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Présidentielle : ce qu'il faut retenir du "Grand Débat" à onze, candidat par candidat

Article rédigé par Ilan Caro, Robin Prudent, Kocila Makdeche
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 11 min
Les candidats à l'élection présidentielle, à l'exception de Philippe Poutou, posent avant "Le Grand Débat", mardi 4 avril sur le plateau de BFMTV et CNews. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Stratégie, punchline, moment fort... Franceinfo résume la soirée des onze prétendants à l'Elysée lors du "Grand Débat" qui a eu lieu mardi sur BFMTV et CNews.

Cette fois, ils étaient au complet. Deux semaines après le premier débat entre les cinq principaux prétendants à l'Elysée, les onze candidats à l'élection présidentielle se sont affrontés, mardi 4 avril, sur BFMTV et CNews.

>> VIDEOS. Présidentielle : les sept séquences à retenir du "Grand Débat"

Benoît Hamon, Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon, François Asselineau, Jacques Cheminade, Nathalie Arthaud, Philippe Poutou, Nicolas Dupont-Aignan, Jean Lassalle et Jean-Luc Mélenchon ont livré un marathon de près de quatre heures, durant lesquelles les attaques ont fusé. Franceinfo vous résume, candidat par candidat, ce qu'il faut retenir de cet exercice inédit dans l'histoire de l'élection présidentielle.

Le débat de Marine Le Pen
Le débat d'Emmanuel Macron
Le débat de François Fillon
Le débat de Jean-Luc Mélenchon
Le débat de Benoît Hamon
Le débat de Nicolas Dupont-Aignan
Le débat de Jean Lassalle
Le débat de Nathalie Arthaud
Le débat de Philippe Poutou
Le débat de François Asselineau
Le débat de Jacques Cheminade

Le débat de Marine Le Pen

Sa stratégie. Vivement attaquée par Philippe Poutou et Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen a tenté de se défendre, sans éclat. Si elle est restée plutôt discrète, elle a tout de même profité du débat pour critiquer Emmanuel Macron, l'autre favori des sondages. "Monsieur Macron, on ne se présente pas comme la nouveauté quand on ressort des vieilles badernes qui ont au moins cinquante ans", a-t-elle raillé.

Sa réplique choc.

La France est une université des jihadistes.

Marine Le Pen

Son moment fort. Alors que le débat portait sur la sécurité des Français, la candidate frontiste a dénoncé avec virulence les coupes au sein de la police et de l'armée adoptées lorsque François Fillon était chef du gouvernement de 2007 à 2012. "Le moins qu'on puisse dire, c'est que vous n'êtes pas un visionnaire, parce que chacun était capable de savoir, à l'époque, que le danger terroriste était majeur." Touché, l'ancien Premier ministre n'a pas voulu répondre.

Le débat d'Emmanuel Macron

Sa stratégie. Peaufiner sa stature présidentielle. Tout au long du débat, Emmanuel Macron a tenté de se montrer mesuré et rassurant, histoire de prouver sa capacité à diriger le pays. Sur un ton parfois professoral, il s'est efforcé de faire de la pédagogie, notamment sur le thème de la simplification du droit du travail ou de sa vision de l'Europe. Et surtout, de répondre aux nombreuses attaques dont il a été la cible.

Sa réplique choc.

Madame Le Pen, vous ressortez les mensonges qu'on entend depuis quarante ans et qu'on entendait dans la bouche de votre père.

Emmanuel Macron à Marine Le Pen

Son moment fort. Interrogé sur sa vision des services publics, Emmanuel Macron a critiqué deux postures : le "on rase gratis", d'un côté, et la "purge" proposée par François Fillon, de l'autre. "Il faut faire des choix, définir des priorités", a-t-il expliqué, avant de détailler les secteurs dans lesquels il comptait embaucher (école, sécurité, etc.) et ceux dans lesquels il comptait au contraire faire des économies (collectivités territoriales).

Le débat de François Fillon

Sa stratégie. Comme lors du premier débat sur TF1, François Fillon s'est fait très discret pendant ce "Grand Débat". Le candidat de la droite a soigneusement évité tous les échanges tendus entre les candidats. Il a préféré rappeler son programme et répété son ambition de "vaincre le totalitarisme islamique"... qui n’est rien d’autre que le titre de son livre paru en septembre 2016.

