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Sécurité des candidats à la présidentielle : en France, "on n'a pas cette culture de l'attentat qu'ont les Américains"

Deux hommes soupçonnés d'avoir voulu commettre un attentat pendant la présidentielle ont été arrêtés mardi à Marseille. Jean-Pierre Diot, spécialiste de la protection rapprochée, explique comment ce type de menace est géré par les services de sécurité français.

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Marine Le Pen entourée de ses agents de sécurité, lors de l'élection présidentielle de 2012. (Photo archives) (JOEL SAGET / AFP)

Deux hommes soupçonnés de vouloir perpétrer un attentat pendant la campagne présidentielle ont été arrêtés mardi à Marseille. Plusieurs candidats auraient fait partie des cibles, mettant en lumière la difficulté d'assurer la sécurité de personnalités politiques françaises, notamment en période électorale.

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Sur franceinfo mercredi 19 avril, Jean-Pierre Diot, vice-président de la Fédération française de la protection rapprochée et ancien membre du Service de protection des hautes personnalités, a souligné la nécessité de "prévoir l'imprévisible" au milieu des foules. Il a regretté qu'en France, il n'y ait pas la même "culture de l'attentat" qu'aux États-Unis. 

franceinfo : Les menaces qui planent sur les candidats accroissent-elles les difficultés pour les forces de sécurité ?

Jean-Pierre Diot : Cela fait partie des difficultés que les officiers de sécurité doivent aborder. Et c'est avec beaucoup d'attention et de surveillance qu'ils sont obligés d'aborder les foules, leur bête noire. Les effectifs de sécurité sont nombreux. La foule oblige à avoir des sorties particulières, des effectifs particuliers à tous les endroits et de prévoir l'imprévisible. Cela augmente la difficulté des officiers de sécurité.

Il y a des différences entre protéger une personnalité au sein d'un QG et au milieu d'une foule ?

L'exercice doit être répété en permanence dans les formations. La bête noire de l'officier de sécurité est le temps de réaction entre le moment où il se passe quelque chose et l'intervention. La difficulté est de réduire ce laps de temps au minimum, de façon à pouvoir avoir la faculté d'analyser et d'agir en conséquence. La difficulté est de ne pas faire un barrage total. Il est plus facile de protéger un homme d'État étranger très menacé car on occupe une place prépondérante autour de la personnalité. Dans un meeting, on est dans une relation avec quelqu'un. L'entourage demande même d'avoir un peu de liberté, ce qui augmente le temps de réaction.

Le gilet pare-balles pour les candidats est-il une solution ?

Le gilet pare-balles est à la fois un atout et un inconvénient. On peut dissimuler les gilets pare-balles modernes. Mais il faut peut-être éviter de le dire. Cela sous-entend qu'on est vulnérable et qu'on n'est pas en position de force pour présenter un programme. On n'a pas cette culture de l'attentat qu'ont les Américains où le service de sécurité décide de toute la démarche sécuritaire pour la personnalité. En France, on n'a pas la main. Les conseillers, dans un souci de bien-être, d'aisance, demandent aux officiers de prendre un peu d'écart. Il faut s'arranger pour ne pas être trop loin tout en n'étant pas vu. Et cela pose des problèmes pour faire son travail dans les meilleures conditions. En France, les éléments de sécurité ne sont pas un atout. On se met dans une position défavorable parce qu'on n'a pas cette culture. Mais, de plus en plus, il va falloir faire appel aux officiers de sécurité et former des agents de protection rapprochée privés.

Sécurité des candidats à la présidentielle : en France, "on n'a pas cette culture de l'attentat qu'ont les Américains", regrette Jean-Pierre Diot, de la Fédération française de la protection rapprochée

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