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Accueil des migrants mineurs : les Britanniques "ne font pas leur part de travail", selon France terre d'asile

Le directeur de France terre d'asile, Pierre Henry, a regretté, mardi sur franceinfo, le manque de transparence du Royaume-Uni sur l'accueil des migrants mineurs.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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De jeunes migrants évacuent la "Jungle" de Calais lors de son démantèlement le 2 novembre 2016. (DENIS CHARLET / AFP)

Deux mois après le démantèlement de la "Jungle" de Calais fin octobre, la question du devenir des migrants mineurs se pose toujours. Selon le ministère de l’Intérieur français, près de 2 000 mineurs ont été pris en charge dans des centres d’accueil et d’orientation (CAO). Une très grande majorité n'a pour l'instant pas pu rejoindre la Grande-Bretagne et se retrouve dans l'impasse. Certains désertent les centres pour revenir dans la région de Calais. Les Britanniques "ne font pas leur part de travail", a estimé mardi 27 décembre sur franceinfo Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile.

franceinfo : Est-ce que vous confirmez que des migrants mineurs reviennent vers Calais ?

Pierre Henry : Oui, je le confirme. La Grande-Bretagne s’était engagée à en prendre un certain nombre, en application du règlement Dublin qui permet la réunification familiale, parce que nombre de ces jeunes ont de la famille en Grande-Bretagne, et sur la base d’un amendement dit amendement Dubs, du nom d’un parlementaire qui prévoyait que des personnes vulnérables pouvaient également rejoindre la Grande-Bretagne. À ce jour, 791 mineurs ont rejoint les Britanniques, mais ceux-ci n’ont pas fait leur part du travail. Sur le territoire national, il en reste 1 300. Ils ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas rejoindre leurs proches qui sont de l’autre côté de la Manche.

Comment expliquez-vous ce blocage ? Est-ce en raison de critères trop contraignants ?

Les critères sont connus d’eux-mêmes et d’eux seuls. Nous sommes aussi dans l’après-Brexit. L’opinion publique britannique n’est pas très encline à accueillir des jeunes gens. Une fois de plus, ils ne font pas leur part de travail. C’est très préoccupant, parce que le rêve de beaucoup de ces mineurs est justement de rejoindre la Grande-Bretagne. Rien ne les arrêtera pour essayer d’accomplir ce rêve. Cela veut dire qu’un certain nombre d'entre eux reprennent la route migratoire avec tous les dangers que ça peut engendrer. On essaie de les informer sur leurs droits. Ils peuvent être pris en charge au titre de l’aide sociale à l’enfance sur le territoire national. S’ils sont déclarés majeurs, il est possible de demander l’asile dans notre pays.

Les autorités françaises ont-elles aussi leur part de responsabilité ?

Les personnes évacuées de la "Jungle" de Calais ont été accueillies dans des centres. Certes, ils ont été construits à toute vitesse, mais avec des moyens non négligeables. Le vrai problème est celui du blocage d’une circulation de migration légale entre la France, l’espace Schengen et la Grande-Bretagne. L'autre problème est que sur le territoire européen, de plus en plus de jeunes gens passent d’un pays à l’autre. Ils sont en errance. Pour eux, les législations ne sont pas adaptées et les prises en charge non plus. C’est à cela que nous devons réfléchir de manière urgente. Le bidonville calaisien est certes éradiqué, mais cela n’a jamais signifié pour autant la fin des squats et des routes migratoires vers la Grande-Bretagne. À Grande-Synthe, à 40 kilomètres de Calais, il y a un camp avec un peu plus de 1 000 personnes. Il est urgent de se mettre autour d'une table. Il faut que l'État, les départements et les acteurs de la protection de l'enfance se réunissent et trouvent un compromis acceptable pour protéger ces jeunes gens. Leur place n'est pas sur la route migratoire, mais autour d'une table pour étudier, pour apprendre un métier et être protégés.

"Les Britanniques n’ont pas fait leur part du travail", Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile

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