Sa réplique choc. 

On a voulu m'éliminer de cette compétition politique.

François Fillon

Son moment fort. Après le fameux "Moi, président" de François Hollande en 2012, François Fillon a trouvé son anaphore : "Un président exemplaire, c'est un président..." Une façon de contrer les attaques sur sa mise en examen dans le cadre des affaires d'emplois fictifs présumés. Avec plusieurs piques lancées contre François Hollande : "Un président exemplaire, c'est un président qui ne confie pas à des journalistes des secrets défense."

Le débat de Jean-Luc Mélenchon

Sa stratégie. Feu sur François Fillon. Dès sa première intervention, en à peine plus d'une minute, Jean-Luc Mélenchon a trouvé le moyen d'attaquer à trois reprises le candidat des Républicains, qu'il talonne depuis quelques jours dans les sondages. En revanche, il a choisi de ne pas attaquer frontalement l'ex-Premier ministre sur le terrain des affaires. Une tâche dont Philippe Poutou s'est chargé avec éclat.

Sa réplique choc.

Fichez-nous la paix avec la religion ! Nous ne sommes pas obligés de subir vos foucades, vos trouvailles, votre manière de nous imposer votre manière de vivre qui n'est pas la nôtre.

Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen

Son moment fort. Jean-Luc Mélenchon a remporté une petite victoire contre Marine Le Pen à propos de la directive européenne sur les travailleurs détachés. Les deux candidats y sont opposés, mais le leader de la France insoumise a fait remarquer à la présidente du Front national s'était abstenue au Parlement européen sur ce texte. "Je lui ai dit qu'elle s'était abstenue, elle en convient", a-t-il noté, fier de son effet.

Le débat de Benoît Hamon

Sa stratégie. Le programme, le projet et rien d’autre. Benoît Hamon a décidé d'être pédagogue. Il a expliqué ses mesures et évité les invectives. Le candidat a notamment détaillé son projet de nouveau traité européen ainsi que le revenu universel qui doit être touché par "19 millions de Français".

Sa réplique choc. 

Daech, ça vous arrange Madame Le Pen. Ça vous fait prospérer.

Benoît Hamon

Son moment fort. "Les services publics sont à l'os." Benoît Hamon a directement pris à partie François Fillon sur son programme de suppression de postes de fonctionnaires pour marquer sa différence. "Combien d'infirmières en moins ? Combien de policiers en moins ? Combien d'aides soignantes en moins ? Ça, c'est le programme de Monsieur Fillon", a-t-il lancé.

Le débat de Nicolas Dupont-Aignan

Sa stratégie. Le candidat souverainiste n'a cessé de renvoyer dos-à-dos François Fillon et Emmanuel Macron, qu'il tient pour comptable du bilan de François Hollande. Avec son pin's en forme de drapeau tricolore sur le revers de sa veste, il a plaidé pour "un patriotisme humaniste".

Sa réplique choc.

Comment croire le Premier ministre qui a bafoué le vote des français lors du référendum en 2005, qui a fait voter le traité de Lisbonne par le Parlement ? (...) Cela a été le viol du peuple, c'était une forfaiture.

Nicolas Dupont-Aignan à François Fillon

Son moment fort. Nicolas Dupont-Aignan a insisté sur la moralisation de la vie publique. "Un candidat à une élection doit avoir un casier vierge", a-t-il déclaré, avant de s'aventurer sur un terrain plus original : celui du pantouflage. Il a ainsi cité le cas de l'ancien patron de l'Agence des participations de l'Etat, David Azéma, "parti chez Bank of America après avoir fait le bradage d'Alstom". Puis celui du directeur du Trésor, "qui part dans un fonds d'investissement chinois". "La lutte contre la corruption doit se faire à tous les niveaux et on doit balayer devant toutes les portes", a-t-il conclu.

Le débat de Jean Lassalle

Sa stratégie. Jean Lassalle a voulu marquer sa différence. Le candidat s’est présenté comme "fils de berger, frère de berger, et moi même berger" avec son accent du Sud-Ouest, dès le début du débat. Une différence qu’il a su cultiver tout au long de la soirée, en entamant ses déclarations par un solennel "mes chers compatriotes". Le candidat a réussi à marquer son style, mais a pris le risque de s’éloigner des mesures concrètes.

