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Le plafond de verre "existe toujours parce que la peur du Front national existe plus que jamais"

Arrivée seconde du premier tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen se voit confrontée à un plafond de verre pour le deuxième tour, selon Florent Gougou, enseignant chercheur à Sciences Po Grenoble. "La peur du Front national existe plus que jamais", analyse-t-il.

Article rédigé par franceinfo
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Marine Le Pen, le 18 septembre 2016. (FRANCK PENNANT / AFP)

Lundi 24 avril, sur France 2, Marine Le Pen a indiqué qu'elle n'était plus la présidente du Front national pour être "au-dessus des considérations partisanes" alors que son parti accède au second tour de la présidentielle, 15 ans après le 21 avril 2002.

Florent Gougou, enseignant chercheur à Sciences Po Grenoble, politologue et auteur de la tribune "Au FN, le 23 avril 2017 n’est pas le 21 avril 2002", publiée dans Le Monde, relativise mardi sur franceinfo la portée des résultats du parti d'extrême droite parce qu'il "n'enregistre pas la poussée qu'il aurait pu espérer sur la foi des résultats des élections intermédiaires de 2014 et 2015" où il avait atteint "quasiment 28% au premier tour des élections régionales"

franceinfo : Pour vous, cette qualification de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, ce n'est qu'une demi-victoire voire un échec pourquoi ?

Florent Gougou : Parce que le résultat du FN est certes un résultat historique, car il n'avait jamais obtenu un aussi bon résultat en suffrages exprimés, mais il n'enregistre pas la poussée qu'il aurait pu espérer sur la foi des résultats des élections intermédiaires de 2014 et 2015.

Il y a un progrès qui est significatif par rapport à 2012.

Florent Gougou

à franceinfo

Cependant on a enregistré aux élections intermédiaires de 2014 et 2015 des niveaux électoraux jusqu'à quasiment 28% au premier tour des élections régionales alors que jusque-là, la présidentielle était l'élection qui était la plus favorable au FN depuis sa percée nationale aux élections européennes de 1984. On aurait pu penser qu'il ferait des scores proches de ce qu'il a fait aux élections intermédiaires lors de cette présidentielle.

Pour vous, y-a-t-il toujours ce plafond de verre au-dessus du Front national ?

Il existe toujours parce que la peur du Front national existe plus que jamais. On peut même penser qu'elle s'est accentuée avec l'idée que le Front national, plus il est fort, plus il fait peur. Et on le voit bien dans le baromètre Kantar-Sofres, qui est publié chaque année, sur la mesure que constitue la menace du FN pour la démocratie, que cette mesure est de nouveau en hausse depuis 2013 depuis la poussée du FN aux élections intermédiaires.

Pensez-vous que l'unité du parti pourrait voler en éclat après le 7 mai en cas de défaite de Marine Le Pen ?

On peut s'interroger sur la ligne suivie pendant cette campagne électorale autour de la ligne Philippot, de ne pas mettre en avant les questions identitaires, conservatrices. La question de l'immigration avait été le cœur de la campagne du FN jusque dans les derniers jours, et cela peut avoir eu des effets sur la dynamique électorale du parti et on le voit dans les résultats électoraux où on a l'accentuation d'une dynamique qui est là depuis 2007 avec le poids de plus en plus important du second électorat du FN l'électorat le plus populaire, autour des questions socio-économiques. Il a eu de bien meilleurs résultats dans des départements comme la Meuse, la Somme alors que le premier électorat, notamment la Ligne Marion Maréchal-Le Pen, conservatrice et identitaire celui du pourtour méditerranéen du Haut-Rhin a enregistré une progression beaucoup moins importante de Marine Le Pen.

Florent Gougou : "Le Front national, plus il est fort, plus il fait peur."

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