de la mer et cela pourrait empirer d'ici à 2100, malgré les digues et le système de drainage déjà en place.

Localement, l’eau pourrait monter de plus d'un mètre d'ici la fin du siècle. L'ensemble de la ville se trouverait alors noyé, devenant une Atlantide moderne, écrit le Guardian (en anglais). D'autant qu'avec le réchauffement climatique, le risque de voir se former des ouragans de type Katrina augmente. En 2005, ce cyclone avait dévasté la Nouvelle-Orléans, tuant 1 800 personnes, inondant 80% de la ville et laissant 100 000 personnes à la rue.

Hô Chi Minh-Ville, au Viêtnam

Placée sur un delta, Hô Chi Minh-Ville (autrefois nommée Saigon) est une autre ville asiatique menacée par la montée des eaux. Un tiers de la ville est régulièrement confronté aux inondations. Si la population continue de s'installer sur des zones peu élevées, les deux tiers de la ville se retrouveraient en première ligne, souligne le Guardian (en anglais). Selon le réseau Connecting Delta Cities (en anglais), Hô Chi Minh-Ville pourrait aussi être confrontée à un phénomène de salinisation de ses sols, avec des répercussions sur les activités agricoles.

Abidjan, en Côte d'Ivoire

Comme Lagos (Nigeria) ou Alexandrie (Egypte), Abidjan fait partie des villes les plus vulnérables face au risque de la hausse du niveau de la mer. La cité s'étale sur les bords de l'océan Atlantique et, selon le rapport State of the World Cities 2008-2009 (PDF en anglais) de l'ONU Habitat, le port et l'aéroport d'Abidjan se situent à seulement un mètre au-dessus du niveau de la mer. Une montée des eaux pourrait ainsi noyer 562 km² le long de la côte.

Jakarta, en Indonésie

Selon l'OCDE, les habitants de Jakarta seront plus de 2 millions à être exposés aux conséquences de la montée des eaux d'ici à 2070 (contre 513 000 actuellement). La capitale de l'Indonésie s'est déjà affaissée de 4 mètres au cours des trente dernières années, soit un rythme effréné, relève Reuters. Pour limiter ce chiffre, la ville peut tenter de préserver la mangrove, qui agit comme une protection contre la houle, ou mettre en place des systèmes de pompage, explique le réseau Connecting Delta Cities (en anglais).

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