Sa réplique choc. 

Président exemplaire, je n'aurai pas de mal à le faire, ça fait quarante ans qu'il n'y en a pas eu.

Jean Lassalle

Son moment fort. Jean Lassalle a défendu les petites communes et la ruralité. Il a notamment évoqué "ces petits bouts de France que nous avons abandonnés" dans une diatribe enflammée. Une manière de mettre à profit sa marche à pied dans les provinces françaises.

Le débat de Nathalie Arthaud

Sa stratégie. "Travailleuses, travailleurs." Nathalie Arthaud a donné de la voix. Une voix pour défendre les intérêts des salariés. La candidate de Lutte ouvrière n’a cessé de ramener les différents sujets sur lesquels elle était interrogée à la problématique anticapitaliste.

Sa réplique choc. 

Quand on est mal payé, que ce soit en francs ou en euros, on reste mal payé.

Nathalie Arthaud

Son moment fort. Nathalie Arthaud s’en est pris à Marine Le Pen avec virulence. "Vous prônez la tolérance zéro, mais vous ne vous rendez pas à la convocation des juges", a-t-elle lancé à la candidate du Front national au sujet de l’affaire des emplois présumés fictifs du Parlement européen. Une déclaration en soutien de Philippe Poutou qui affirmait un peu plus tôt que les ouvriers n’avaient pas "d’immunité ouvrière", contrairement à l'immunité parlementaire de Marine Le Pen.

Le débat de Philippe Poutou

Sa stratégie. Particulièrement en verve, Philippe Poutou a décidé de ne pas ménager ses adversaires. Il a refusé de participer à la photo de groupe au début du débat, a rappelé qu’il avait "un vrai métier", contrairement aux autres. Puis, il a concentré sa charge sur Marine Le Pen et François Fillon, tout deux visées par des enquêtes judiciaires. Une stratégie visiblement payante pour le candidat anticapitaliste : il est le seul à avoir suscité les applaudissements du public.

Sa réplique choc.

A part Nathalie Arthaud, autour de ces pupitres, je crois que je suis le seul à avoir un métier normal.

Philippe Poutou

Son moment fort. C’est peut-être LA séquence à retenir de l’émission. En plein débat sur l’exemplarité en politique, Philippe Poutou s’en est d’abord pris à François Fillon. "Plus on fouille, plus ou sent la corruption", a-t-il taclé, avant de se tourner vers Marine Le Pen, en rappelant qu’elle a refusé de se rendre à des convocations judiciaires : "Nous, quand on est convoqué par la police, on n'a pas d'immunité ouvrière."

Le débat de François Asselineau

Sa stratégie. François Asselineau a décidé de jouer au professeur lors de ce débat. Avec une très grande précision, le candidat de l’UPR a cité de nombreuses fois la Constitution, les traités européens et même la date du "premier établissement public hospitalier français" en 1260. Nul doute qu’il voulait montrer qu’il maîtrisait ses sujets.

Sa réplique choc.

Vous êtes toujours d’accord avec tout le monde.

François Asselineau à Emmanuel Macron

Son moment fort. En quelques phrases, François Asselineau s’en est pris à tous les favoris des sondages, en les critiquant sur les emprunts qu’ils ont contractés à la banque. Le candidat souverainiste a chiffré chacune des dettes des partis politiques avant de rappeler que, lui, n’avait contracté aucun crédit.

Le débat de Jacques Cheminade

Sa stratégie. Dénoncer encore et toujours l’influence des marchés financiers. Tout au long du débat, Jacques Cheminade a reproché aux candidats de ne pas combattre avec assez de virulences les dérives de la finance. C’est, selon lui, le "dénominateur commun" entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, les deux favoris des sondages.

Sa réplique choc. 

Je suis un homme en colère, je me bats contre tous ces héritiers du système qui n'ont pas voulu prendre le taureau du système financier par les cornes !

Jacques Cheminade

Son moment fort.  Jacques Cheminade a affirmé qu’il avait prévu, dès 1995, qu’une grave crise financière allait avoir lieu. Avec l'"autorité" d’un oracle, il a prédit l’arrivée prochaine d’un "tsunami financier". "C’est vrai", ont approuvé plusieurs candidats.

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